

La manifestation féministe du 8 mars 2020 s’est déroulée à Paris à l’occasion de la journée des droits des femmes. Une mobilisation importante, renforcée par la controverse de la cérémonie des César quelques jours plus tôt.
Il est 14h30 Place d’Italie à Paris, nous sommes le 8 mars 2020. La place, habituellement remplie d’automobilistes et de passants, accueille aujourd’hui de nouvelles têtes. C’est le lancement de la grande marche de la Journée Internationale des Droits des femmes, organisée entre autre par le collectif Nous Toutes. L’occasion pour chacune des femmes présente de revendiquer haut et fort justice et égalité pour les femmes du monde entier.
Très vite, la place d’Italie se noircit de monde, et les cortèges s’élancent, direction place de la Bastille. Le spectacle est impressionnant, des milliers de femmes, quelques hommes, venus exprimer leur ressentiment envers un système misogyne et patriarcal.
Comme l’année précédente, notre oeil est attiré par les pancartes, véritables pépites d’humour et de créativité, malgré un message de fond bien moins amusant. Elles sont venues nombreuses, les femmes, excédées à force de revendications permanentes, que nul ne les écoute. Ici, tous les aspects de la vie sont pris en compte. Travail, réforme des retraites, charge mentale, droit à l’avortement etc.. les femmes sont remontées contre un système injuste et mortifère. L’ambiance est toute particulière, après l’annonce la victoire controversée de Roman Polanski aux Césars. Un « affront » et un « crachat au visage » pour les femmes présentes ici, qui voient cette décision comme une volonté d’un système patriarcal à bout de souffle de sauver les meubles et les apparences. Mais ici, personne n’est dupe et de nombreux soutiens à Adele Haenel, actrice française étant partie de la cérémonie des Césars en criant « La Honte », sont présents. Elle est un symbole pour toute ces femmes, qui comme elle « se lèvent et se barrent ».


Les femmes du monde ne lâcheront rien
Au milieu des cortèges, des panneaux attirent l’attention. Dessiné dessus, un nom, un âge et un numéro. Il s’agit des femmes victimes de féminicide cette année. Tenant les pancartes, des femmes, fières, en colère, le visage sombre. Compréhensible, lorsque l’on comprend que chacun de ces panneaux représente une vie, une vie interrompue de force. Les message est clair: il ne faut pas oublier ces femmes, décédées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint et forcent une nécessaire remise en question des relations de domination qui font tourner notre société.
La réforme des retraites n’est pas oubliée, les femmes étant les grandes perdantes malgré les promesses du gouvernement qui leur a assuré l’inverse. Parmi les cortèges, un collectif de femmes sud-américaines, venues manifester avec les femmes françaises à Paris, pour dénoncer leurs conditions de vie en Amérique latine. Une convergence des luttes, bien que contrairement aux dernières manifestations féministes, désorganisée.
En avançant au milieu des cortèges, une entité brille par son absence: les policiers. Ouvrant le cortège très loin devant les premiers manifestants, leur présence n’était pas la bienvenue. La vieille, lors d’une manifestation féministe, des violences ont eu lieu menant plusieurs manifestantes en garde à vue. Des violences qui passent mal, quand on sait que les responsables des forces policières françaises assurent à qui veut les entendre que les policiers combattent chaque jour les violences faites aux femmes. Un « dérapage » qui passe très mal et qui ne fait que renforcer la méfiance des français envers une police qui semble bien loin des intérêts des citoyens et citoyennes.
Apres un arrêt à Bastille, les cortèges se sont élancés vers la Place de la République, ou différents cortèges ont entamé des chorégraphies, des happenings ou des chants. La colère se transforme en art, et le chemin sera encore long avant une égalité totale des droits. Un combat mené chaque jour par des millions de femmes en France et dans le monde, et spolier: elles ne lâcheront rien.
Théo Valencia