Dimanche 1er novembre, les algériens furent appelés aux votes pour le référendum constitutionnel, par le président Tebboune. Cette révision de la constitution devait renforcer la légitimité du président et fonder une « Nouvelle République » qui répondrait aux aspirations du Hirak, mouvement de contestation qui secoue le pays depuis février 2019. Ce scrutin fut largement boycotté par les citoyens et marque le taux de participation le plus faible de l’histoire.
À son arrivée au pouvoir il y a près d’un an, le président Abdelmadjid Tebboune a demandé la tenue d’un référendum constitutionnel. Aujourd’hui hospitalisé en Allemagne, le président de 74 ans ne peut assister à la tenue de celui-ci. L’opacité des communiqués officiels quant à sa santé n’est pas sans rappeler les souvenirs de son prédécesseur Abdelaziz Bouteflika. Les algériens appelés aux urnes ne sont pas encore informés de l’état de santé du président. Alors que se tenait la consultation électorale phare de son mandat, c’est sa femme qui, par procuration, s’est rendue aux urnes.
Ce dimanche, seulement 5,5 millions d’électeurs se sont déplacés sur les 23,5 millions d’inscrits. Les partisans de la contestation ont appelé au boycott et les islamistes à voter pour le « non ». Le seul véritable enjeu du scrutin était la participation. Selon l’autorité nationale indépendante des élections (ANIE) le taux de participation ne s’élève qu’à 23,7%. À titre de comparaison, en décembre 2019 lors de l’élection de l’actuel président le taux de participation était de 39,93% soit le taux le plus faible de toutes les présidentielles pluralistes de l’histoire de l’Algérie. Par cette forte abstention le peuple algérien réitère son rejet du système politique actuel. Cette nouvelle constitution devait être une main tendue aux manifestants en proposant notamment de limiter à deux le nombre de mandats présidentiels et accorderait plus de pouvoir à l’armée.
Près de deux ans après le début du Hirak, le mouvement de contestation continue par un boycott du référendum. Les algériens ne se sont pas déplacés, convaincus que Tebboune n’est que la continuité d’un système politique qu’ils rejettent. Aux yeux des partisans du Hirak, le président a été désigné contre leur volonté et ils refusent de lui accorder de la reconnaissance par le vote. Ils dénoncent « un changement de façade » et rejette ce projet de constitution « sur le fond et la forme ». Les opposants attendent aujourd’hui plus de liberté. Plus de 90 journalistes, activistes et blogueurs sont en prison dû à leur participation à la révolte.