En France, depuis 2015, est organisée chaque année une journée dédiée à la lutte contre la violence et le harcèlement en milieu scolaire. Cette année, à l’initiative de la France, du Maroc et du Mexique, elle connait désormais sa première édition internationale. A cette occasion, une conférence en ligne organisée par l’Unesco a eu lieu ce jeudi, avec parmi les intervenants, le Ministre de l’Education Nationale Jean-Michel Blanquer, la directrice générale de l’Unesco Audrey Azoulay, ou encore Brigitte Macron. L’accent a été mis en particulier sur la problématique du cyberharcèlement.
Les chiffres du harcèlement scolaire sont alarmants : cela concernerait 700 000 élèves en France et, selon un rapport récent de l’Unesco, 30 % des élèves dans le monde.
Audrey Azoulay a souligné ses conséquences dévastatrices sur les élèves, qui peuvent subire une chute de leurs résultats scolaires ou développer une véritable phobie. Elle rappelle que le harcèlement conduit tout autant à des problèmes de santé physique – plus de 30% élèves à l’échelle mondiale disent avoir été blessés – que de santé mentale. Ces élèves ont en effet plus de chance d’avoir des comportements à risque, voire des pensées ou des actes suicidaires.
On se souvient par exemple du décès d’Evaëlle, 11 ans, qui s’était donnée la mort en juin 2019 dans le Val-d’Oise. Ses parents ont depuis porté plusieurs plaintes et une enseignante a été mise en cause.
« Le cyberharcèlement n’est pas confiné mais au contraire renforcé » rappelle la directrice générale de l’Unesco
Cette journée a été l’occasion d’aborder en priorité le problème du cyberharcèlement qui n’a cessé de prendre de l’ampleur avec le confinement. En effet, durant cette période, les enfants, équipés de téléphones portables de plus en plus jeune, passent plus de temps devant les écrans et sont donc d’autant plus soumis à ce risque.
« Le monde de l’école ne s’arrête pas en dehors de ses murs » […] « Dans cette période extraordinaire où le cyberharcèlement n’est pas confiné mais au contraire renforcé, il est de plus en plus urgent de nous mobiliser »
Audrey Azoulay, Directrice générale de l’Unesco
En 2019, 1 jeune sur 3 dit avoir été victime harcèlement en ligne, et 1 sur 5 dit avoir manqué l’école pour cette raison.
Cette journée intervient par ailleurs quelques semaines seulement après l’assassinat du professeur Samuel Paty le 16 octobre, rendu possible, rappelle Jean-Michel Blanquer, par un appel à la violence sur les réseaux sociaux.
Le cyberharcèlement est à ce titre plus difficile à réguler et à contrer. Sur les réseaux sociaux, un contenu malveillant peut rester un long moment visible et être relayé de nombreuses fois avant d’être supprimé. La tâche est encore plus hardi lorsqu’il est question de sms ou d’appels téléphoniques.
Quelles solutions ?
Pendant cette journée, les établissements furent invités à organiser des ateliers pour sensibiliser au harcèlement scolaire et lutter contre sa banalisation mais aussi pour libérer la parole des élèves qui n’osent pas toujours se confier. L’enjeu majeur était de rétablir la confiance avec les adultes pour pousser au dialogue.
Jean-Michel Blanquer a aussi rappelé les diverses expérimentations mises en œuvre dans la matière depuis plus d’un an. L’implication des parents d’élèves et du personnel a été renforcé, et la lutte contre le harcèlement scolaire fait désormais partie intégrante de la formation des professeurs. Des journées comme celle-ci ont pu être organisées, ainsi qu’un concours national « Non au harcèlement ». 300 écoles ont ainsi participé à l’édition 2020, soit près de 1 500 projets. Des prix ont été remis en fonction des catégories et des classes d’âge sur le site nonauharcèlement.education.gouv.fr.
Pour cette édition 2020, le clip de sensibilisation met volontairement en scène de jeunes enfants, car, pour le ministre de l’Education Nationale, la prévention se fait dès le plus jeune âge.
Un numéro vert est par ailleurs toujours à la disposition des élèves victimes de harcèlement.
Jean-Michel Blanquer note cependant qu’un certain nombre de choses restent à faire, notamment en ce qui concerne la régulation des « contenus d’agression envers les enfants » sur internet. Il appelle les plateformes comme Twitter, Instagram ou Facebook à renforcer leurs algorithmes et à participer à la campagne de prévention #NonAuHarcèlement. Le réseau TikTok a d’ores et déjà instauré des règles strictes sur la suppression de contenus incluant des menaces, des propos désobligeants sur une personne ou encore du harcèlement sexuel.
L’Unesco, qui a aussi sorti un clip de prévention, a, d’autre part, fait la promotion d’un code de bonne pratique sur internet. Ce code s’axe sur la formation et le soutien des enseignants sur la gestion du harcèlement, l’intégration de la question dans les programmes scolaires, ainsi que la création de mécanismes de signalement et de services de prise en charge