Trois hommes âgés de 19 à 26 ans sont jugés ce lundi 25 octobre à Meaux (Seine-et-Marne) pour proxénétisme sur deux adolescentes de 12 à 14 ans.
Une délinquance en plein essor, parfois jugée plus rentable que le trafic de stupéfiants, et face à laquelle la justice se mobilise.
Dans ce dossier, il y a deux victimes, à peine sorties de l’enfance. Deux adolescentes de 12 et 14 ans qui, en principe, ne devraient pas être à l’audience, ce lundi 25 octobre au tribunal de Meaux (Seine-et-Marne). C’est donc en leur absence que vont être jugés trois hommes de 19, 21 et 26 ans pour proxénétisme sur mineures.
Un type de dossier devenu presque ordinaire dans certains tribunaux, en particulier en région parisienne. « Ces délits sont en forte augmentation depuis quelques mois. Depuis mars 2020, 65 personnes ont été condamnées dans notre juridiction pour proxénétisme sur mineures », souligne Laureline Peyrefitte, la procureure de la République de Meaux. « On a le sentiment que cette activité est devenue le nouveau « business » des cités », ajoute Manon Ternoy, juge pour enfants.
Une intensification depuis 2015
Il est difficile d’avoir une estimation précise du nombre de mineurs qui se livrent à la prostitution en France. Le secteur associatif cite une fourchette allant de 7 000 à 10 000 personnes. « Mais cela reste très approximatif et peut-être en deçà de la réalité », préviennent les auteurs d’un rapport remis cet été au gouvernement et piloté par Catherine Champrenault, alors Procureure générale de Paris.
Ils notent que la prostitution des mineurs s’est intensifiée en France à partir de 2015 et s’est développée dans toutes les grandes agglomérations. Sous l’impulsion de proxénètes souvent jeunes eux aussi mais le plus souvent majeurs. « Les services d’enquête relèvent que de plus en plus de jeunes délinquants investissent la prostitution. Cela ne leur demande pratiquement aucune mise de fonds au départ et l’activité s’avère très vite lucrative, avec des gains journaliers de 300 à 1500 euros, et des possibilités assez faciles de blanchiment », souligne ce rapport.
Un constat partagé par Catherine Mathieu, présidente du tribunal de Meaux : « On voit de plus en plus d’individus qui délaissent le trafic de stupéfiants pour – le proxénétisme des mineurs, en estimant que cela est moins risqué et plus rentable. Tout l’enjeu est donc d’envoyer un message de fermeté. À Meaux, les peines prononcées sur ces dossiers sont de plus en plus sévères. »
Source : La Croix