Brice Telki, 22 ans, originaire de la ville de Rive-de-Gier est un militant actif depuis 2015. Gilet jaune affirmé, il co-préside actuellement l’association SOS Solidarité 42. A l’heure où la colère des français se fait entendre dans l’opinion publique, #DroitCitoyen est allé à sa rencontre.
« Notre but est le même,quelle que soit l’appartenance politique »
D’où vous êtes venu cet engagement social ?
Quand on voit le nombre de personnes qui sont en situation de pauvreté ou précarité, qui vivent dans des logements insalubres, je pense qu’à un moment il faut penser à cette partie de la population qui se sent délaissée par cette élite politique. J’ai donc commencé à agir pour ces personnes à partir de 2015, puis j’ai fondé mon association en 2017,
SOS Solidarité 42.
Les municipales sont en approche, avez-vous l’ambition de vous présenter au sein de votre commune (Rive-de-Gier) ?
J’aimerai bien, mais ça reste difficile au niveau de la procédure, puis les gens ne s’intéressent pas forcément aux municipales, mis à part les proches des élus actuels. Si j’arrive à obtenir les signatures nécessaires, je songerai à me présenter même si je sais que mes chances ne sont pas brillantes…
Vous indiquez être en faveur de l’accueil des migrants en France. En 2018, parmi les 612SDF décédés recensés, 59% ne sont pas de nationalité française. Est-il raisonnable de continuer à accueillir les migrants au vue des conditions de vie ?
Si ces personnes sont à la rue, c’est que l’Etat ne fait manifestement rien pour les accueillir dignement. Si on prend l’exemple du maire de Rive-de-Gier, M. Jean-Claude CHARVIN, il se positionne contre le regroupement familial, il n’y a donc pas cette volonté d’accueillir. Si les migrants vivent dans ces conditions en France et se battent pour rester sur le territoire dans ces conditions, je me demande ce qu’ils subissent dans leur pays d’origine. C’est normal d’accueillir,on n’a aucunement le droit de laisser « crever » des êtres humains. Il y a aujourd’hui une stigmatisation qui est faite contre le réfugié et le migrant… Si demain le Royaume-Uni connaît une »grave catastrophe », ça m’étonnerait que la France refusent leur accueil.
Comment expliquer qu’avec toutes les associations d’aide aux sans-abris : le Secours Catholique, les Restos du Coeur, la Croix Rouge… le nombre de SDF ne fait qu’augmenter ?A titre d’exemple, depuis 2001, en France, il y a eu une hausse de 50%
Le problème c’est que, dans une démarche de lutte contre les abus, les associations ont durci leur mode d’attribution. La personne qui va se rendre dans une caisse alimentaire doit avoir un logement, une quittance de loyer afin de certifier qu’ils vivent quelque part. Si la personne n’a rien de cela, il doit être mandaté. Si la pauvreté augmente c’est qu’encore une fois, les moyens mis en place ne sont pas suffisants. Le 115 est complétement débordé, on se croirait sur un centre d’appel Free. Si on regarde la ville de Saint-Etienne, 13eplus grande ville de France, il doit avoir à peine 200places de logements pour les sans-abris…
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Concernant la réforme sur le chômage, les Gilets Jaunes se sont montrés contestataires, celle-ci creuserait davantage les inégalités sociales. Pourquoi ?
Dorénavant, on doit cotiser 6 mois au lieu de 3. Pour une personne qui enchaîne boulots précaires eti ntérim, 6 mois c’est difficile à atteindre ! Par ailleurs, quand on arrive à 6 mois de cotisations, le montant d’allocation est trop faible pour subvenir aux besoins quotidiens. Pour moi, une personne doit percevoir une pension minimum de 1000 € par mois.
Rencontrez-vous des convergences politiques au sein du mouvement des GJ ?
Oui,il y en a mais notre objectif final c’est de défendre les intérêts des plus précaires en France, après les opinions politiques des uns et des autres ne nous concernent pas. La classe ouvrière est assez mis en valeur dans le programme de M. LE PEN, l’extrême droite défend assez bien nos revendications. Personnellement, et avec de nombreux Gilets Jaunes, mes valeurs au niveau de la politique internationale, environnementales, ou encore du droit des femmes sont très différentes avec celles du Rassemblement National. Mais nous n’exclurons jamais quelqu’un du fait de son appartenance politique, à condition que le respect soit au rendez-vous.
Un an plus tard, les revendications des GJ ont-elles évoluées ?
Non c’est toujours les mêmes, forcément la réforme des retraites s’est ajoutée au combat. Le mouvement a commencé par la contestation de la taxe carbone, aujourd’hui on se bat contre toute forme d’inégalité, la pauvreté et tous les emplois précaires.
Vous ne citez pas le Référendum d’Initiative Citoyenne ? (RIC)
Non, à titre personnel je ne suis pas forcément pour. Je suis d’accord avec l’idée que les lois soient votées démocratiquement mais au niveau local et non national, ce serait bien trop compliqué.
Quel bilan faites vous de ce mouvement ?
Un bilan assez positif, malgré ce qu’il reflète dans les médias. Au début on avait énormément demande, prêts à nous suivre. Mais avec toute cette violence, qu’elle provienne des casseurs ou policiers, le mouvement a été détruit et sali. Au niveau de la justice, on a affaire à des juges complétement déconnectés, les peines prononcées sont démesurées. L’impartialité des juges aujourd’hui n’a aucune valeur. A part ça, ça reste un mouvement populaire qui se bat pour le peuple,notamment avec la réforme des retraites qui arrive très vite.
D’après vous, quelle personnalité politique devrait-il avoir à la tête du gouvernement pour que les revendications des GJ soient entendues ?
Personnellement aux présidentielles de 2017, j’ai soutenu Philippe POUTOU parce qu’il a vraiment tout compris à la situation des classes ouvrières et modestes, même si en tant qu’élu il ne serait pas crédible. Je pense que Jean-luc Mélanchon ferait un bon représentant de la République, c’est un excellent orateur, il a une très bonne répartie.
Dans sa lutte contre les inégalités sociales, Brice Telki connaît une certaine pression de la part des autorités judiciaires, comme de nombreux militants Gilets Jaunes. Leurs engagements sont désormais surveillés de près par les forces publiques.Les violences policières sont également au rendez-vous, celles-ci étant de plus en plus banalisées par les autorités.