Les Sociétés des journalistes de BFMTV, RMC, RMC Sports, BFM Paris, BFM Business et les rédactions web de NextRadioTV expliquent pourquoi ils ne couvriront pas les élections municipales dimanche. Ils s’opposent à un plan d’économie du groupe NextRadioTV qui prévoie la suppression d’un tiers des effectifs.
Ce dimanche a lieu le second tour des élections municipales. Nous, journalistes, nous devrions être présents dans des dizaines de villes, devant les QG de campagne, sur les plateaux, dans les rédactions, pour vous raconter, décrypter, vivre avec vous ce temps fort de la démocratie. C’est notre mission. Pourtant nous ne la remplirons pas. Un crève-coeur en tant que journalistes et citoyens. C’est la première fois de l’histoire de notre groupe de médias créé il y a 20 ans, que nous ne traitons pas une actualité aussi forte, parce que nous sommes en grève. Et sachez-le : cela nous coûte. Parce que nous aimons profondément notre métier et nos rédactions radio-tv-web, bien plus, semble-t-il, que nos actionnaires.
Ce plan social est d’une violence inouïe, présenté le 19 mai dernier à 17h36 par mail aux salariés
Pourquoi nous faisons grève pour la première fois : parce que ce plan social est injuste, incompréhensible et donc inacceptable à nos yeux. Parce que ce plan social est d’une violence inouïe, présenté le 19 mai dernier à 17h36 par mail aux salariés, quelques jours à peine après le début du déconfinement, après des semaines d’intense mobilisation afin de vous informer au quotidien, au coeur de cette crise sanitaire inédite. Parce que ce plan social est méprisant pour notre métier et ne respecte pas votre droit à une information fiable et pluraliste.
Pourquoi ce plan est injuste : ce plan social prévoit de supprimer plus de 500 postes, journalistes rémunérés à la pige, intermittents, CDD et CDI. Un salarié sur trois est menacé. Dans un groupe qui a réalisé 73 millions d’euros de bénéfices nets en 2019.
Nous aimons plus nos médias que ceux qui les détruisent
Pourquoi ce plan social aura de lourdes conséquences sur l’information et le débat démocratique : notre mission est de vous informer. Pour cela, nous travaillons chaque jour, 24 heures sur 24, du 1er janvier au 31 décembre avec : techniciens, producteurs, infographistes, réalisateurs, régie pub, informaticiens, personnel administratif, maquilleurs-coiffeurs, standard… Tous ces corps de métiers qui permettent à nos médias d’exister. Nous sommes des femmes, des hommes, toutes et tous artisans de l’information.
Or, aujourd’hui, nous sommes toutes et tous menacés. Et à travers nous, l’exigence éditoriale de nos rédactions sur les mois et années à venir. Si nous nous mobilisons ce dimanche, c’est parce que nous aimons plus nos médias que ceux qui les détruisent. C’est pour toujours mieux vous informer demain. Ce combat, il est aussi pour vous, citoyennes et citoyens. Demain, avec ce plan social, c’est 20 millions de téléspectateurs, auditeurs, lecteurs quotidiens à qui nous ne pourrons plus offrir la même qualité d’information. »