270, c’est le nombre magique, le nombre de voix nécessaires pour remporter la présidence des Etats-Unis d’Amérique. À quelques heures des résultats de ce scrutin historique, apprenez le fonctionnement du collège électoral américain.
Le système démocratique français par scrutin universel direct diffère énormément du système américain par suffrage indirect. Ce système a pu permettre à des candidats ayant perdu le vote populaire global d’être néanmoins élus : Hillary Clinton a reçu près de 3 millions de voix de plus que Donald Trump en 2016, mais a quand même perdu l’élection présidentielle.
Lorsqu’un citoyen Américain vote, il vote en fait pour un représentant d’un parti politique, appelé grand électeur. Chaque État se voit attribué un nombre de voix électorales proportionnel à sa population : plus la population d’un État est importante par rapport à la population totale des États-Unis, plus cet État a de grands électeurs. Les électeurs votent ensuite pour le président au nom du peuple de leur État. Le candidat ayant obtenu le plus grand nombre de voix dans un État revendique toutes les voix électorales pour cet État.
Ainsi, même si Hillary Clinton a reçu plus de votes dans l’ensemble lors de l’élection de 2016, Donald Trump a gagné grâce à un groupe de swing states.
Cela étant dit, tous les grands électeurs ne sont pas légalement obligés de voter pour le candidat du parti qu’ils représentent dans leur État. Si la plupart des États forcent les grands électeurs à suivre la directive du scrutin, nombre d’autres ne contraignent pas leurs grands électeurs. Il est envisageable que dans un État remporté par Donald Trump, quelques grands électeurs préfèrent accorder leur vote au candidat démocrate Joe Biden et vice versa. Les résultats de cette élection semblent d’autant plus incertains que le président Donald Trump ne semble pas disposé à accorder la victoire à son concurrent même si ce dernier devait l’emporter à l’issue du scrutin.
Que sont les swing-states
Les swing states, aussi appelé États-pivots, sont ces États au vote indécis et qui peuvent donc changer de camp d’un scrutin à l’autre entre les deux partis dominants et faire basculer ainsi le résultat du vote final. Il s’agit donc d’un État où aucun des deux grands partis politiques américains, le Parti démocrate et le Parti républicain, ne domine le vote populaire. Comme c’est le cas pour la Floride qui possède 29 votes électoraux. C’est dans ces États que les campagnes électorales se centrent car ce sont ceux qui décident du résultat final.
La Floride, l’Arizona, la Caroline du Nord, le Michigan, la Pennsylvanie, le Minnesota et le Wisconsin. Ce sont sans doute les sept États les plus pertinents. De par leur taille, leur représentativité et le degré de contestation des votes, au moment de pencher pour la victoire des élections présidentielles.
Chaque parti peut se reposer sur certains États-clef qui assurent à chacun un certain nombre de voix. Pour le parti démocrate, la Californie est un de ces États. Fief historique du parti, c’est l’État qui a le plus de grands électeurs avec 55 voix quasi-systématiquement acquises aux candidats démocrates, élection après élection. Pour le parti républicain, La Pennsylvanie, le Wisconsin et le Michigan sont des États quasi-acquis au parti et qui rassemblent à eux trois 46 voix.
Les trois premiers, dans lesquels Donald Trump a gagné avec une certaine marge en 2016 restent ouverts, selon les sondages, avec petite avance pour Joe Biden. Les quatre suivants font partie du Rust Belt, ou ceinture industrielle, dans lesquels l’avance de Biden est plus grande. Les États de la Rust Belt, dont ces quatre-là, ont été décisifs pour la victoire de l’actuel président il y a quatre ans. Et ils l’ont été, en grande partie, parce que c’est là que le discours sur la protection des cols bleus américains contre une Chine qui leur vole leurs emplois a trouvé de l’écho.
L’Etat du Texas dans cette élection est un cas à part. Historiquement, le Texas vote Républicain mais pour cette élection, le camp démocrate semble croire à un renversement de situation. quatre jours avant le scrutin, Kamala Harris, colistière de Joe Biden, était en campagne dans un Etat qui, d’ordinaire, n’invite pas le parti Démocrate à y investir du temps et des ressources. Cette année, les sondages Texans donnent une égalité parfaite entre les deux candidats. Le Texas est le deuxième État ayant le plus de grands électeurs avec 38 voix. Cette année, le Texas semble faire partie de ces swing states qui décideront du résultat de cette élection historique.
L’un des enjeux de ce scrutin est la gestion de la pandémie de Covid19. Non seulement a-t-elle supprimé des emplois, mais elle a eu un impact sanitaire très intense dans certains des États et villes de la Rust Belt. Si Donald Trump est toujours perçu par beaucoup comme le plus fort économiquement, il est également critiqué pour sa gestion de la pandémie et accusé d’en avoir minimisé l’importance. Cette problématique, ainsi que la tension raciale avec des manifestations particulièrement virulentes depuis la mort de George Floyd il y a 5 mois, aura également une influence majeure sur le vote et participe à en faire une élection qui restera dans les annales..