Alors que la ministre de la Culture Roselyne Bachelot ne semble rien promettre, ne vouloir donner aucune date tout en excluant l’hypothèse d’un été sans festivals, les professionnels de la culture s’impatientent. Des maires et présidents de métropoles ont également fait entendre leur souhait d’un retour rapide à la vie culturelle.
La métropole de Lyon a pris plusieurs mesures afin d’accompagner les acteurs culturels. Elle les détaille dans un communiqué de presse en quatre objectifs :
- Accompagner les initiatives de partage et de mutualisation des ressources entre les acteurs culturels du territoire
- Accompagner à la diversification des financements des acteurs culturels
- Aider à la recherche de locaux
- Informer et orienter les acteurs culturels
Dirigée par les écologistes, la métropole insiste aussi sur la nécessité d’adapter sa politique non seulement à la crise sanitaire actuelle mais aussi aux enjeux écologiques : « Cet accompagnement va permettre, ensemble, de résister, se relever et d’anticiper les transformations indispensables pour faire face au défi du dérèglement climatique. La Métropole, notamment par son projet de recyclerie, sera présente pour épauler les acteurs et répondre au mieux aux exigences d’éco-responsabilité » souligne le Vice-Président de la Métropole de Lyon délégué à la culture Cédric Van Styvendael. Dès lors, trois mesures sont présentées pour venir en aide aux artistes de la métropole.
Une plateforme dédiée aux professionnels du secteur artistique et culturel du territoire
Avec le site internet acteursculturels.grandlyon.com, la métropole met en avant des annonces « sur le modèle du site leboncoin.fr » dans le but de partager des initiatives de partages et de mutualisation (matériels, espaces, compétences) entre professionnels du secteur artistique et culturel du territoire. On y trouve par exemple des locations de locaux.
Le lancement de la phase d’étude de faisabilité d’une « recyclerie culturelle et artistique »
Ce projet a pour finalité l’ouverture d’un lieu de collecte et de revente d’éléments de décor, de scénographie, d’accessoires et de costumes. Collecter, transformer et créer des interactions entre les différents acteurs culturels, mêler les disciplines, telle est la vocation de cette recyclerie. À terme, d’autres activités pourraient compléter ce premier niveau de service : location ou prêt d’objets, d’accessoires, mise à disposition de machines-outils, modules de formation. 120 participants ont assisté à la présentation du projet et ont commencé à exprimer ce qu’ils en attendaient. Le rendu de cette étude des besoins sera publié fin mars.
La mise en place d’un guide répertoriant l’essentiel des dispositifs d’accompagnement dont peuvent bénéficier les acteurs culturels durant cette période de crise.
En 2020, la Métropole a soutenu cinq structures d’accompagnement pour un montant total de 120 500 euros. Ces mêmes structures d’accompagnement seront à nouveau soutenues et de nouvelles actions d’accompagnement seront proposées au vote du conseil dans les mois qui viennent pour un montant de 300 000 euros.
Même si ces mesures satisfont en partie certains professionnels de la culture, c’est loin d’être suffisant pour le collectif unitaire 69 qui en appelle directement aux compétences de l’État. Ils ont donc tenu ce Mercredi 17 février une assemblée générale au cours de laquelle le collectif a détaillé leur projets pour la culture et la stratégie politique pour les mettre en œuvre. Cette organisation qui vise à défendre les acquis sociaux des intermittents et à les fédérer prend la forme de commissions pour faire avancer leurs actions. Récemment, ils ont entrepris plusieurs manifestations dont une occupation de la philharmonie de Paris pendant les Victoires de la Musique, à la suite de laquelle la délégation a été reçue par le ministère de la Culture. Ou encore des collages sauvages lancés par la commission action en ville et en banlieues Mais jugeant ne pas avoir été suffisamment entendus par le gouvernement, ils souhaitent continuer leurs actions à travers de nouvelles opérations d’occupation et d’information.
Ainsi, au cours de cette réunion, trois revendications principales ont été prononcées : la mise en place d’un fond d’urgence, une prolongation de l’année blanche et des congés maternités réaménagés pour être adaptés à la situation actuelle.
Quant au ministère de la Culture, il ne donnera pas de réponse avant fin mars. Roselyne Bachelot se donne deux mois pour analyser la situation et voir quels intermittents ont le plus besoin. Or, l’association refuse le cas par cas qui pose selon eux des problèmes d’injustice entre les intermittents. Même chose pour la prolongation de l’année blanche qui n’est pas acquise et suscite beaucoup d’hésitations du côté du gouvernement. Et tout cela dépend bien entendu de la reprise de l’activité culturelle avec la réouverture des salles de spectacles qui n’ont pour l’instant aucun horizon, aucune date n’étant donnée dans cette situation sanitaire que l’exécutif juge trop incertaine.
Ainsi, on a pu ressentir une colère forte parmi les membres du collectif qui aimeraient que les choses aillent plus vite. Pour les plus radicaux d’entre eux, ils se jugent trop mous dans leur actions allant jusqu’à proposer de bloquer des supermarchés pendant une journée entière afin de s’attaquer au portefeuille du gouvernement, seule solution selon eux pour obtenir de vrais résultats.
Dès lors, depuis quelques jours Roselyne Bachelot réagit aux nombreuses sollicitations, d’artistes, de syndicats et de politiques sur son manque d’action. Elle entend garder un dialogue ouvert avec les acteurs culturels, souhaitant surtout qu’ils puissent être protégés « quoi qu’il en coûte ». L’ancienne ministre de la santé annonce notamment des concerts expérimentaux qui devront se tenir en mars et avril. Son but est de bâtir « un modèle résilient et sécurisé » pour l’ensemble des structures culturelles. Un grand colloque devrait être engagé à l’initiative du ministère pour trouver les bonnes solutions.
D’autre part, elle se montre très optimiste sur les festivals assis qui selon elle pourraient être maintenus. Pour les autres, elle envisage des jauges limitées à 5000 personnes, ce qui serait très insuffisant selon les organisateurs de festivals qui ont l’habitude d’accueillir plus de 100 000 festivaliers. Face à ce déficit, la ministre promet de débloquer un fond de 30 millions d’euros. Reste à savoir si ces décisions suffiront à maintenir l’économie culturelle et ses deux millions d’emplois.