

L’intersyndicale s’est réunie à nouveau le 20 février dans les rues de Paris pour manifester contre la réforme des retraites proposée par le gouvernement. La 10eme journée nationale de manifestation s’est déroulée dans le calme depuis boulevard Montparnasse jusqu’à Porte d’Italie.
Il était une fois, en France, une mobilisation d’une ampleur inédite contre un projet de loi massivement rejeté. C’est en effet après des semaines de manifestations et de protestations, que les syndicats se sont réunis dans toute la France, notamment à Paris, pour exprimer à nouveau leur mécontentement.
Il est 14h devant la gare Montparnasse, quand les premiers cortèges se mettent « en marche ». Le syndicat Force Ouvrière mènent cette danse qui s’achèvera aux environs de 17h à Place d’Italie. Derrière eux, les cortèges de la CGT, du FSU et Solidaires, ainsi que quelques mouvements étudiants, les avocats et les musiciens, ainsi que quelques gilets jaunes rescapés. S’ils sont moins nombreux qu’aux premiers jours de la mobilisation, la colère ne diminue pas. Les mêmes slogans sont scandés, joyeusement et avec moult entrain, une triste comédie se joue devant nos yeux, lorsque l’on connait les effets mortifères de la future réforme.
Les égoutiers sont venus nombreux et motivés
Malgré les voix qui s’élèvent avec force, le gouvernement semble ignorer totalement les syndicats et les français. Quelques jours avant, la CGT avait claqué la porte des négociations avec le gouvernement, accusant un refus de la part de la majorité de faire quelque concession que ce soit. Un dialogue de sourd que les manifestants ont bien intégré, mais qui ne se semble pas les décourager. Le moral est au beau fixe, entre deux stands communistes et/ou de barbecues, les manifestations en France sont devenues un point de rendez-vous incontournable et festif.
Sur place, peu de force d’opposition gouvernementale. Mis à part les traditionnels partis communistes et anarchistes en tout genre, seule la France Insoumise était présente, bien qu’un peu boudée par les marcheurs présents. Le gouvernement était lui aussi présent, ou en tout cas ses plus fidèles représentants. Présent depuis le début des négociations, les CRS ainsi que la gendarmerie ont assuré la sécurité des cortèges d’un bout à l’autre de la manifestation. A tel point, qu’il était compliqué d’en sortir, toutes les avenues bordant le trajet, étant bloquées.
Malgré tout, il n’y a pas eu d’incidents ou de heurts à déplorer ce 20 février. Encore une fois, l’absent remarquable de cette journée, était la CFDT. Inutile de s’étendre sur le sujet, leur absence étant prévue de longue date et actée par tous. Des nouveaux venus ont cette fois fait une entrée remarquable. Il s’agit des égoutiers de Paris, venus nombreux et motivés contre la destruction pure et simple de leurs maigres avantages.


Les avocats, représentés par leur principal syndicat, le SAF (syndicat des avocats de France ndlr), ont sorties leurs plus belles robes noires et se sont mêlés à la marche, faisant ressortir la convergence de tout les métiers touchés par la réforme. Me Saada, avocate, membre du conseil d’administration du CNB (organisme gérant la caisse des retraites des avocats), était en première ligne, déterminée face au mépris du gouvernement et de la ministre de la Justice Nicole Belloubet : « on est là, et on reviendra autant de fois que nécessaire tant que cette réforme ne sera pas purement et simplement abandonnée ».


La mobilisation générale tire en longueur. Les deux « camps », pour citer le préfet Lallement, continuent de s’affronter toutes les semaines dans une indifférence gouvernementale presque indécente. Face aux blocages successifs de l’opposition, le 49.3 commence à être envisagé pour mettre fin à toute voix dissidente. Un affront qui révèlera ses conséquences directes aux élections municipales, ainsi que sur les ronds-points, où les gilets jaunes ont prévu de s’installer dès la semaine prochaine.
Quentin Baron et Théo Valencia pour Droit Citoyen

