Tandis que le gouvernement appelle à la patience, à Paris, Nantes ou encore Toulouse, le personnel soignant se fait entendre depuis le début de ce déconfinement
Un seul mot d’ordre : ne pas laisser mourir l’hôpital public. L’ensemble du personnel hospitalier lance un SOS national avec des manifestations qui se multiplient depuis mars dernier, pour dénoncer le manque de moyens mis en oeuvre par le gouvernement.
C’est leur amour pour leur métier, mais surtout leur volonté de pouvoir soigner les patients dans des conditions optimales, que les professionnels de santé sont venus clamer dans les rues.
« Après les applaudissements, on espère que les gens seront derrière nous pour la suite », confie Fabienne qui travaille au service de consultation du service obstétrique de l’hôpital Paule-de-Viguier, à Toulouse.
Alors que les hôpitaux hurle leur souffrance, de nouvelles manifestations nationales des hospitaliers ont eu lieu ce 14 février un peu partout en France. Les soignants ont répondu à l’appel à la grève et à la manifestation de 14 organisations syndicales et professionnelles pour sauver l’hôpital public, et surtout dénoncer à quel point « la situation dans leur service est grave ».
« Je passe ma journée à m’excuser auprès des parents, de ne pas pouvoir passer assez de temps avec leurs enfants, dénonce Julie, infirmière à l’hôpital pédiatrique Robert Debré. J’ai honte de travailler dans de telles conditions. On crie à l’aide et on nous répond qu’on ne sait pas s’organiser… On n’a même pas le temps de manger, de boire ou d’aller aux toilettes. »
Depuis une quinzaine d’années, des mesures visant à réduire l’augmentation des dépenses de santé ont été appliquées. On retrouve parmi elles la tarification à l’activité, la T2A (Tarification à l’Acte), qui vise à capitaliser les soins prodigués aux patient·e·s.
Cette tarification maîtrise le budget hospitalier, dans la mesure où ce sont les activités de soins qui vont déterminer les dépenses et non l’inverse. Cette mesure, qui est censée diminuer les dépenses, connaît des difficultés budgétaires depuis sa mise en œuvre. D’après la Fédération hospitalière de France (FHF), le déficit approchait le milliard d’euros en 2017.
Des chiffres inquiétants, alors que l’activité des hôpitaux a globalement augmenté depuis quinze ans. Le manque de moyens matériels et humains altère la qualité des conditions de travail, les patient·e·s les moins stables sont prioritairement pris en charge au détriment des patient·e·s un peu plus autonomes, mais qui nécessitent tout de même des soins.
Les soins de nursings, en dehors des toilettes et de l’administration des repas, ne sont plus réalisés correctement par manque de temps. Nous tombons alors dans une maltraitance institutionnelle où les soignant·e·s exercent leur métier tout en sachant qu’ils seront amené·e·s à négliger certain·e·s patient·e·s, faute de moyens et de temps.
Plusieurs actions ont été menées par les soignants pour lutter contre ces décisions politiques et ces restrictions budgétaires comme l’arrêt du codage, l’annonce de démissions chez les médecins, les blocages, les manifestations ou encore les collages.
Le personnel hospitalier n’a pas dis son dernier mot et de nombreuses autres manifestations sont encore prévu, comme ce sera le cas à Lyon par exemple le lundi 18 mai.
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