À Lyon, les habitants ont largement répondu présents pour la Marche des libertés, organisée pour protester contre la loi sécurité globale. Environ 7 500 personnes se seraient rassemblées selon la préfecture, contre 13 000 pour les organisateurs, au départ de la manifestation sur une place des Terreaux noire de monde.
À notre micro, les lyonnais et lyonnaises témoignent.
“Il y a des gens qui se font tabasser pour rien, c’est important de pouvoir filmer, de pouvoir apporter des preuves à des enquêtes qui finissent souvent en non-lieu”, nous expliquent deux jeunes femmes, en référence à l’article 24 de la loi, interdisant la diffusion d’images malfaisantes de membres de force de l’ordre, “Déjà en général quand il y a des violences policières c’est très difficile à prouver, ça a peu de chance d’arriver au tribunal, donc là avec le projet de loi ça va être encore plus difficile”.


Mais cet article n’est pas le seul à faire parler de lui, l’article 25 qui permet aux forces de l’ordre de conserver leur arme, en dehors de leur service, dans les établissements recevant du public, est lui-aussi sujet à de vives critiques : “le fait que les flics puissent porter leur arme de service à des évènements publics, alors qu’ils ne sont pas en service, c’est aberrant.” s’indigne l’une des jeunes femmes.
L’état de la démocratie est aussi source d’inquiétude, elles relèvent “[qu’il] y a une sorte d’élite politique qui ne correspond pas du tout aux revendications des personnes qui sont dans la rue” mais aussi que “beaucoup de personnes ne se sentent pas concernées, alors que tout le monde l’est […] tout le monde peut se faire matraquer pour aucune raison, ce n’est pas normal, manifester c’est dans nos droits.”
Dans la même lignée, un autre manifestant s’interroge sur l’hypocrisie du gouvernement : “Le gouvernement insiste par rapport à la liberté d’expression, notamment récemment avec l’affaire du prof (Samuel Paty, ndlr), le président affirme à travers le monde défendre la liberté d’expression, alors qu’avec cette loi-là pour moi il brise cette liberté d’expression, je trouve ça super hypocrite de dire qu’on défend la liberté d’expression que quand ça nous arrange, par intérêt, sans réelle valeur.”
À côté de lui, ses camarades se félicitent du nombre de participants à la manifestation, “Je suis hyper contente d’être là, je vois qu’il y a énormément de monde, tout le monde est là, et on a l’impression qu’il y a un petit mouvement qui se crée, ça fait du bien”, et nous expliquent que pour eux le besoin de défendre ses libertés n’est pas récent : “Il y a un mouvement un peu mondial, […] mais c’est une prise de conscience qui date d’avant, c’est venu assez jeune”.
Lorsqu’interrogées sur leur confiance dans la police aujourd’hui, toutes les personnes nous ont répondu un franc “non”.
“On s’est fait gazé il y a deux heures donc non. On vient défendre un mouvement super sympa et tout ce qu’on a en face c’est de la violence.”
“Mon père s’est fait agresser par la police il y a longtemps, alors qu’il défendait une personne, ça me choque, et pour mon petit frère qui a été adopté et est de couleur, quand on voit le producteur noir qui s’est fait agresser il y a quelques jours ça me choque d’autant plus”.
“Non. Je ne saurais rien vous dire d’autre que non. Je ne me sens pas à l’aise.”