Tête pensante du PS, l’ancien sénateur et député européen Henri Weber est décédé des suites du Covid-19. Ce proche de Laurent Fabius était aussi un visage de la contestation lors des manifestations de Mai-68.
Il était l’une des figures tutélaires de Mai-68. L’ancien sénateur et député européen Henri Weber est décédé à l’âge de 75 ans dimanche 26 avril du coronavirus, a annoncé sa famille à l’AFP. Fils de juifs polonais né le 23 juin 1944 à Leninabad en URSS (aujourd’hui Khodjent au Tadjikistan), cet ancien cadre du Parti sociale s’est éteint en Avignon, « des suites du Covid-19, entouré de sa femme Fabienne Servan-Schreiber, et de leurs enfants », a déclaré sa famille dans un communiqué.
Cet universitaire, docteur et enseignant en philosophie politique, est l’un des co-fondateurs de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) en 1969, après avoir créé, aux côtés d’Alain Krivine, les Jeunesses communistes révolutionnaires en 1965. Il émerge lors des manifestations de Mai-68 en devenant l’un des visages de la contestation et aussi l’un de ses théoriciens. Il publiera par la suite plusieurs livres sur les événements, mais aussi de réflexions sur la gauche. Le mouvement de « 68 a été une grande poussée démocratique et libérale – au sens politique et culturel du terme : on s’en prend à toutes les discriminations », confiait-il à l’AFP 50 ans plus tard. « C’est aussi une grande poussée hédoniste, contre le puritanisme et la morale rigoriste ».
« Henri Weber était une de ces mémoires fertiles de la gauche, il en connaissait l’histoire, jusque dans ses moindres détails », a salué Olivier Faure, l’actuel Premier secrétaire du Parti socialiste, auprès de l’AFP. « Mais il ne rêvait pas d’un âge d’or à retrouver, il était dans la recherche permanente de nouvelles solutions ». « Ces derniers mois, il s’était engagé dans le chantier de la rénovation des formes partisanes. Il était inlassable. Passionné. Passionnant. Le Parti socialiste perd ce soir un esprit incisif qui a bien souvent éclairé notre route. Notre tristesse est immense », a-t-il conclu, en guise d’hommage.
« Une des légendes de la gauche qui s’en va »
« C’est une des légendes de la gauche qui s’en va et sa disparition m’emplit d’une grande tristesse », a réagi Jean-Christophe Cambadélis, lui aussi venu de l’extrême gauche avant d’entrer comme Henri Weber au Parti socialiste en 1986 et d’en devenir le Premier secrétaire en 2014. « La disparition d »Henri Weber me remplit d’une immense tristesse », s’est émue sa prédécesseure Martine Aubry dans un tweet. « Henri était une figure irremplaçable de la gauche, porté par une passion toujours intacte pour les idées, l’histoire de la gauche et son avenir. Notre ami si chaleureux nous manque déjà ! »
« Henri Weber était une grande et belle figure de la gauche. C’est un homme généreux et un intellectuel lumineux qui disparaît aujourd’hui. Et aussi un ami cher », a déclaré l’ancien président François Hollande. « Quelle tristesse ce matin… Henri Weber le camarade, le militant, l’intellectuel est parti », a écrit Manuel Valls, l’ex-Premier ministre. « Je lisais encore il y a peu, sa tribune parue à la mi-mars dans l’Obs sur la capacité de la France à « faire Nation » face au Covid-19… Ce virus qui vient de l’emporter… »
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