C’était une décision historique, apparue en tête des nombreux bilans du mandat de Donald Trump dressés dans la presse à l’approche des présidentielles américaines. Pourtant, elle n’est entrée en vigueur qu’au lendemain de l’election day, ce 4 novembre 2020.
Le 1er juin 2017 en direct de Washington, Trump avait annoncé le retrait des États-Unis des accords de Paris, paraphés par Barack Obama environ un an et demi plus tôt. D’Elon Musk à Angela Merkel en passant la diplomatie Chinoise, l’annonce avait suscité des réactions indignées. Du reste, ce retrait figurait parmi les promesses de campagne de la première candidature du président sortant, qui fustigeait un accord « nocif » pour l’industrie américaine. Il flattait alors l’électorat employé par des secteurs traditionnels au bilan carbone lourd, craignant d’être mené au chômage par les normes et contraintes écologiques. Promesse était faite de protéger ainsi les emplois et de maintenir l’indépendance énergétique américaine.
La notification formelle de retrait des accords a été soumise à l’ONU par Washington le 4 novembre 2019 – une clause interdisait de le faire plus tôt – enclenchant l’écoulement d’un délai d’un an nécessaire à l’entrée en vigueur de la décision ce 4 novembre.
Que contiennent les accords de Paris ?
Fruit des négociations menées lors de la Conférence de Paris sur les changements climatiques en 2015 et ratifié par 195 délégations nationales, l’accord de Paris acte l’ambition de limiter le réchauffement atmosphérique à 1,5°C d’ici l’année 2100. Dans ce but, il fixe l’objectif d’un plafonnement des émissions de gaz à effets de serre d’ici la moitié du XXIème siècle, puis d’une neutralité carbone à partir de 2050. À cet effet, le texte prescrit notamment le désinvestissement des énergies fossiles, et la direction des flux financiers vers le développement de secteurs résilients et à faibles émissions.
Ses textes n’établissent pas de juridiction contraignante : aucune sanction n’est prévue pour les États qui ne les respecteraient pas. La contrainte est surtout d’ordre politique et symbolique, puisque les signataires sont tenus à la transparence : chacun d’entre eux se doit d’informer quant à l’évolution de ses émissions et des efforts fournis pour honorer les finalités des accords.
D’aucuns ont critiqué le caractère illusoire des prétentions revendiquées, au vu de la tendance actuelle des émissions qui appellerait des mesures plus drastiques, et parce que les accords ne constituent aucune astreinte pour les États signataires. L’abandon des États-Unis, second pollueur mondial, avait de quoi doucher les espoirs des plus optimistes.
Quelles conséquences du résultat du scrutin pour les accords de Paris ?
L’environnement compte désormais parmi les axes idéologiques les plus clivants des grands partis américains. Le candidat démocrate qualifiait le réchauffement climatique de « menace existentielle pour l’humanité » quand le champion républicain affirmait encore en septembre dernier que « ça finira par se refroidir ». Les tendances dénotées dans leurs électorats respectifs ne sont pas étrangères à leurs positions. Selon les statistiques du think tank Pew Research Center, 82% des électeurs démocrates considéraient le changement climatique comme une menace majeure, contre 27% des sympathisants républicains.
Si Joe Biden remporte l’élection présidentielle, l’absence des États-Unis des accords de Paris n’aura été qu’une parenthèse. Leur réintégration fait partie de son programme électoral et pourrait être validée par simple décret dès son investiture.
Les perspectives climatiques seraient assombries par une victoire de Donald Trump dont la politique environnementale, entre allègement des normes d’émission et soutien massif aux énergies fossiles, s’est montrée cohérente (tout au moins) avec la décision de retrait. Mais même dans ce cas, nombre d’acteurs américains de premier plan continueraient à revendiquer leur volontarisme en matière de lutte contre le réchauffement. Le mouvement We are still in (« nous en faisons toujours partie ») rassemble ainsi universités, entreprises, municipalités et États (dont New-York et Washington) déterminés à se désolidariser de la décision de l’administration Trump, et à agir sous les auspices des accords de Paris.