Les accidents de chasse prennent de plus en plus de place dans les médias. Résultat ? Des sentiments de tristesse, de révolte et d’insécurité émergent, entraînant avec eux la libération de la parole. Un collectif s’est donné l’objectif de donner une voix aux victimes.
Selon le bilan de la FNC (Fédération Nationale de la Chasse) et de l’OFC (Office Français de la Biodiversité), on compte en France 141 accidents de chasse pour la saison 2019-2020 dont11 accidents mortels. Parmi eux se trouve Morgan, un jeune homme de 25 ans touché par une balle tirée lors d’une battue de sanglier, alors qu’il coupait du bois sur son propre terrain. Attristées et révoltées par la situation, six de ses amies ont pris la décision de créer le collectif Un Jour Un Chasseur. Leur but est de libérer la parole sur les comportements abusifs liés à la chasse.
Depuis la création du collectif le 12 décembre dernier, elles ont reçu plusieurs centaines de témoignages qu’elles partagent chaque jour sur les réseaux sociaux. Elles garantissent l’anonymat de celles et ceux qui partagent leurs douleurs afin de leur éviter d’éventuelles représailles. Les témoignages relatent nombre d’incidents allant d’animaux de compagnie retrouvés morts aux homicides involontaires en passant par des menaces et intimidations. Face à cette situation, le collectif lutte pour l’interdiction des tirs à un kilomètre des habitations et le passage de l’âge du permis de chasse de 16 à 18 ans.
Les principales causes des accidents de chasse se trouvent être une mauvaise manipulation de l’arme, un non-respect de l’angle de 30° (un secteur de 30° autour du chasseur dans lequel il a l’interdiction de tirer) et des tirs à hauteur d’homme ou en direction d’habitations. La source de ces accidents semble être un manque de rigueur et de respect des mesures de sécurité de la part de certains chasseurs. Le président de la FNC Willy Schraen atteste d’un certain manque de sécurité. Pour lui, cela est en partie dû à un manque de formation suite au passage du fusil de chasse à la carabine. Le responsable du réseau national sécurité à la chasse de l’OFB David François tient à signaler que, bien qu’un seul accident de chasse soit un accident de trop, les chiffres sont tout de même en nette diminution depuis plusieurs années.
Si les accidents se font effectivement plus rares (baisse de 40% des accidents de chasse depuis 1999) le nombre de chasseur est lui aussi en baisse. La saison 2019-2020 comptait 1 023 000 chasseurs, un nombre en déclin d’année en année et ce depuis 1975, où l’on en comptait plus du double. La diminution de ces accidents s’expliquerait donc, en partie, par la diminution du nombre de chasseurs.
De plus, l’actuelle saison de chasse compte davantage d’accidents que la précédente, avec un total de victimes s’élevant à 141 contre 131 pour la saison 2018-1019. Le nombre d’accidents mortels est lui aussi en hausse : 11 personnes ont perdu la vie suite à un accident de chasse entre 2019 et 2020 contre sept durant la saison précédente. L’image des chasseurs est aujourd’hui entachée par ces incidents et par l’émergence de mouvements anti-chasse de plus en plus présents. Le président de la FNC tenait des propos plus que virulents au sujet des personnes proches de ces mouvements dans une interview accordée à un web magazine dédié à la chasse : « il y a quelques coups de poings dans la gueule qui se perdent » ou encore « il y en a quelques uns qui vont se prendre une branlée au coin d’un bois […] ils l’auront pas volé les mecs ».
Du côté législatif, le gouvernement a mis en place de nouvelles règles de sécurité depuis le 15 octobre 2020. Parmi elles se trouve une formation de remise à niveau, à suivre tous les 10 ans, pour tous les détenteurs d’un permis de chasse. Il devient également obligatoire d’installer des panneaux de signalisation afin de signaler une zone de chasse, et de porter un gilet fluorescent, lors de chasses au grand gibier.