A deux semaines du premier tour des municipales, l’exécutif pourrait lâcher du lest sur la réforme des retraites, trop occupé à gérer deux autres dossiers plus préoccupants : l’épidémie de coronavirus et le risque de déstabilisation de l’économie.
Le coronavirus chinois permettra-t-il à l’exécutif de sortir de la crise des retraites sans perdre la face ? Le spectre d’une épidémie aux conséquences majeures pour la santé publique et la menace qui pèse sur la stabilité des économies occidentales, font passer au second plan le projet de réforme des retraites qui s’enlise à l’Assemblée depuis le 17 février 2020. Les trois sujets qui dominent l’actualité (retraites, épidémie, économie) se télescopent au point d’imposer aux décideurs politiques une hiérarchie des priorités.
« Cas de force majeure »
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) vient de relever le niveau de la menace du Covid-19 à « très élevé » en demandant à tous les pays, même ceux qui sont épargnés pour l’instant, de se préparer à affronter la maladie.
En France, la menace est maximale avec 57 cas confirmés et deux décès (à la date du 29 février 2020). Emmanuel Macron a pris la mesure du risque. Il préside ce samedi 29 février un Conseil de Défense suivi d’un conseil des ministres exceptionnels pour faire le point sur l’épidémie.
Car le virus circule sur le territoire français et les foyers d’infection qui se multiplient. Le ministre de la Santé Olivier Véran a rappelé l’importance des « mesures-barrière » pour éviter la propagation du virus. Et Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, annonce que le coronavirus sera considéré comme « cas de force majeure » pour les entreprises qui pourront, le cas échéant, avoir « recours à l’activité partielle » et pourront bénéficier si besoin, d’un « étalement des charges sociales et fiscales ».
De son côté Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, indique que 2.000 élèves rentrant d’une zone touchée par le virus chinois étaient confinés chez eux. Enfin, le corps médical est certes mobilisé pour affronter l’épidémie, mais ne cache pas son inquiétude de devoir accueillir dans l’urgence des patients contaminés dans un contexte de crise de l’hôpital public.
Municipales en toile de fond
La propagation du Covid-19 en Chine et hors de Chine a pour effet de déstabiliser de nombreux secteurs de l’économie mondiale. En cause : la globalisation des marchés. On ne compte plus les usines à l’arrêt, les avions cloués au sol, les hôtels désertés, les musées et les salles de spectacles fermés. Le prix du pétrole s’effondre, les places financières dévissent. En une semaine le CAC 40 a chuté de 12,9% à Paris. Bref, une crise économique majeure n’est plus à exclure.
Dans ce contexte anxiogène, le projet de réforme des retraites passe au second plan des préoccupations des élus comme de la population. L’exécutif pourrait en tirer profit. Soit en utilisant le fameux article 49-3 qui permet de faire passer un projet de loi sans débat et sans vote de l’Assemblée. Mais la mesure serait très impopulaire. Soit en lâchant du lest sur le texte en donnant satisfaction aux revendications de la CFDT sur la pénibilité et l’âge pivot. Soit encore, et le président y songe, selon son entourage, en reportant sine die le projet de réforme des retraites dans lequel il est empêtré, pour passer à autre chose.
Emmanuel Macron doit se décider vite. Car dans deux semaines les Français se rendront aux urnes pour le premier tour des municipales. Tous les candidats Marcheurs ou soutenus par le parti présidentiel LREM pourraient alors prendre la plus belle veste électorale de leur vie.
Et atteindre la crédibilité du président de la République.
Source : infodujour.fr
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