L’homophobie parait en recrudescence et les agressions se multiplient. Quand la violence, devenue ordinaire, se déchaîne, le foyer familial devient, en théorie, refuge.
Cocon face au déversoir de haine. Pourtant, la réalité semble bien éloignée des idéaux de société tolérante. SOS Homophobie révèle dans son dernier rapport l’ampleur de l’homophobie intra-familiale. « Ces faits représentent, comme en 2017, 10 % des cas recueillis par SOS homophobie. Dans 68 % de ces cas, la famille est à l’origine des faits LGBTphobes dénoncés. Si l’on inclut la belle-famille, cette proportion atteint 76 % », explique l’association.
« On a fini par se menacer au couteau »
Depuis 17 ans, Le Refuge recueille, héberge et accompagne ces jeunes adultes rejetés par leur famille. Au-delà des chiffres statistiques se cachent des histoires comme celle de Maxime, 19 ans. « Au lycée, j’ai toujours su faire respecter mon homosexualité et me faire respecter moi », explique-t-il, non sans une certaine fierté. Le léger sourire est vite effacé par le douloureux souvenir de l’annonce familiale. « J’en ai d’abord parlé à mes sœurs qui s’y attendaient, elles m’ont aidé à évoquer le sujet avec ma mère et mon beau-père. » Quelques semaines plus tard, au milieu du repas, Maxime se dévoile, « j’ai dit que j’étais gay », aucune réaction.
« Ma mère a accepté la nouvelle, et puis au fond elle le savait, raconte Maxime le regard plongé dans son thé. Concernant mon beau-père, j’ai tout de suite compris que ce serait plus compliqué. »
Les mots sont faibles. La paralysie liée à l’annonce laisse rapidement place aux coups. « Mon beau-père me frappait pour un rien, des fois parce que j’oubliais de sortir la poubelle. Il me plaquait au sol en me traitant de pédé. On a fini par se menacer au couteau. Ma mère, elle, voyait tout, mais ne disait rien. » Maxime se résigne. Pendant un an, les insultes pleuvent, les regards sont lourds. Un jour de février 2019, vient le déclic.
« C’est catastrophique de mettre son enfant à la rue parce qu’il est homo »
« Je venais de faire mon premier piercing, mon beau-père ne l’a pas accepté. Il m’a dit qu’il allait me pourrir la vie. Puis, il est monté dans ma chambre, m’a attrapé par le cou, a commencé à m’étrangler, mes pieds ne touchaient plus le sol, je me suis senti partir ». Alors, Maxime rassemble ses affaires, appelle ses sœurs et se fait héberger. Le jeune homme ne veut plus se laisser faire. Il compose la ligne d’urgence du Refuge – 06 31 59 69 50, ouverte 24h/24 et 7j/7.
« Le temps passe et de plus en plus de jeunes nous contactent, explique, l’air désemparé, Serge Perrody, délégué de l’association en Occitanie. C’est catastrophique de mettre son enfant à la rue parce qu’il est homosexuel. » A Toulouse, quatre appartements sont dédiés au relogement des jeunes.
L’histoire de Maxime est loin d’être un cas isolé. « Les ados se succèdent, mais la problématique reste la même, explique Perrine, travailleuse sociale et unique salariée de l’association à Toulouse. Quand ils appellent c’est qu’ils n’ont vraiment plus rien, notre existence est encore nécessaire, malheureusement. » Dans la cuisine de l’association, Maxime vient de finir son thé. L’adolescent veut désormais avancer. Cinq mois après son arrivée au Refuge, il reprend confiance, mais garde des séquelles. « Aujourd’hui, j’ai peur des gens. Dans la rue, dans le métro, je fais attention. La seule personne que je ne craindrai plus jamais, c’est mon beau-père ».
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