Pour le personnel soignant de l’hôpital Édouard Herriot à Lyon, le moment est venu d’agir. Les soignants de l’HEH ont tenu à se rassembler une nouvelle fois, ce mardi 26 mai devant les grilles de l’hôpital, pour faire entendre leur colère.
Un rassemblement qui a vu la participation des étudiants, des gilets jaunes, des associations et de citoyens afin de soutenir le corps médical et exiger des moyens pour le système de santé ! Pour certains présents, la mobilisation devrait être renforcée : « Tous les secteurs sont attaqués »… « On veut nous manger à la même sauce »… « L’heure est à l’action »…
Droitcitoyen a donné le micro aux manifestants. Récit.
Chebia, déléguée Sud Santé HEH : « Il ne faut pas lâcher ! »
L’inquiétude régnait, depuis hier lundi 25 mai, avec le démarrage du Ségur de la santé, piloté par le gouvernement et le personnel hospitalier. Le grand souci, c’est que le corps médical n’a été représenté que par des directeurs et médecins. Pour nous, cela est inadmissible, les 120 corps de métiers de la fonction publique hospitalière aurait dû participer au débat et parler de leurs conditions de travail.
D’autres points qui soulèvent notre colère, d’abord cette augmentation dérisoire de 300 euros annoncée par le gouvernent…mais aussi le manque de personnel et les conditions de travail lamentables, car l’équation est assez simple : les conditions ne peuvent pas s’améliorer s’il n y a pas d’embauches.
Aujourd’hui, la participation de la coordination interprofessionnelle, des étudiants, des gilets jaunes et de toute la population qui nous a applaudis pendant le Covid, nous encourage davantage. Nous les remercions au nom de tout le personnel de l’hôpital.
Mais le plus difficile reste à venir car le Ségur dure des semaines. C’est comme un marathon où l’on joue l’avenir de notre santé… il ne faut surtout pas lâcher.
Rosa, aide-soignante service de réanimation HEH : « Leur soutien nous fait chaud au cœur ! »
Je saisis cette occasion pour rappeler les revendications que l’on évoque depuis des années déjà : meilleurs conditions de travail, augmentation des salaires, réouverture des lits….. La qualité des soins se dégrade dans les hôpitaux publics, le corps médical est fatigué et nous sommes tous mobilisés pour défendre nos revendications qui sont légitimes. Les primes et les médailles proposés par le gouvernement ne nous conviennent pas.
Le soutien des étudiants, des associations nous fait chaud au cœur. J’invite tous les Français, qui nous ont applaudis depuis leurs balcons à 20h, à descendre dans la rue pour nous soutenir. Nous ne sommes pas des héros, nous ne faisons que notre travail…mais nous souhaitons uniquement avoir les moyens pour mieux le faire. …
Lyna, étudiante à Lyon 2 : « On veut nous manger à la même sauce ! »
Cette crise a démontré la triste réalité de nos hôpitaux publics. On ferme des lits, on coupe les budgets, le manque de personnel et de matériel…. La santé publique souffre, mais le pire c’est que tous les secteurs sont attaqués en même temps. Nous, étudiants, on nous a imposé la continuité pédagogique et la validation en ligne des examens alors que les inégalités ne cessent de se creuser.
Depuis des années, l’état mène les mêmes politiques: sélection, augmentation des prix des inscriptions… Aujourd’hui, il est clair qu’on veut nous faire payer cette crise, leur crise…et ce, en déréglementant le temps de travail.
Aujourd’hui, tous les secteurs devraient se mobiliser. Cela commence logiquement par les soignants, en première ligne depuis le début de cette crise sanitaire. Désormais, nous sommes tous touchés car on veut nous manger à la même sauce…ainsi il faut que nous répondions en même temps.
Franck, aide-soignant HEH: « On en a marre, marre, marre ! «
On en a marre, marre, marre ! Cela fait des années que l’état ignore l’hôpital public. La France va mal, il faut que cela cesse ! Pour le gouvernement, l’argent passe avant tout. Pour nous, il n’y a que le citoyen qui compte.
Nous avons besoin du soutien de la population pour consolider toutes nos revendications évoquées depuis des années. Il y aura certainement d’autres événements qui vont mobiliser les autres secteurs et montrer que désormais nous sommes tous concernés.
Le président a appelé les français à l’union, mais il semble ignorer que nous sommes déjà unis…Nous travaillons dur mais nous n’arrivons toujours pas à joindre les deux bouts : Personnellement, je suis divorcé et je n’arrive pas à m’en sortir, quid des autres qui ont des personnes à charge…
Nelson, convergence Blouses blanches/Gilets jaunes : « Premiers financeurs, premiers utilisateur de notre hôpital »
La colère était forte aujourd’hui ? Je pense que c’est la solidarité qui était forte surtout : La solidarité pour les gens qui ont sauvé nos vies, et que l’on remercie par des médailles et des primes ? Cela fait un an que nous avons crée la convergence Blouses blanches/Gilets jaunes Nus participons régulièrement aux actions des soignants et nous soutenons toutes leurs revendications. Notre banderole résume tout : Premiers financeurs, premiers utilisateur de notre hôpital.
Victor, magasinier HEH : « La colère ne va pas s’atténuer aussi tôt »
Je travaille à la pharmacie, je fournie tout ce qui est matériel médical, et imaginez vous, j’ai travaillé pendant 3 semaines sans aucune protection alors que je suis en contact avec tout le personnel de l’hôpital. Faut–il en rire ou en pleurer ? Personnellement, j’ai 18 ans de service, je touche 1350 euros par mois. On ne peut plus vivre avec ce salaire quand on a des enfants à charge, et ce, devant l’incompréhension du gouvernement qui fait la sourde oreille. Par ailleurs, la colère ne va pas s’atténuer aussi tôt car nous irons jusqu’au bout de nos revendications.
Gaël, aide-soignant, délégué syndical HEH: « Parole, parole, parole… »
« Ici, nous avons un ras-le-bol général de tout ce que le gouvernement annonce pour le secteur. Parole, parole, parole, comme le dit la chanson ».
Nous demandons une augmentation nette de 400 euros par mois, l’arrêt de la fermeture des lits et de cette politique de la casse du service public. Aujourd’hui, on attend de l’action, on demande aux usagers de venir nous soutenir dans la rue. Un appel national aura lieu le 16 juin pour se mobiliser et évoquer tous ces problèmes. Ainsi, nous appelons tous les citoyens à y participer… l’heure est à l’action.
Raja, SG du syndicat CGT : « Encore mieux que les applaudissements »
Cette fin de crise sonne avec un goût amer. Après tout ce qu’on a subi pendant des mois, on se rend compte que le Ségur de la santé, annoncé hier, ne répond pas à nos attentes. Malgré notre colère, nous sommes ravis d’avoir mobilisé la population. Nous nous sentons soutenus…c’est encore mieux que les applaudissements.
Samuel, organisation jeunes révolutionnaire : « Votre lutte est légitime »
Les hôpitaux sont la première cible du système capitaliste, alors que tout devrait être gérer pour servir l’intérêt de la population. L’hôpital doit être public ! Le personnel soignant se bat pour mieux nous soigner, et aujourd’hui, nous nous battons à leur coté pour l’intérêt commun. Nous sommes à vos côtés, votre lutte est légitime….continuerons jusqu’à la victoire.
Photo : Claudia Corbonnois pour #Droitcitoyen