Pas évident de comprendre les recommandations en matière de port du masque. Entre les revirements des différentes autorités sanitaires sur le sujet, l’obligation de le porter ou non à l’intérieur et les différences entre chaque pays, il est difficile de s’y retrouver. Petit tour d’horizon.
Au tout début de la crise de Covid-19, le port du masque n’était pas conseillé, en tout cas en France. Le 27 janvier, Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé déclarait : « On recommande le port du masque pour les personnes malades et des équipements de protection uniquement pour les soignants ». Puis le 3 avril, il est revenu sur ses propos, pour désormais « encourager » le grand public « s’il le souhaite à porter des masques et en particulier des masques ». Les masques chirurgicaux et les masques FFP2 devaient rester réservés aux soignants mais le grand public pouvait se procurer ou confectionner des masques « alternatifs », autrement dit des masques en tissu lavables. Les recommandations en matière de port du masque n’ont cessé d’évoluer depuis le début de la pandémie et aujourd’hui se pose la question en France de l’obligation de le porter en extérieur. Le gouvernement a décidé de laisser la décision aux préfets qui pourront imposer le port du masque en extérieur par arrêté. Chaque pays a sa propre politique et ne se réfère pas toujours aux recommandations de l’OMS (Organisation mondiale de la santé). Tour d’horizon des différentes politiques en la matière.
Que dit-on en France ?
- Le gouvernement
« Si vous êtes dans une rue où il y a plusieurs personnes qui vont se balader et vous n’êtes pas sûr de pouvoir garder la distance, je le recommande. » Le 29 juillet, lors d’une visite dans un centre logistique chargé de l’envoi de masques gratuits, le ministre de la Santé Olivier Véran a suggéré aux Français de désormais porter un masque à l’extérieur. Ce vendredi, alors que la France compte 157 foyers d’infection, Olivier Véran a indiqué sur Twitter que les préfets peuvent désormais rendre obligatoire le port du masque à l’extérieur par arrêté. [masque qui ne doit pas être humidifié ou mouillé pour garder son efficacité]
Le gouvernement n’a décidé d’imposer que le 20 juillet le port du masque dans les lieux clos recevant du public pour toute personne de 11 ans ou plus. Auparavant, le port du masque était recommandé mais pas imposé et restait au bon vouloir des propriétaires des lieux, excepté dans les transports en commun et les trains où l’obligation est en vigueur depuis plusieurs mois.
Plusieurs villes ou départements ont aussi décidé d’imposer le masque en extérieur. C’est le cas notamment dans certaines villes de la Mayenne mais aussi à La Rochelle, au Touquet, au Mont-Saint-Michel, à Saint-Malo, à Annecy, Bayonne, Biarritz… La préfecture du Nord a décidé ce vendredi de rendre le masque obligatoire en extérieur « dès lundi, dans un certain nombre de zones » de la métropole européenne de Lille, notamment les zones piétonnes et espaces verts, en raison sa proximité avec la Belgique où le nombre de cas de Covid-19 est en hausse ces derniers jours. Sur France Bleu Paris ce jeudi, l’adjointe chargée de la Santé à la ville de Paris Anne Souyris a indiqué souhaiter que le gouvernement impose le masque en extérieur pour toutes les villes.
- Le Conseil scientifique
Le 20 avril, le Conseil scientifique listait ses recommandations en vue du déconfinement. Il appelait déjà au port de masques alternatifs pour l’ensemble de la population dans les lieux clos. Plus récemment, les experts du Conseil scientifique ont appelé à nouveau la population à porter un masque, constatant un relâchement en la matière.
- L’Académie de médecine
Dans un premier temps, au mois de mars dernier, l’Académie de médecine recommandait l’attribution de masques FFP2 en priorité aux soignants. Depuis début avril, elle recommande le port d’un masque alternatif dans les lieux publics, « un geste obligatoire et non aléatoire » a-t-elle indiqué dans un communiqué mi-juillet.
- Médecins et chercheurs
Dans une interview il y a quelques jours sur franceinfo, le président de l’association des médecins urgentistes Patrick Pelloux a appelé les autorités à obliger la population à « porter le masque tout le temps », « même dans la rue ».
Le directeur de l’Institut de santé globale à l’université de Genève, Antoine Flahault, interrogé sur France Inter, ne voit lui pour l’instant « aucune raison » pour le moment de porter le masque en extérieur, sauf en cas de « manifestation de rue ou de fête où il y a du monde » en raison de la promiscuité et de l’affluence de monde. Toutefois, il estime que « le masque pour le coronavirus est l’équivalent du préservatif pour le Sida », d’où son importance de le porter à l’intérieur.
Que dit l’OMS ?
Début juin, l’Organisation mondiale de la santé a revu ses directives concernant les masques. Elle recommande désormais le port du masque « dans les zones très fréquentées et à fort risque de transmission du virus. » Le directeur général de l’OMS, Tredos Adhanom Ghebreyesus, a d’ailleurs déclaré, au sujet notamment des grands rassemblements contre le racisme et les violences policières qui ont eu lieu dans de nombreuses villes du monde, encourager « toutes les personnes qui manifestent dans le monde à le faire en toute sécurité. Dans la mesure du possible, gardez une distance d’au moins un mètre entre vous, lavez-vous les mains, couvrez-vous la bouche lorsque vous toussez et portez un masque si vous participez à une manifestation. »
Source : franceculture.fr