Quelques centaines de manifestants se sont rassemblés dès samedi soir devant le Palais-Bourbon pour protester contre la décision du gouvernement d’utiliser l’article 49.3 pour faire passer le projet de loi sur les retraites.
Tout semble normal devant l’Assemblée nationale. On est samedi soir, il est 19h30 et les quelques CRS habituels sont là. Il y a toujours autant de circulation, et autant de touristes qui prennent des selfies sur le pont de la Concorde. Soudain, les CRS abandonnent leur immobilité et commencent à chuchoter dans leurs radios. Sur le pont, les touristes sont rejoints par des inconnus qui s’approchent les uns des autres. On entend chuchoter : «Vous êtes là contre le 49.3 ?», «ils sont où les autres ?», «Chais pas, mais ça devrait arriver.»
Il est 19h45 et, de l’autre côté du pont, une foule d’une centaine de personnes apparaît subitement. Les manifestants viennent de la Madeleine et se dirigent vers l’Assemblée nationale où le Premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé un peu plus tôt dans la soirée le recours à l’article 49.3 pour faire passer la réforme des retraites. La foule chante, agite des drapeaux et marche d’un pas déterminé. Elle est désormais à 150 mètres de l’Assemblée nationale, puis 100, 50 mètres, et elle s’arrête. Des camions de CRS sont arrivés à toute vitesse en renfort et se sont vidés de leurs policiers. Ils ont effectué un sprint d’une rapidité surprenante pour venir arrêter la foule là où les touristes prenaient des photos il y a un quart d’heure à peine.
«Paris, debout !»
Les colonnes de l’Assemblée nationale sont alors éclairées par des dizaines de gyrophares. Les CRS resserrent leurs boucliers alors que des manifestants forment une chaîne humaine. Il y a une demi-heure, tout était normal. Maintenant, un homme en robe d’avocat hurle avec la foule : «Paris, debout, soulève-toi !»
La foule grossit, il y a environ 600 personnes selon un CRS. Les policiers repoussent régulièrement les manifestants. Ils sont venus de partout, beaucoup étaient en train de dîner chez eux quand ils ont vu la nouvelle. Jean-Marc, un ingénieur de 38 ans, était en train de manger un curry de légumes avec sa femme et ses enfants. «Quand j’ai vu que le 49.3 était passé, j’ai dit à ma famille que ce soir, je ne passerai pas la soirée avec eux. C’était impossible de rester assis et d’attendre que d’autres manifestent pour moi.» Certains sont même venus de loin. Benjamin, un agent de propreté de 35 ans, est arrivé de l’Oise avec huit de ses amis. «On était tous en train de dîner chez nous, puis on a vu les infos, on s’est organisé. Bises aux femmes et aux gosses et puis hop, c’était parti.» «Non mais c’est abusé quoi, on se fout de notre gueule là avec ce 49.3 !»
Source : liberation.fr
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