Les stocks de la grande distribution donnent “la nausée” aux pharmaciens
Chers patients,
Notre pays connaît une crise sanitaire sans précédent, et à laquelle manifestement il n’était pas préparé. Nombre de soignants se sont trouvés désemparés face à la pénurie d’équipements dont ils ont besoin pour travailler dans des conditions de sécurité satisfaisantes.
Nous, pharmaciens, avons été sollicité dès le début de la pandémie par l’Etat, pour assurer la distribution de masques auprès des professionnels de santé libéraux. Nous avons répondu présents et l’avons fait avec dévouement, et même avec fierté. La charge de travail fut assumée, et même si chaque semaine, à chaque dotation, de nouvelles recommandations se mettaient en place, nous avons compté un à un les masques et les avons délivrés dans des conditions particulières, mêlant à la fois tension et sentiment d’impuissance face à ces professionnels en 1ère ligne d’une guerre à armes inégales.
Nous vous avons refusé, à maintes reprises et depuis des semaines, la délivrance de ces précieux masques, selon les recommandations de l’Etat qui nous demandait chaque semaine, d’effectuer la traçabilité, au masque près, de la distribution aux professionnels de santé. Sans relâche, nous avons dû vous expliquer que nous n’étions pas en mesure de vous protéger, à l’opposé du fondement même de notre métier.
Nous voulions par cette lettre, vous demander pardon d’avoir été dupé.
Toute guerre a ses profiteurs. En effet, c’est avec une incommensurable stupéfaction que nous avons, cette semaine, découvert que les représentants de la grande distribution ont été mis en capacité, en lien avec le ministère de l’Economie et des Finances, de disposer de plusieurs centaines de millions de masques, qui sont à la vente dès ce jour, lundi 4 mai 2020. Il est évident qu’un tel stock n’a pu être constitué en quelques jours seulement et que la vente de masques a été préparée en amont.
A ce jour, nous comptons toujours les masques à l’unité près pour les soignants. Comment comprendre, en tant que soignant mais également en tant que patient, que ce qui n’existait pas hier tombe à profusion aujourd’hui ?
Dégoût et colère sont les termes employés par mes confrères, et que je partage également.
La délivrance de ces précieux masques aurait pu devenir une marque d’engagement de la grande distribution à nos côtés. Au lieu de cela, elle restera le symbole de l’indécence, quand les grandes enseignes font de ces millions de masques, des produits d’appels pour se rendre massivement dans leurs magasins, en plein confinement.
Sachez, chers patients, que nous poursuivrons notre engagement en tant que professionnels de santé, et que nous faisons aujourd’hui tout notre possible pour pouvoir vous garantir la sécurité et la protection indispensable dans cette période inédite. Néanmoins avec une certaine amertume de n’avoir pu bénéficier, en temps utiles, des moyens incombant à nos missions.
Noémie ANGLARD, pharmacienne à Saint-Etienne
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Photo : Vincent Bach pour #DroitCitoyen
Patrick BOUET, Président du Conseil National de l’Ordre des Médecins
Anne-Marie CURAT, Présidente du Conseil National de l’Ordre des Sages-Femmes
Patrick CHAMBOREDON, Président du Conseil national de l’Ordre des Infirmiers
Serge FOURNIER, Président du Conseil National de l’Ordre des Chirurgiens-Dentistes
Pascale MATHIEU, Présidente du Conseil National de l’Ordre des Masseurs-Kinésithérapeutes
Eric PROU, Président du Conseil National de l’Ordre des pédicures-podologues
Carine WOLF-THAL, Présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens
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