Lundi 14 avril 2020, à 20h02, le président Emmanuel Macron s’est exprimé pour la troisième fois sur la pandémie de coronavirus.
Le Chef de l’Etat a annoncé lors de son allocution aux français, vouloir faire de la réouverture des écoles « une priorité » car selon lui, « la situation actuelle creuse les inégalités » . On peut se demander, à ce stade, quelles ont été les motivations d’Emmanuel Macron à un tel choix, alors que plusieurs inconnues demeurent sur ce virus, selon les scientifiques.
« Une priorité » ?
En effet, il n’y a, à première vue, pas de raisons évidentes ou d’explications médicales ou scientifiques à ce que le milieu scolaire soit le premier lieu à déconfiner. Pour deux raisons évidentes, d’une part, parce qu’on sait actuellement, que les enfants sont des vecteurs potentiels sans qu’ils ne développent eux-mêmes l’infection, et donc ne développent pas de symptômes, sauf à de rares exceptions. Et que d’autre part, il est très difficile de faire respecter dans un établissement qui accueille jusqu’à 300 personnes, les gestes barrières. Ce qui fait qu’il y a une grande dissonance entre les affirmations du gouvernement et celles des scientifiques. Un avis partagé par l’Ordre des médecins qui s’oppose à une réouverture à ce stade des écoles. En effet, pour le Dr Patrick Brouet, président du Conseil National de l’Ordre des Médecins : « il n’y a pas d’explication médicale à déconfiner dans le milieu scolaire en premier »
Une annonce, une fois de plus, controversée
Cette annonce a eu pour effet de laisser circonspect les chercheurs et les scientifiques, autant que les professeurs et les parents d’élèves. En effet, les chercheurs qui travaillent sur la modélisation de la pandémie de Covid-19 nous expliquent que « dans les modèles utilisés [pour estimer les effets des mesures sanitaires], il faut estimer un certain nombre de paramètres : on prend des hypothèses sur le fait que les individus puissent attraper la maladie, qu’ils puissent être infectieux, et qu’ils puissent la transmettre. Or concernant les enfants, pour l’instant, on ne sait pas tout. Notamment parce que l’on n’a pas encore réalisé de campagne de tests actifs en population générale, ce qui est la démarche la plus efficace pour obtenir des informations. Dans les modèles, on utilise parfois des données dont on dispose pour la grippe, mais on ignore si cela est pertinent. À l’heure actuelle, on ne sait absolument pas si les enfants jouent un rôle important dans la propagation de l’épidémie.».
Cette annonce a eu pour conséquence, de faire monter la contestation de la part des enseignants et des parents d’élèves qui ne veulent pas servir de « chair à canon » ou de « cobaye ». Et de faire interroger les différentes classes politiques sur la motivation de cette mesure. En effet, selon Olivier Faure, président du groupe socialiste, la réouverture des écoles le 11 mai a d’autres intérêts qu’éducatifs. Selon lui, il a pour « but inavoué » de « renvoyer travailler les parents » .
Tandis qu’au Ministère de l’Education Nationale, on nous explique que le risque lié aux transmissions asymptomatiques ou pré-symptomatiques dans les cours d’école «fait partie des points qui doivent être discutés avec les partenaires sociaux» pour préparer la sortie du confinement le 11 mai prochain, et « qu’il est encore trop tôt pour répondre à ces questions ». De plus, ce 14 avril sur France 2, le ministre Jean-Michel Blanquer a souligné que le retour à l’école «ne serait pas obligatoire» dès la fin du confinement. «L’objectif c’est qu’entre le 11 mai et le 4 juillet (date des vacances d’été), nous ayons réussi cette resocialisation […] qui permette de se remettre dans l’apprentissage».Dans un échange avec les journalistes de France Inter, le pédiatre Robert Cohen a annoncé ce 14 avril, le lancement d’une étude en Île-de-France sur 600 enfants, destinée à évaluer le pourcentage de patients asymptomatiques porteur de virus. La question, étant pourquoi, la réaliser que maintenant ?
On constate donc que cette mesure, montre encore une fois l’aspect amateur et unilatéral du gouvernement, ce qui risque de donner un 11 mai marqué par une nouvelle grande contestation sociale, notamment par le corps enseignant.
Manale Makhchoun
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