Le tableau d’affichage du Parc des Princes ne dit pas toujours la vérité. En tout cas pas toute la vérité. Certes, ce mercredi soir, le PSG s’est imposé par 4 buts d’écart face au Basaksehir Istanbul.
Mais, pour une fois, les images qui tourneront en boucle sur les écrans du monde entier ne seront pas forcément celles des exploits de Neymar. Plutôt celles de genoux à terre, de poings levés au ciel et de regards tournés vers le vrai grand vainqueur de ce dernier rendez-vous de Ligue des champions : la lutte contre le racisme.
Vingt-deux heures après le séisme provoqué par les propos insupportables du quatrième arbitre de la veille, ceux qui ont enflammé la toile, révolté le monde et surtout imposé à Basaksehir et Paris de quitter la pelouse sous l’impulsion du courageux Demba Ba, le Parc n’a, en apparence, pas bougé d’un iota. Il n’est pourtant plus le même.
22 joueurs, 3 arbitres, un seul homme
Les banderoles du CUP (« Soutien à M. Webo… Fiers des joueurs… Against racism » et « Paris uni contre le racisme ») enlacent la tribune Auteuil. Celles de l’UEFA, délivrant le message identique en anglais et en français (« No to Racism, non au racisme ») s’étalent, elles, face à la présidentielle, en tribune Paris. Mais le plus saisissant est l’insaisissable. La magie a supplanté l’écœurement, balayé le dégoût. Les tribunes sont vides, mais le stade s’emplit pourtant d’émotion quand à 18h53, les Parisiens, les Stambouliotes et le nouveau trio arbitral magnifient la solidarité et l’unité en s’agenouillant en cercle dans le rond central.
Ensemble, tous ensemble, ils lèvent le poing pour dénoncer l’intolérable, posent un genou pour dire non, dire stop aux discriminations et s’unissent, comme un seul homme, pour rappeler à tous, joueurs, spectateurs et surtout aux instances, qu’il y a désormais un avant et un après 8 décembre 2020.
Tuchel admiratif de l’état d’esprit des siens
Admiratif de « la décision forte », de la « solidarité » et « du courage » de ses joueurs affichés mardi soir, Thomas Tuchel s’est, à sa façon, lui aussi laissé porté par ce moment historique. Après avoir convenu « ne pas avoir tout compris de la situation » de la veille, le technicien allemand a finalement laisser les événements et le contexte guider la préparation de la rencontre. « Aujourd’hui, nous avons déjeuné ensemble, sans parler du match, expliquera-t-il en conférence de presse. Il n’était pas nécessaire de forcer sur l’aspect sportif. Il fallait comprendre la situation d’hier, comprendre l’avis de chaque joueur. C’est très important dans une équipe que des choses plus importantes que le foot prennent le dessus. Et à la fin ils ont montré qu’il était possible de faire un bon match et d’avoir un bon état d’esprit. »
Ce rendez-vous, qui devait être une simple banalité pour le PSG, restera en effet comme l’un des plus marquants de son histoire européenne. Un des plus paradoxal, puisqu’il est à la fois le plus court (13 puis 77 minutes), mais aussi le plus long de son épopée, le coup de sifflet final ayant résonné quasiment 24 heures après le coup d’envoi. En dépit des arabesques de Neymar, auteur d’un triplé, des deux buts de Kylian Mbappé qui, après un an de disette sur la scène européenne, a enfin retrouvé le chemin des filets en Ligue des champions, ce n’est pas grâce au talent de ses génies qu’il restera gravé dans le marbre.
Source : Le Parisien / Photo © EPA/Ian Langsdon Le Parisien