Ils sont 36 médecins, infirmiers et aide-soignant à siéger à l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, nombre d’entre eux reprennent du service.
Il a ressorti son stéthoscope de sa boîte. Et vite repris ses marques. «Je connais les lieux, la majorité des collègues étaient déjà là avant que je ne pose ma blouse et il y a tout un tas de trucs dans le système informatique de l’hôpital que j’avais moi-même paramétré», énumère Thomas Mesnier. A l’hôpital d’Angoulême où il est revenu travailler, le médecin urgentiste de 34 ans, député LREM de Charente, se sent dans son élément : «Il faut se dérouiller un peu mais les automatismes sont là.» Un deuxième service d’urgence a été monté de toutes pièces pour faire face à «la vague» annoncée cette semaine. «Les équipes sont mobilisées, on attend la guerre», explique-t-il.
Urgentiste de formation elle aussi, Delphine Bagarry, élue des Alpes-de-Haute-Provence qui a quitté le groupe LREM après le recours au 49.3 pour faire passer le projet de réforme des retraites, a également mis ses compétences au service de la lutte contre le coronavirus. Elle a organisé le protocole d’accueil des patients qui seront atteints mais non hospitalisés et a repris, depuis ce lundi, un temps plein en unité Covid-19 à l’hôpital de Manosque. Elle y croise sa collègue Emmanuelle Fontaine-Domeizel, suppléante de Christophe Castaner à l’Assemblée. Cette infirmière libérale et membre de la réserve sanitaire, a passé une semaine à l’hôpital de Besançon avant de rejoindre un établissement plus près de chez elle. «J’utilise mon expérience dans le Grand Est pour former les soignants ici aux bonnes pratiques afin qu’ils soient le mieux protégés possible», raconte-t-elle, épuisée.
Rhumatologue à l’hôpital d’Orléans où elle avait continué à consulter une demi-journée par semaine, Stéphanie Rist, députée En Marche du Loiret, travaille, elle, à la régulation du Samu. Elle prend au téléphone les malades suspectés d’être positifs au Covid-19. Et constate une diminution du nombre d’appels ces derniers jours. Idem pour Julien Borowczyk, député de la Loire lui aussi membre de la majorité. Ce médecin généraliste reçoit dans son cabinet, effectue des visites à domicile et assure des gardes de nuit à la régulation du 15 pour le CHU de Saint-Etienne : «Mi-mars, on est monté à 3000 appels par jour. Ça s’est stabilisé autour de 1600 mais avec des cas plus graves, qui nécessitent souvent des hospitalisations.»
« Il faut arrêter de dire que les masques arrivent alors que ce n’est pas le cas »
S’ils ont retrouvé leur métier, ces soignants n’ont pas pour autant abandonné leur mandat de parlementaire. «Je suis député de 6 heures à 8 heures du matin, médecin de 8h30 à 20h30, puis à nouveau député jusqu’à minuit», explique Thomas Mesnier qui envoie régulièrement ses «retours» par SMS à son ami Olivier Véran, ministre de la santé. Tous sont très sollicités. Julien Borowczyk a dû trouver une solution pour faire revenir en France trois humanitaires bloqués au Cameroun et travaille avec le président de la chambre d’agriculture locale sur les protocoles qui permettront aux marchés de se maintenir. «Il faut écouler la marchandise, insiste-t-il. On va peut-être fermer des fromageries car les canaux de vente sont en train de fermer. Mais que vont devenir les agriculteurs dont les vaches sont en pleine lactation?»
La plupart des élus-soignants étant membres de la commission des affaires sociales à l’Assemblée, ils se retrouvent sur la boucle Telegram de cette dernière. Et échangent des conseils. Pour trouver des surblouses, Stéphanie Rist a donné son astuce : les abattoirs. «J’en ai aussi récupéré pas mal chez les vétérinaires», ajoute celle qui s’est improvisée livreuse et distribue masques et de gel aux petites structures qui ont été oubliées.
La double casquette n’est pas toujours facile à porter. «Je ne cherche pas un responsable mais il faut arrêter de dire que les masques arrivent alors que ce n’est pas le cas», tonne Julien Borowczyk qui rappelle que les médecins de ville doivent aussi être protégés. Tous pensent déjà à l’après. «Il faudra aller plus vite et plus fort», réclame déjà Thomas Mesnier, qui veut croire que son expérience de terrain pendant la crise donnera davantage de poids à sa parole lorsqu’il s’agira de réclamer «plus de moyens».
La députée de la France insoumise en Meurthe-et-Moselle, Caroline Fiat, remet sa blouse et repart au combat contre le virus. Elle alerte aussi sur l’état de l’hôpital public.
Elle est la première aide-soignante élue à l’Assemblée nationale. Caroline Fiat, députée la France insoumise de Meurthe-et-Moselle, est retournée auprès des malades et de ses collègues médecins pour faire face au coronavirus. La députée Insoumise a annoncé, sur les réseaux sociaux, qu’elle travaille dans un hôpital très touché de la région.
« Je suis beaucoup moins réactive ces derniers temps pour répondre aux sollicitations, tout simplement parce que je travaille en parallèle en tant qu’aide soignante. Où, quand, comment, vous le saurez, ne vous inquiétez pas, je vous raconterai quand la situation sera calmée. En résumé, ne vous inquiétez pas, avec mon équipe nous continuerons à vous répondre mais avec un peu moins de réactivité qu’à l’habitude », a expliqué l’élue de gauche sur Facebook.
Caroline Fiat, élue en 2017 dans la circonscription de Pont-à-Mousson au nord de Nancy face au Front national, travaillait avant son élection de nuit, en vacation dans plusieurs établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) du secteur privé, dans le Grand Est.
Source : parismatch.com et Actu.fr
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