Depuis ce lundi 20 juillet, le décret rendant obligatoire le port du masque dans tout espace public clos est entré en vigueur. Qu’en est-il depuis dans les commerces, lieux de cultes, transports et autres ? Notre équipe s’est rendue dans plusieurs espaces publics lyonnais afin de donner la parole aux citoyens. Reportage.
Ce lundi 20 juillet 2020 est officiellement entré en vigueur un décret stipulant que le port du masque est désormais rendu obligatoire dans tout espace public clos. Il concerne, entre autres, les commerces, banques, lieux de cultes, salles de spectacles, musées et parties communes d’établissements type complexes hôteliers. Seules les salles de sports et complexes sportifs autorisent à enlever le masque seulement durant la pratique sportive. L’obligation du masque dans les transports, reste quant à elle toujours en vigueur. Ce décret (venant modifier celui du 10 juillet sur la sortie de l’État d’urgence sanitaire) s’applique sur toute personne âgée de plus de onze ans sous peine d’une amende de 135 euros en cas de non-respect et 1500 euros en cas de récidive dans les quinze jours qui suivent. Dans un contexte de crainte d’une deuxième vague, le gouvernement avait dans un premier temps envisagé d’appliquer ce décret à partir du premier août, pour être finalement avancé au 20 juillet.
Nous commençons notre enquête dans le métro lyonnais. Un lieu habitué depuis quelques mois déjà au port du masque obligatoire. Sans grande surprise, nous constatons que rares sont ceux qui auraient oublié de couvrir leur bouche. Les rares exceptions que nous croisons ne portent pas de masques pour des raisons pratiques (un jeune homme en béquille nous explique qu’il a beaucoup de mal à le mettre étant donné ses difficultés à se déplacer) ou pour de simples oublis. Nous décidons alors de nous déplacer du côté des commerces où le décret vient tout juste d’entrer en vigueur. Nous sommes dans les environs du quartier de la Guillotière. Dans un premier supermarché peu fréquenté nous remarquons quelques personnes contrevenant à la règle. L’un d’eux que nous avons décidé d’interroger nous avoue ne pas être au courant, pensant que le décret devait passer le premier août: “ Ce n’est pas à moi de décider […] Je ne pense pas avoir les clés pour savoir si c’est nécessaire ou non mais c’est peut être mieux que de confiner !” déclare t-il. Nous nous rendons alors dans un autre supermarché plus fréquenté. Les règles sont beaucoup plus strictes: feu vert pour entrer dans le magasin, marquages au sol et vigiles dispersés de part et d’autres du magasin. L’un d’eux situé près des caisses et de la sortie se confie à nous : il ont reçu le protocole le matin-même et ont dû rappeler à l’ordre quelques clients. Nous lui demandons si ce dernier a eu des altercations avec les plus réticents d’entre eux, ce à quoi il répond “on a fait le nécessaire dans ces cas-là”. Nous décidons de changer d’ambiance et nous dirigeons vers la cathédrale Saint-Jean puisque rappelons-le : le décret concerne également les lieux de culte. Le lieu est très peu fréquenté en ce lundi après-midi. Pourtant, presque toutes les personnes (en grande majorité des touristes) portent des masques.
Une obligation comprise et bien perçue
En effet, à la sortie de la cathédrale Saint-Jean, nous avons pu interroger deux jeunes Français qui portaient bel et bien leurs masques. Interrogés sur le fait qu’ils portaient leurs masques en ce jour et en un lieu où il n’était pas obligatoire de le porter la veille, ils ont été honnêtes et nous ont confié qu’ils n’auraient peut-être pas porté leur masque si ce n’était pas obligatoire, étant donné qu’il n’y avait pas foule de visiteurs dans la cathédrale. Ces deux personnes étaient au courant que le décret était effectif et estiment que le port du masque obligatoire était une bonne chose : “C’est vrai que quand c’est pas obligatoire on n’est pas poussés à le porter mais du coup maintenant que c’est obligatoire c’est pas plus mal de pousser les gens à le porter.” Nous avons par la suite pu interroger la gérante d’une des nombreuses boutiques de souvenir du quartier historique du Vieux Lyon. Bien que son établissement soit concerné par le décret, elle n’était pas au courant qu’il était entré en application le 20 juillet, à l’instar de quelques autres personnes auxquelles nous avons pu parler. Cela dit, lorsque nous lui avons dit qu’il était effectif, elle nous a affirmé avoir remarqué que bien plus des clients qui passaient sa porte portaient un masque, entre 7 et 8 clients sur 10 pour cette journée contre 1 client sur 2 la semaine précédente “et encore”. Avant cette obligation, elle avait plus ou moins renoncé à demander aux visiteurs de sa boutique de porter un masque pour franchir son palier et repartir avec des souvenirs de leur passage dans la capitale des Gaules. Ses inquiétudes sont nombreuses, elle craint un nouveau confinement qui serait synonyme de mettre la clef sous la porte, mais elle craint également que son commerce, comme les restaurants jusque-là, soit considéré comme responsable et donc amendable si des personnes contreviennent à l’obligation du port du masque entre ses murs avec ce décret. Malgré ces inquiétudes, en un sens incompatibles, mais compréhensibles, elle attend de voir comment la situation évoluera en espérant, comme bien d’autres personnes, que cette nouvelle obligation puisse participer à l’endiguement de cette crise.
L’obligation du port du masque semble donc être respectée par l’écrasante majorité des citoyens dans tous les lieux où il est désormais obligatoire de le porter. Les quelques rares personnes qui ne le portaient pas n’étaient pas réfractaires au port du masque en public mais l’avaient soit oublié, soit ils n’étaient pas au courant de l’obligation, des erreurs innocentes en somme qui se feront sans doute de plus en plus rares à mesure que le temps passera. Ce qui ressort de notre reportage, c’est que les français semblent avoir assimilé et compris l’utilité du masque dans la situation actuelle et comprennent tout à fait la nécessité de rendre le port du masque obligatoire dans tout lieu clos accueillant du public.