

Une manifestation sauvage s’est déroulée hier à Paris sur le Pont de la Concorde face à l’Assemblée Nationale. Les manifestants, présents en réaction à l’annonce d’Edouard Phillipe d’utiliser le 49.3 sont restés plusieurs heures dans le froid.
L’annonce est tombée. Edouard Philippe, de sortie du conseil des ministres, s’est rendu à l’Assemblée Nationale pour annoncer aux députés présents sa volonté d’utiliser le tristement célèbre article 49 alinéa 3, qui permettra au gouvernement de faire passer son projet de loi de réforme des retraites sans passer par le vote du parlement.
Immédiatement sur les réseaux sociaux, c’est l’indignation générale. Attendue, prévisible, téléphonée, l’utilisation du 49.3 reste tout de même un électrochoc pour une France agitée par des mouvements sociaux depuis bientôt 2 ans et depuis plusieurs mois spécifiquement sur le sujet de la réforme des retraites. Une annonce qui ne passe pas et très vite, beaucoup s’organisent. Le NPA, dirigé par Philippe Poutou, appelle à se rassembler devant les préfectures et l’Assemblée Nationale. Un appel relayé par la majorité des syndicats, qui voient dans cette provocation supplémentaire un véritable déni de démocratie.
« Le gouvernement veut passer sa réforme en force »
À Paris, c’est à 18h30 que le rassemblement devant l’Assemblée Nationale débute. Le Pont de la Concorde est fermé et les manifestants venus en catastrophe sont bloqués par les policiers et CRS qui bloquent les alentours. Débute alors les chants habituels, et l’Assemblée Nationale assiste malgré elle à un concert improvisé. Les colonnes grecques résonnent au chant de « Macron même si tu ne veux pas, nous on est là » et « Tout le monde déteste Edouard Phillipe ». Les drapeaux des syndicats FO, FSU et Solidaires flottent dans le vent glacial de cette soirée de février. Les policiers sont venus nombreux, les quais autour du pont de la Concorde sont remplis de fourgons de CRS, le gouvernement et la préfecture s’attendent à des débordements. Malgré cela, aucun heurt et aucune violence à l’ordre du jour, seule la colère et le ras le bol général transparaissent de cette manifestation sauvage.


Parmi cette foule hétéroclite, un groupe se distingue rapidement. Les avocats sont venus nombreux pour exprimer leur courroux contre un gouvernement qui selon eux n’est que « mépris et infamie ». Hana Cherif Hautecoeur, avocate au Barreau de Paris témoigne : « Le gouvernement veut passer sa réforme en force, c’est pourquoi nous, avocats greffiers et magistrats souhaitons : un jour, une action. C’est la fin de la Justice de proximité si la réforme passe, alors nous nous battrons jusqu’au bout. ». Venus en robe noire, les avocats sont déterminés et sont soutenus par tous les manifestants présents, malgré les tentatives du gouvernement et de la majorité de les faire passer pour un mouvement corporatiste. Une syndicaliste de la CGT, venue dès l’annonce d’Edouard Philippe enfonce un peu plus le clou : « Le mot d’ordre est parti en interne. Les mobilisations vont s’intensifier. Maintenant, c’est aux Français de réagir et de sortir dans la rue ».
Une ambiance électrique et épidermique a secoué Paris et les grandes villes françaises. Pour tous ceux présents hier, ce n’est que le début. L’hashtag « Greve Générale » en tendance hier sur Twitter semble donner le ton pour les semaines à venir.
Théo Valencia pour Droit Citoyen