La mise en place du réseau sans fil 5G connaît des complications dans plusieurs pays d’Europe. Les autorités néerlandaises ont recensé de nombreuses dégradations et incendies sur des nouvelles installations de pylônes cellulaires, préalablement conçu pour le déploiement futur de la 5G.
Pour le gouvernement des Pays-Bas ces incidents peuvent « avoir des conséquences sur la couverture du réseau de télécommunications et l’accessibilité aux services d’urgence. » Les instigateurs de ses détériorations, conséquence d’un fort mouvement de contestation, sont les « anti-5G. » Dans plusieurs pays européens des cas similaires se dessinent. Le sabotage des installations d’antennes nécessaires à la 5G ralentit considérablement les plans de développement du réseau sur le territoire. C’est en réponse à ces contestations qu’une délégation de 15 pays de l’union a rédigé une lettre à l’attention de la commission européenne pour demander « le besoin urgent d’une stratégie de communication de l’UE » pour lutter contre la désinformation dont est victime la 5G.
L’Autriche, la Bulgarie, la Croatie, la République Tchèque, Chypre, l’Estonie, la Finlande, la Grèce, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, la Pologne, la Slovaquie, le Portugal et la Suède introduisent dans leur document « Nous, les États membres soussignés, souhaitons exprimer nos préoccupations concernant l’escalade de désinformation sur les effets de l’exposition aux champs électromagnétiques (CEM) et la 5G et notre condamnation des récents actes de vandalisme sur les infrastructures de télécommunication. » Référence au cas néerlandais mais aussi britannique où 30 actes de dégradation sur des pylônes et 80 agressions sur des techniciens on été recensées par les services de police rien qu’en avril 2020.
Pour mettre en place une stratégie de communication efficace, la lettre met le doigt sur les causes de ses exactions commissent par les anti 5G en soulignant « l’importance de contrer la diffusion de la désinformation liée aux réseaux 5G; en particulier en ce qui concerne les fausses allégations selon lesquelles ces réseaux constituent une menace sanitaire ou sont liés au Covid-19. » Une allusion qui fait suite à la propagation du discours complotiste avancé par le docteur Thomas Cowan, en mars 2020, qui soutenait que la 5G modifie le champ électromagnétique terrestre pour empoisonner le corps. Sa vidéo « le coronavirus causé par la 5G » a été vu des millions de fois avant d’être supprimé de youtube. Mais la théorie du docteur américain s’est vu relayer par de nombreuses personnes sur les réseaux sociaux et est devenue virale.
C’est cette idée qui a entraîné de nombreux adeptes, militant parfois violemment, à s’interposer contre le développement du réseau. Pour remédier à cette « infodémie » comme l’a qualifié l’OMS, la lettre demande à la commission de fournir des « informations viables » aux citoyens, par des études « qui contrecarrent la désinformation concernant la 5G et les CEM », mais aussi en « reconnaissant la nécessité de poursuivre la recherche scientifique sur les risques liés à la santé. » Le tout avec le désire d’instaurer un débat sur la question du déploiement du réseau et de ses conséquences dans notre environnement et notre corps.
Le cas français
Cette volonté d’accentuer les recherches scientifiques est également le point de départ de la pétition, datant de février 2020, de Mathieu Hestin contre un actuel déploiement de la 5G en France. Dans sa requête, signée plus 145 000 fois sur change.org, il documente ses interrogations par des articles ou des études sur les conséquences de la 5G sur la santé, la biodiversité mais aussi la sécurité numérique. Parmi ces documents on retrouve une tribune, dans le site Reporterre, cosigné par des médecins, des scientifiques et des membres d’organisations environnementales. « Ces plans pour la 5G risquent d’avoir des effets graves et irréversibles sur les êtres humains et des dommages permanents à tous les écosystèmes terrestres » alertent les cosignataires.
Si la France ne fait pas partie des 15 signataires de la lettre européenne, elle reste soumise à ce mouvement anti-5G avec plus d’une vingtaine de pylônes ou antennes dégradés depuis mars 2020 selon l’Agence nationale des fréquences et relayé par Le Monde. En parallèle de cet extrême, de nombreux élus souhaitent trouver un consensus avant le démarrage de l’installation des antennes nécessaire au réseau 5G, notamment par des moratoires comme les maires de Marseille, Lyon, Bordeaux, Lille mais aussi une soixantaine d’élus.
Ces interrogations ne semblent, pourtant, pas arrêter les entreprises de télécommunication, responsables du déploiement de la 5G. Bouygues annonce sur son site le futur déploiement du réseau courant 2020. Même planning pour Orange qui fixe l’ouverture commerciale de son réseau 5G en décembre 2020. Première étape, les zones déjà « fortement sollicitées par la 4G. »
Photo : La Corée du Sud a été le premier pays du monde à lancer, en avril, le réseau 5G. AFP/Yeon-Je Jung