Au pouvoir depuis 2017, la première ministre travailliste néo-zélandaise se distingue par son bilan de l’épidémie et remporte les législatives.
Le 17 octobre dernier le parti travailliste mené par Jacinda Ardern remporte sa victoire la plus importante depuis 1946 avec plus de 49% des voix et la majorité absolue des sièges à la chambre des représentants. Cette victoire historique fait de Jacinda Ardern la première dirigeante, depuis l’introduction du nouveau système électoral en 1996, à pouvoir disposer d’une majorité parlementaire sans former de coalition. Lors de son précédent mandat, elle avait été freinée par New Zealand First (parti populiste de droite) dans ses politiques les plus réformistes. Elle avait ainsi échoué à incarner, pour une frange de son électorat, le changement qu’ils attendaient après presque dix ans de politiques conservatrices et néo-libérales du New Zealand National Party (parti libéral-conservateur). Cette victoire permet aux travaillistes de gouverner seuls et d’aller peut être au bout de leur projet les plus ambitieux.
La bienveillance comme mode d’action
En 2017, Jacinda Ardern devient la plus jeune femme première ministre du monde. Elle se démarque par son style et développe une communication autour de la bienveillance et de la gentillesse. Souvent considérée comme une citoyenne parmi ses pairs, elle fonde une communication proche de ses concitoyens. Notamment, le soir du confinement quand elle lance un Facebook Live en tenue décontractée depuis son canapé afin de répondre aux questions des Néo-zélandais. Proche des gens, elle l’illustre lorsqu’en avril 2018 elle porte une cape traditionnelle maori pour un banquet avec la reine Elizabeth II à Londres.
En 2019, à l’horreur de l’attaque terroriste d’un suprématiste blanc dans deux mosquées de Christchurch causant la mort de 51 musulmans, la première ministre répond avec empathie. Ces discours teintés de gentillesse envers toutes les communautés musulmanes du pays furent suivis par des décisions politiques fortes avec un durcissement de la législation sur les armes quelques jours plus tard. Elle lança également de nombreuses initiatives afin de lutter contre le racisme. Le pays, faisant bloc derrière elle, applaudit sa réaction à la fois ferme et humaine. Selon un sondage, elle est la cheffe de gouvernement la plus populaire depuis plus d’un siècle. Cette reconnaissance fait suite à sa gestion de la crise sanitaire.
Une gestion exemplaire de la pandémie
Des mesures drastiques ont été prises au début de la pandémie. Dès le 28 février 2020, la Nouvelle Zélande a fermé ses frontières avant même la survenue du premier cas de COVID-19. En avance sur les recommandations de l’OMS, l’archipel suit des protocoles stricts et ordonne un des confinements les plus sévères au monde. Celui-ci dura seulement 26 jours. Début mai, tandis que la France sortait tout juste d’un confinement de 55 jours, la Nouvelle-Zélande avait éradiqué le virus de son territoire. La mise en place rapide de mesures contraignantes semble être la recette miracle du pays comme remède à la crise sanitaire. Au total, entre le 12 février et le 10 mai 2020, 1 503 cas ont été détectés. Seulement 95 personnes ont été hospitalisées et dix ont été admises en réanimation. Le bilan est de 22 morts en Nouvelle-Zélande. Quant à la gestion de la crise dans le pays les chercheurs soulignent l’importance d’une « approche fondée sur les preuves, de décisions concernant le niveau d’alerte basées sur une évaluation des risques, en association avec la détection rigoureuse des cas, l’isolement, le traçage des cas contacts, les mesures de quarantaine, le tout couplé à l’éducation de la population et son engagement ». À la date du 28 octobre 2020, la Nouvelle-Zélande compte deux nouveaux cas avérés dus à des voyageurs venus d’Europe. La vie a repris son cours dans le pays, sans masque ni distanciation physique.