Le port du masque et son obligation s’étendent, au point que certains élus demandent que l’Etat fournisse gratuitement cet objet nécessaire aux gestes barrières.
Les obligations de port du masque s’étendent peu à peu. La ministre du Travail Elisabeth Bornel’a ainsi annoncé ce mardi, il deviendra obligatoire à la rentrée de septembre, dans les entreprises, open spaces compris. Avec l’extension de ces nouvelles mesures, la question de son coût s’est elle aussi imposée dans le débat public. Comme pour couper court à toute protestation sur la charge économique de cette obligation, la ministre a assuré que ce serait l’employeur qui devra s’en acquitter. « Il s’agit de la sécurité et de la santé des salariés donc c’est clairement de la responsabilité de l’employeur ». Pas question donc que l’Etat fournisse ces masques gratuitement.
Obligatoire dans les lieux clos, et en extérieur dans certains centres-villes, et communes, le masque se généralise. Au point que des représentants de La France Insoumise et du Rassemblement national ont réclamé mardi la gratuité du masque pour tous, comme de plus en plus d’élus dans la classe politique française. « Bien sûr, il faut généraliser le port du masque », a affirmé sur LCI Manuel Bompard, chef de délégation LFI au Parlement européen, avant d’ajouter : « Mais généraliser, ça veut aussi dire faire en sorte que tout le monde puisse y avoir accès. Le coût du masque, c’est un coût important. »
10 à 15 milliards d’euros
Le Parisien a réalisé le calcul, chaque mois, une famille de quatre personnes devra ainsi dépenser 228 euros pour se munir de masques chirurgicaux, ou 96 euros pour pouvoir porter des masques en tissu. Soit respectivement 57 euros et 24 euros pour une personne seule, selon les chiffres du quotidien.
Selon Frédéric Bizard, un économiste cité par RTL, le coût du masque gratuit pour l’Etat serait très important. « C’est de 10 à 15 milliards d’euros par an probablement, si l’on rend le port du masque gratuit ». « La gratuité n’apporte pas les meilleurs résultats en termes de protection pour plusieurs raisons et je pense qu’il n’y a aucun pays au monde, aucun pays développé qui n’a d’ailleurs choisi cette formule », évoque cet économiste.
Pour l’Insoumis Manuel Bompard, faire payer le masque, « c’est l’inverse du système de santé publique ». « Vous avez aujourd’hui la grande distribution qui fait des marges sur les prix de vente des masques et des mesures qui rendent le masque obligatoire, qui en fait font le jeu de la grande distribution », déplore le député européen LFI.
Le gouvernement campe sur sa position
De l’autre côté de l’échiquier politique, au Rassemblement national, on demande aussi cette gratuité pour tous, par la voix de Laurent Jacobelli, porte-parole du parti, mardi sur franceinfo. Selon lui, « le gouvernement a pris la décision plutôt sage de répandre l’utilisation du masque dans les lieux confinés » mais « il faut éclaircir la doctrine » et « que ces masques soient gratuits pour la population française. On ne peut pas avoir une discrimination sanitaire entre les foyers qui peuvent se payer des masques et être protégés et ceux qui ne peuvent pas ». D’autres responsables politiques, des Républicains au PS en passant par le Parti communiste s’étaient déjà prononcés en faveur de cette gratuité du masque.
En face, le gouvernement reste ferme et campe sur la position défendue depuis le début par le président. Emmanuel Macron avait affirmé fin juillet que le contribuable français n’avait « pas vocation à payer des masques » pour tout le monde, mais souhaitait que ceux qui ne peuvent pas en acheter soient « aidés ».
53 millions de masques vont être distribués
« L’État a, tôt, distribué 5 millions de masques gratuits par semaine, via les CCAS [centres communaux d’action sociale] par les communes. Nous allons réenclencher cette distribution de masques gratuits à destination du public précaire, notamment le public qui bénéficie de la complémentaire santé solidaire », avait ainsi répondu le ministre de la Santé, Olivier Véran.
Source : www.lexpress.fr