Le 4 mars était la journée mondiale de l’obésité, l’occasion pour des associations, scientifiques et médecins d’alerter sur un problème qui touche de plus en plus de personnes en France et à travers le monde. Selon une étude, un français sur deux serait en surpoids.
L’obésité est un problème qui rend la vie plus difficile pour les patients et est à l’origine de nombreux problèmes de santé. En effet, 40 % des décès dus au covid-19 sont des personnes « qui ont des problèmes de poids », affirme le CNAO, reprenant les chiffres de Santé publique France. En outre, l’obésité peut entraîner du diabète de type 2 et accroît aussi le risque d’hypertension artérielle, l’athérosclérose notamment en raison d’une inflammation des artères, mais aussi de dyslipidémie, de maladies du foie (stéatohépatite non-alcoolique), de maladie rénale chronique. Elle est aussi associée à de nombreux cancers, en particulier du sein, de l’utérus ou encore du foie. De ce fait, même si l’obésité n’est pas directement liée aux risques de formes graves dans le covid-19, ce sont souvent les conséquences qu’elle entraîne qui poussent les autorités sanitaires et politiques à classer les personnes obèses dans les populations à risques. Ce qui tend à penser qu’ « une perte de poids même modeste est bénéfique sur le plan métabolique, cardiovasculaire, respiratoire et musculo-squelettique » comme l’affirme l’inserm.
Ainsi, même si l’obésité est une maladie reconnue comme telle par l’OMS, ce n’est pas le cas pour la France. De nombreux médecins, associations et nutritionnistes réclament la reconnaissance de l’obésité comme maladie. Ce qui permettrait une meilleure prise en charge des patients en leur proposant des soins adaptés.
Causes
L’inserm établit que « l’obésité résulte d’un déséquilibre entre les apports et les dépenses énergétiques. » Mais les causes sont multiples, parfois dues à un métabolisme génétique différent. On observe ainsi que 70 % des personnes obèses ont, au moins, un parent dans la même situation.
Mais aussi d’autres facteurs comme :
- Des troubles du comportement alimentaire.
- Des troubles psychologiques, par exemple en cas de détresse ou de stress qui entraînent une compensation par la nourriture et en particulier avec des aliments très caloriques.
- Ou encore une insuffisance de dépenses énergétiques avec une absence d’exercices physiques.
Il paraît visible que cette maladie touche d’abord les couches les plus précaires de la société et les personnes en situation de vulnérabilité. Ainsi, on peut observer de manière frappante grâce à une étude menée par Santé Publique France que l’obésité touche significativement les personnes les plus pauvres et en particulier chez les femmes.
Grossophobie
En plus de leur obésité, de nombreuses personnes sont aujourd’hui victimes de grossophobie. Près d’un Français sur cinq (18%) subit actuellement ou a déjà subi des discriminations, selon un sondage Odoxa réalisé auprès de plus de 11.800 personnes. « La grossophobie fait des ravages : risque de dépression plus élevé, détérioration de l’estime de soi, augmentation de la probabilité de souffrir de troubles du comportement alimentaire, suivi médical défaillant, déscolarisation des enfants, déscolarisation des adultes », souligne Agnès Maurin de la Ligue contre l’obésité, créée en 2014.
De plus, au delà des conséquences psychologiques et sociales, la grossophobie entraine aussi des difficultés économiques puisque la discrimination à l’embauche est monnaie courante envers les populations en surpoids. Pour souligner l’importance de lutter contre cette discrimination, le CNAO rappelle que ce n’est pas un choix de vie mais bien une maladie. La culpabilisation aurait tendance à aggraver le problème car il n’est pas si facile pour une personne souffrant d’obésité d’en sortir et mettent des mois voire des années à améliorer leur état et beaucoup de volonté. Pour autant, cela demeure possible avec une bonne prise en charge.
Il y a également le collectif gras politique qui met en cause le patriarcat dans la responsabilité de la grossophobie, en cela qu’il met en avant un idéal de femmes minces. C’est en tous cas ce que ce collectif dénonce avec l’émission « Ma renaissance » car elle encourage les personnes obèses qui le veulent à changer leur corps. Une idée insupportable pour cette association.
Toutefois, la lutte contre la grossophobie pourrait-elle entraîner sa banalisation ? Certaines associations préviennent que ce n’est pas leur but. Car si les discriminations sont réelles et douloureuses, cette maladie ne peut se comparer totalement aux autres discriminations. Et ce constat tend à pousser à penser qu’aider une personne obèse à guérir n’est pas nécessairement une discrimination, que l’idéal de bonne santé ne nait pas d’une volonté malsaine. Il apparaît donc que l’obésité est un problème majeur et mondial pour les années à venir à cause des problèmes de santé qu’elle engendre. Ce qui conduirait à repenser l’alimentation, le mode de vie et le système de santé.
Photo d’illustration : Pixabay