Pendant deux mois, les plus de 60 ans ont été, pour certains, désespérément seuls, comme le montre une étude des Petits frères des pauvres.
L’idée de confiner les seniors plus longtemps a été abandonnée, et heureusement! Les plus isolés ont déjà beaucoup souffert de solitude pendant l’épidémie, selon une étude de l’association des Petits frères des pauvres.
« En dépit d’un bel élan de solidarité familiale et citoyenne, de nombreuses personnes âgées, en particulier les femmes âgées aux revenus modestes, ont encore davantage souffert de solitude et d’isolement », relève l’association. Et cet isolement est un « facteur aggravant de perte d’autonomie ».
L’étude CSA réalisée pour l’association auprès de 1503 personnes de plus de 60 ans, montre qu’entre le 15 mars et le 11 mai, 43 % des sondés disent avoir eu pendant cette période un contact tous les jours ou presque avec leur famille (contre 33 % auparavant). À l’inverse, 4 % des plus de 60 ans, soit 720 000 seniors, « n’ont eu aucun contact avec leur famille durant le confinement ». C’est quatre fois plus qu’en temps normal. 650 000 personnes âgées n’ont trouvé personne à qui parler, notamment de leur état psychologique qui se dégradait.
« Une triple peine isolement-précarité-exclusion numérique »
Ces personnes âgées les plus isolées, « vivent une sorte de confinement permanent, […] une triple peine isolement-précarité-exclusion numérique » et ont pu se sentir « complètement abandonnées » pendant la crise épidémique. 4,1 millions de Français de 60 ans et plus n’utilisent jamais Internet, surtout les plus âgés et les plus modestes, rappelle l’association. Habituellement, leurs contacts réguliers se résument au pharmacien, au boulanger ou au médecin, des personnes qu’elles n’ont plus vues pendant cette période. Ce sont ces « invisibles » qui « ont le plus souffert », selon la déléguée générale des Petits frères, Armelle de Guibert.
Début mai, une enquête téléphonique d’Ergocall, une plateforme d’appels destinée à accompagner les plus de 65 ans isolés, souvent mandatée par des bailleurs sociaux, avait déjà montré qu’en plus des familles, éloignées par le confinement, 33,7 % des aidants professionnels avaient été contraints de diminuer, voire d’annuler, leur passage au domicile des seniors au mois d’avril. « Sur les 2000 personnes que nous avons eues au téléphone, je n’aurais jamais cru qu’ils seraient si nombreux à être totalement seuls », avançait alors Audrey Stervinou, ergothérapeute mobilisée pour l’enquête.
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