Ancien ministre des Armées de Jacques Chirac et président de la Région Rhône-Alpes de 1988 à 1999, Charles Millon rejoint Eric Zemmour selon les informations de BFMTV. Il a participé ce mercredi 1er décembre au comité politique du candidat déclaré et participera à son premier meeting prévu dimanche à Villepinte.
Dans la tempête actuellement après l’épisode du doigt d’honneur à Marseille et son interview ratée sur TF1 après laquelle il a insulté Gilles Bouleau, le journaliste de TF1, le traitant de « connard », Eric Zemmour vient de recevoir le soutien de Charles Millon. Selon les informations de BFMTV, l’ancien ministre de la Défense de Jacques Chirac entre 1995 et 1997 qui a également été le président de la Région Rhône-Alpes entre 1988 et 1999 a participé ce mercredi 1er décembre au comité politique d’Eric Zemmour et il sera présent à son premier meeting qui aura lieu le dimanche 5 décembre à Villepinte.
Le symbole de la passerelle entre la droite et l’extrême droite
En 1998, Charles Millon était devenu le symbole de la passerelle entre la droite et l’extrême droite. Le 20 mars, il avait franchi le Rubicon en étant réélu à la tête de la Région Rhône-Alpes en acceptant les voix du Front national. Alors qu’il avait toujours réfuté toute tractation avec le FN, Charles Million avait fait élire 13 vice-présidents de commissions frontistes, dont Pierre Vial, professeur d’Histoire médiévale à l’université Jean Moulin Lyon 3 à la commission de la culture. Les médias locaux s’étaient déchainés à l’époque. « Millon réélu avec les voix du Front national » avait titré le Progrès, « Le FN installe Millon » faisait la une de Lyon-Figaro alors que le journal Lyon Capitale avait réclamé sa démission et avertit ses lecteurs : « Rhône-Alpes travaillera sous la pression du Front national : vers une gestion avec les néo-fascistes ». Lyon-Figaro en avait appelé aux « citoyens » et à « la rue », de nombreuses manifestations avaient eu lieu dans la capitale des Gaules.
Suite à cet épisode, Charles Millon se fera exclure de l’UDF avant de tenter de créer un nouveau parti nommé la Droite, puis la Droite Libérale-Chrétienne en 1999.
L’écologiste Étienne Tête avait fait une requête en annulation le jour de l’élection de Charles Millon comme président qui aboutira à l’invalidation de son élection par le Conseil d’État en décembre 1998. Anne-Marie Comparini lui succèdera à la présidence du Conseil Régional en janvier 1999.
Charles Millon se présente ensuite en tant que candidat dissident de la droite aux élections municipales de Lyon en 2001. Henry Chabert l’ancien fidèle de Michel Noir qui était alors le champion de la droite venait d’être condamné à un an de prison avec sursis et à deux ans d’inéligibilité pour abus de biens sociaux. La droite s’était retrouvée divisée puisqu’une guerre des chefs avait eu lieu pour le remplacer à quelques mois de l’élection. Michel Mercier s’était retiré et c’est finalement Jean-Michel Dubernard qui s’était présenté. Cette division de la droite avait grandement contribué à l’élection de Gérard Collomb comme Maire de Lyon, le 25 mars 2001.
En 2003, la cour administrative d’appel de Lyon déclare illégales les délibérations qui avaient permis à Charles Million de bénéficier d’un appartement et de personnel de maison, pendant près de dix ans, lorsqu’il présidait la région Rhône-Alpes.
Les coups pleuvent. En septembre 2003, il est nommé représentant permanent à Rome auprès de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) par Jacques Chirac qui souhaitait l’éloigner de la vie politique française et son parti est mis en sommeil. Son mandat dans la ville éternelle se terminera le 31 aout 2007.
En juin 2008, Charles Millon annonce son intention de se présenter aux élections sénatoriales sans toutefois recevoir l’investiture de l’UMP. Il terminera 3e au premier tour victime d’un « front anti Millon ».
Entre les deux tours de la dernière élection présidentielle, il a apporté son soutien à François Fillon, mais il ne jouait plus vraiment les premiers rôles avant ce retour fracassant.
Des liens avec l’extrême droite lyonnaise, Marion Maréchal et la galaxie Zemmour à Lyon
Discrètement, Charles Millon n’a cessé de se rapprocher de l’extrême droite lyonnaise.
En 2004, son fils, Thomas Millon avait fondé l’IFP avec Alexandre Pesey et Jean Martinez, l’Institut de Formation Politique qui inspirera l’ISEP de Marion Maréchal et qui a formé Charlotte d’Ornella, journaliste à Valeurs actuelles, Thaïs d’Escufon, ancienne porte-parole de Génération identitaire, Samuel Lafont, responsable de la communication numérique d’Eric Zemmour ou encore Antoine Diers, porte-parole des Amis d’Eric Zemmour.
En mars 2015, il cofonde le collectif Phénix, un Think tank libéral-conservateur avec l’entrepreneur Charles Beigbeder, le frère de Frédérique et proche de Marion Maréchal, Julie Graziani, la responsable de la Marche pour la vie, une manifestation annuelle contre l’avortement ou la légalisation de l’euthanasie, et Anne Lorne, l’ex-responsable de la Manif’ pour tous.
La même année, il lance, toujours avec Charles Beigbeder, l’Avant-Garde, un mouvement libéral-conservateur.
D’après La Lettre A, il participe à la fondation du magazine conservateur L’Incorrect en 2017. Son propriétaire n’est autre que Laurent Meeschaert, ancien DRH de L’Oréal. Charles Millon avait déjà invité ce dernier à rejoindre son mouvement « L’avant-garde ». Toujours d’après La Lettre A, Laurent Meeschaert s’est engagé à financer la campagne d’Eric Zemmour alors qu’il a déjà contribué à la campagne de Marion Maréchal pour les régionales de 2015. Il fait également partie des mécènes de l’Institut de Sciences Sociales, Economiques et Politique (ISSEP), l’école de formation des cadres d’extrême droite que la nièce de Marine Le Pen a créée à Lyon. Le propriétaire de l’Incorrect a aussi participé à la levée de fonds bouclée en septembre dernier par le média en ligne, Livre noir, lancé par Erik Teigner et François de Voyer, deux proches de Marion Maréchal. Si le média qui s’est récemment « distingué » par une polémique à la sortie de la pièce de Yacine Belattar refuse officiellement toute étiquette, sa rédaction consacre la quasi-totalité de ses publications à Eric Zemmour.
Autre indication des liens qu’entretien Charles Millon avec l’extrême droite : le 18 octobre 2018, il apparait parmi les signataires d’une tribune parue dans Valeurs actuelles en soutien à des militants de Génération identitaire. Ces derniers venaient d’être mis en examen et placés sous contrôle judiciaire pour « violence en réunion », « séquestration », « participation à un groupement en vue de commettre des violences » et « enregistrement et diffusion d’images violentes » suite à l’occupation des locaux de SOS Méditerranée, une association qui vient en aide en mer aux migrants. « Nous soutenons les vingt-deux de Marseille. Nous appelons à l’abandon des charges à leur encontre », écrivaient les signataires.
À la lumière de ces évènements, le récent ralliement de Charles Millon à la campagne d’Éric Zemmour n’est pas étonnant et il témoigne des liens qui se sont tissés à Lyon, souvent considéré comme un laboratoire de l’extrême droite, entre les soutiens d’Éric Zemmour, ceux de Marion Maréchal et Génération identitaire.