Les 20 et 21 février derniers se tenait le vingt et unième Congrès des Internes de Médecine Générale à Saint-Étienne. Cette réunion annuelle organisée par l’InterSyndicale Nationale Autonome Représentative des Internes de Médecine Générale (ISNAR-IMG) proposait aux internes de médecine plusieurs ateliers de formation, conférences et débats.
Elle fut aussi l’occasion pour Marianne Cinot, présidente de l’ISNAR-IMG de s’adresser aux internes présents, mais surtout à monsieur Olivier Véran, nouveau ministre des solidarités et de la santé qui était présent au Centre de Congrès de Saint-Étienne après le départ d’Agnès Buzyn, partie briguer la mairie de Paris pour le parti présidentiel.
Lors de son allocution, Marianne Cinot a rappelé la situation critique à laquelle le milieu de la santé fait face. Faisant référence aux conditions de travail des internes et aux problèmes auxquels la médecine générale est confrontée, elle fait un état des lieux alarmant.
« Il est temps de passer de la parole aux actes ».
Marianne Cinot coupe, présidente l’ISNAR-IMG
Après un accueil chaleureux dans lequel le ministre actuel et sa prédécesseur sont tous deux salués, l’un pour sa présence appréciée l’autre pour son action passée reconnue, Marianne Cinot coupe court aux mondanités car « Il est temps de passer de la parole aux actes ».
Au sujet des internes en médecine, elle soulève de nombreux problèmes. Leur temps de travail tout d’abord, Marianne Cinot cite des chiffres : le temps de travail hebdomadaire de la moitié des internes dépasserait la limite légale de 48h par semaine et 4% d’entre eux travaillent même plus de 80 heures par semaine. Le temps de repos de sécurité obligatoire après une garde n’est souvent pas respecté en plus de cela, ce qu’Olivier Véran rappelle également dans son allocution.
Ce rythme de travail les empêcherait ainsi de suivre leurs demi-journées de formation pourtant rendues obligatoires par le décret du 26 février 2015, un interne stagiaire doit disposer de 8 demi-journées de formation par semaine. Ces journées de formation étant importantes à la professionnalisation des internes, Marianne Cinot exhorte le ministre de prendre ce problème à cœur en appelant à des sanctions financières contre les établissements se rendant coupables d’abus sur le temps de travail des internes. Le ministre, lors de son discours a exprimé son accord à l’idée de sanctionner financièrement les hôpitaux ne respectant pas le temps de travail maximum des internes en médecine.
Elle adresse également le sujet de la rémunération des internes dont l’évolution ces dernières années ne suit pas celle du coût de la vie. Agnès Buzyn, alors ministre, avait promis une augmentation de l’indemnité hébergement visant à permettre aux internes de s’installer près de leurs lieux de travail et de les encourager à choisir des territoires différents pour leurs stages ambulatoires. Malgré cela elle rappelle que le problème de désert médical est toujours présent, que bien des régions manquent de médecins généralistes et que la formation à l’université manque de moyens, humains comme financiers. Elle déplore un manque pur et simple de médecins généralistes sur le territoire à cause de ces problèmes qui commencent dès l’éducation supérieure.
La présidente de l’ISNAR-IMG fait part des attentes élevées de celles et ceux qu’elle représente, les « soignants de demain », dans ce discours résolument adressé au nouveau ministre. Fraîchement nommé, Olivier Véran hérite des nombreux dossiers laissés par Agnès Buzyn et il est clairement attendu au tournant sur le sujet des conditions de travail et sur la formation des internes. Dans son propre discours à ce même Congrès, présent sur notre site et filmé par Vincent Bach, il répond à Marianne Cinot et se dit conscient des problèmes et prêt à travailler de conserve avec les acteur concernés.
Le diagnostic est prononcé, les solutions sont promises et leur application est fermement attendue.
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