Plusieurs cortèges ont ouvert la rentrée syndicale jeudi à Lyon, Paris, Nantes, Rennes ou Bordeaux à l’appel de la CGT, de Solidaires et de la FSU, contre les suppressions d’emploi et pour des hausses de salaires, au moment où se multiplient les restructurations et plans sociaux.
Covid oblige, les organisateurs ne s’attendent pas à une forte affluence, mais jugent ce « premier » appel nécessaire pour permettre aux salariés de se « retrouver ensemble », après des mois de restrictions liées au coronavirus.
Mobilisation difficile
« Vous avez vu le nombre de groupes qui annoncent des suppressions d’emploi ? La crise sanitaire, elle a bon dos. Auchan, ils ont pas arrêté de travailler pendant le confinement, et là ils virent 1 500 personnes », a-t-il ajouté. Pour Benoît Teste de la FSU, il est difficile de mobiliser dans l’éducation « parce que l’heure est aux préoccupations locales d’urgence, les gens ont la tête dans le guidon aujourd’hui (…) En cette rentrée, les gens sont déjà fatigués »
À Toulouse dans la matinée, la CGT recensait 3 000 manifestants (1 400 selon la police). Ils étaient plusieurs centaines à Marseille ou à Montpellier.
A Bordeaux, où 850 personnes défilaient selon la préfecture, Lionel Gaillard, salarié chez GFT à Blanquefort, que Ford vient de quitter et de laisser au seul Canadien Magna est amer: « Ford s’est cassé par la petite porte (fin août) et nous sommes inquiets pour la continuité de l’entreprise », dit-il. Laure, 32 ans, kinésithérapeute, note que « des choses ont finalement été mises en place pour les professions de santé mais nous, dans le médico-social, nous sommes les oubliés ».
Plans sociaux
Ces dernières semaines les annonces de plans sociaux ou de restructurations se sont multipliées: de l’enseigne d’ameublement Alinéa en passant par Nokia, BFMTV/RMC ou encore Auchan. Au 13 septembre, 394 plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) étaient recensés depuis mars, contre 249 sur la même période l’an dernier. Cela représente près de 57 000 emplois supprimés, soit trois fois plus que sur la même période en 2019.
Le gouvernement a vertement condamné mercredi la décision du japonais Bridgestone de fermer en 2021 son site de Béthune (Pas-de-Calais) où travaillent 863 personnes, parlant de « trahison ». Jeudi, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a évoqué une décision « révoltante ».
Pour Philippe Martinez, « on le voit avec Bridgestone: en cas de non visibilité sur l’argent donné, non seulement il faut le rendre et il faut des amendes, il faut sanctionner ». La CGT avait lancé son appel à mobilisation le 9 juillet, près de deux mois avant l’annonce d’un plan de relance de 100 milliards d’euros, qui a déçu les syndicats.
Ce plan, « annoncé en grande pompe, ne s’adresse qu’aux entreprises, qui pourront notamment bénéficier d’une exonération d’impôts de production à hauteur de 10 milliards d’euros par an et cela sans aucune condition ni contrepartie », regrettent la CGT, la FSU, Solidaires et les organisations de jeunesse Fidl, MNL, Unef et UNL, organisateurs de la mobilisation.
Source : www.sudouest.fr