Dans un entretien de 40 minutes, un membre du collectif Tonkin PAI(X)sible, résident du Tonkin depuis une dizaine d’années, nous a longuement parlé de son quartier, des problèmes de ce dernier et des solutions que le collectif propose afin de rendre au quartier du Tonkin la tranquillité qu’ils chérissent.
Le quartier du Tonkin à Villeurbanne, situé entre Charpennes, La Doua et le Parc de la Tête d’Or et comptant environ 5000 habitants, a fait parler de lui ces dernières semaines de par d’importantes incivilités et d’autres problèmes plus graves. Nuisances sonores, rodéos urbains, trafic de stupéfiants au grand jour. « Il y a eu une dégradation au fil des années un peu dans le quartier », nous confie le représentant du collectif. La violence est maintenant présente avec des armes lourdes circulant ouvertement dans le quartier, le tout alors que la police municipale éprouve de grandes difficultés à intervenir malgré des patrouilles assez récurrentes.
Ces problèmes ont pris des proportions de plus en plus importantes et ont culminé le 7 juin dernier, jour où de nombreux habitants du quartier furent témoins d’une fusillade en plein milieu du quartier. Cet événement choquant a eu une conséquence inattendue, le rassemblement d’un collectif de voisins qui ont décidé qu’il était temps de réagir ensemble. Ce qui avait commencé par un groupe Whatsapp entre voisins d’un même immeuble est devenu un collectif à l’échelle du quartier au lendemain de cette fusillade, « on s’est dit il faut commencer à réagir et à l’échelle d’un immeuble ça suffit pas, on va essayer de mobiliser beaucoup plus de voisins » nous disait notre interlocuteur, nous expliquant que seul devant ces problèmes on peut céder à la colère mais que si on peut en parler entre voisins partageant la même vision, il devient possible de lancer quelque chose de constructif. Depuis sa création, le collectif a rencontré de nombreux candidats à la mairie de Villeurbanne avant le second tour des élections, il a également organisé deux pique-niques dont un où le maire fraîchement élu Cédric van Styvendael et une partie de son équipe étaient présents. Une attention bien reçue par le collectif : « c’est très bien qu’il soit venu et qu’il voit ça d’un bon œil […] il a pas cherché à faire des grands discours […] c’est positif. »
On a dépassé le stade de la colère
Membre du collectif Tonkin PAI(X)sible
Le maire van Styvendael a évidemment annoncé des mesures pour sa mandature, cela dit, les membres du collectif sont « conscient(s) que le maire ne peut pas tout » et que des efforts doivent être fournis à tous les niveaux. Afin de changer les choses pour le mieux, le collectif veut que les riverains aient voix au chapitre dans la prise de décisions. Pour ce faire, les habitants aimeraient, avec l’appui de la mairie, pouvoir rencontrer la police municipale et nationale, les bailleurs sociaux et autres figures locales afin d’être inclus dans le dialogue et la prise de décision afin de trouver « des solutions en groupe ». Surtout, ils ne sont pas motivés par la colère mais par un désir de voir leur quartier bien-aimé retrouver sa tranquillité.
Un quartier “qui a beaucoup d’atouts”
Selon le représentant du collectif, le quartier du Tonkin ne devrait pas être seulement réduit à ses nuisances et ses trafics, bien au contraire, ce dernier présente de nombreux avantages pour ses riverains. Avantages en premier lieu géographiques: “On est très bien situés, on est près du Parc de la Tête d’Or, près de la Feyssine”. Bien que situé en banlieue, le quartier du Tonkin jouit d’une desserte excellente grâce à de nombreux moyens de transports : “on a plein de moyens de transports pour se déplacer facilement ! Il y a le tram, le métro, des bus, des pistes cyclables, on peut très facilement se déplacer en centre-ville !”. Enfin, le Tonkin reste un quartier agréable où il fait bon vivre selon ses habitants : “Il y a plein d’espaces verts, notamment le Parc de la Tête d’Or à proximité et l’espace où nous nous trouvons (ndlr parc de l’Europe Jean Monnet où a été organisé le pique-nique entre riverains). Les gens qui ne sont pas du quartier ne le voient pas mais il y a plein de zones piétonnes partout qui circulent entre les immeubles. […] Et il y a surtout des bonnes relations de voisinages. Le quartier a un côté un peu fermé qui fait qu’il y a plein d’habitants qui s’y rencontrent et se connaissent et il y a une mixité sociale qui est assez propre au quartier avec notamment des logements sociaux collés à des habitats privés.”
Un collectif lyonnais parmi tant d’autres
Le Tonkin PAI(X)sible n’est, en effet, pas la première initiative d’un collectif de quartier. Depuis quelques années, les habitants de nombreux quartiers jugés “sensibles” et victimes de nuisances élèvent leur voix et s’unissent. C’est le cas pour Villeurbanne mais aussi Bron avec le collectif “Bron Terraillon agir ensemble contre les nuisances” créé en mai dernier. Lyon est loin d’être en reste avec des collectifs tels que “La Guillotière en colère” créé en 2019, mais aussi “Presqu’île en colère” qui dénonce en particulier les nuisances sonores qui perdurent depuis plusieurs années.