Donald Trump, président des États-Unis et candidat du parti républicain à la présidentielle, a affronté Joe Biden, son adversaire démocrate, pour un premier débat mardi. Cet échange, qui se déroulait dans une campagne très tendue, a vite tourné au chaos.
Donald Trump, en difficulté dans les sondages, a choisi pour ce débat la carte de l’agressivité : interruptions lors des interventions de son adversaire, utilisation familière de son prénom « Joe », attaques personnelles et remarques sur un supposé lien entre le candidat démocrate et des mouvements « d’extrême-gauche ».
Si la tactique de Donald Trump était de faire sortir de ses gonds son adversaire, cela n’a pas fonctionné. Joe Biden est plus ou moins resté calme, mais a tout de même fini par laisser échapper un « Will you shut up man? » (traduisible par « Tu vas la fermer mec ? ») après avoir été interrompu une énième fois. Trump a pu du moins pousser le débat vers une forme chaotique qui lui est favorable, et a empêché Joe Biden de trop s’attarder sur les sujets de fond. Le débat s’est donc cantonné avant tout à des attaques personnelles, et n’a que peu contribué à créer un dialogue enrichissant sur des sujets importants, ce que déplorent de nombreux journalistes américains.
Ce débat prend place en plein milieu d’une des élections les plus mouvementées de l’histoire des États-Unis. La tension sociale ne diminue pas depuis la mort de George Floyd, le mouvement « Black lives matter » (« les vies noires comptent ») continue de manifester régulièrement dans plusieurs villes américaines. Les manifestations ont été marquées par la présence de milices d’extrême-droite armées, auxquelles Donald Trump a fait référence lors du débat en leurs demandant de se « tenir prêts » lorsque le modérateur du débat et Joe Biden le pressaient pour qu’il condamne fermement les mouvements suprémacistes blanc comme les « Proud Boys », faisant planer la menace de violences sur l’élection, en particulier si Trump n’est pas réélu.
La campagne cette semaine avait déjà été marquée par la révélation par le New York Times des optimisations fiscales douteuses opérées par Donald Trump l’année de son élection ; cela n’a pas empêché le président de déclarer au débat qu’il avait en réalité payé des « millions et des millions de dollars » d’impôts depuis 2016, sans pour autant rendre publiques ses fiches d’imposition.
À 34 jours de l’élection, Biden conserve une légère avance dans les sondages face au président Trump, vivement critiqué pour sa gestion de la pandémie de Covid-19. Cependant, aucun candidat ne sort grandi de ce débat tant attendu. La base électorale de Donald Trump semble avoir apprécié que leur président « fasse du Trump » pendant que les partisans démocrates de Joe Biden, qui étaient déjà contre la participation de leur candidat à ce débat, espèrent qu’il n’assistera pas aux prochains débats présidentiels prévus. En revanche, le système électoral américain, basé sur un scrutin indirect, permet encore de laisser une large place au doute quant à l’issue de l’élection.