Ce 11 novembre fut doublement singulier cette année : non seulement parce que l’épidémie ne permet pas de célébrations comme nous en avons l’habitude, mais également car ce fut l’occasion de l’entrée au Panthéon d’une importante figure de la Première Guerre Mondiale, Maurice Genevoix.
Né en 1890, il rentre à l’Ecole Normale Supérieure avant d’être mobilisé pendant la guerre dont il ressort avec des blessures physiques et psychologiques qui le marqueront toute sa vie. Ecrivain, poète, puis membre de l’Académie Française, il produit une œuvre abondante de grande valeur tant pour la Littérature française que pour l’Histoire. Son œuvre est marquée à la fois par son expérience traumatique, son désir de rendre justice aux vétérans de la guerre, mais aussi par son amour de la vie et de la nature. Son ouvrage le plus emblématique est son témoignage de soldat, Ceux de 14, écrit entre 1916 et 1923. À l’occasion de cette panthéonisation, la famille a par ailleurs fait don du manuscrit originel à la Bibliothèque nationale de France (BnF).
Le premier poilu à rentrer au Panthéon.
Sa famille avait fait la demande en 2010. Exaucer ce souhait, c’est faire rentrer également avec lui la mémoire des poilus de la Première Guerre Mondiale dont il n’y a aujourd’hui plus aucun survivant. Emmanuel Macron avait eu à cœur de réhabiliter la mémoire de ces combattants dès le début de son mandat.
La date fut donc choisie à dessein, en ce jour de célébration de l’armistice du 11 novembre 1918, après une cérémonie militaire ce lundi 9 novembre aux Eparges, où Maurice Genevoix fut blessé en 1915.
Cependant, en raison de l’épidémie, les deux cérémonies se sont déroulées sans public et avec un nombre très réduits d’officiels, en plus de la famille.
L’hommage s’est déroulé à 18h au Panthéon, où un jeu d’images et de lumières, présentant des photographies ou des extraits vidéos de l’auteurs, a été projeté. Le cercueil a ensuite été amené jusque dans l’enceinte du Panthéon où des extraits de son œuvre ont été lus et où le président a ensuite prononcé un discours.
Cette panthéonisation fut aussi l’occasion d’un changement d’ambiance pour l’illustre bâtiment, qui se pare de toiles monumentales spécialement réalisées par le plasticien allemand Anselm Kiefer. De même, à compter de ce jour, la musique du compositeur Pascal Dusapin accompagnée de la lecture de 15 000 noms d’hommes de la Première Guerre Mondiale tirés aléatoirement, y sera diffusée de manière régulière.
« Aux Grands hommes la Patrie reconnaissante »
À l’origine, le Panthéon fut construit par Soufflot sous la demande de Louis XV pour devenir une basilique monumentale. En 1792 , les révolutionnaires s’en emparent, et en font un monument à la patrie. À ce jour, 78 hommes et femmes y reposent sur les 300 places disponibles: parmi eux, des chefs d’Etats, des hommes ayant œuvré pour la liberté comme Jean Moulin, ou encore d’illustres écrivains comme Victor Hugo ou Emile Zola. Dans tous les cas, la décision d’une panthéonisation revient toujours au président de la République.
Avant celle de Maurice Genevoix, la dernière entrée au Panthéon était celle de Simone Veil et son mari, le 1er juillet 2018.