À la suite de l’appel d’une quinzaine d’organisations professionnelles et syndicales, la famille de la justice est en colère. Partout en France, le cri d’alarme d’une institution en souffrance.
Magistrats, greffiers, avocats manifestent aujourd’hui pour dénoncer leurs conditions de travail et leur profond malaise. Dès ce matin, des rassemblements ont eu lieu devant plusieurs cours d’appel. Tous réclament des moyens supplémentaires pour « exercer dignement » leur profession.
Une journée d’action sans précédent qui intervient trois semaines après la publication d’une tribune signée par plus de 7.500 magistrats dénonçant la souffrance au travail.
« Quand on a une audience, nous avons quinze dossiers à traiter le matin sur des affaires familiales, nous n’avons pas le temps d’entendre les gens et ça leur laisse peut-être un quart d’heure, même pas pour s’exprimer. Quand on va vite c’est source d’erreurs » précise Sophie Vignaud, vice-présidente au correctionnel et aux affaires familiales au Tribunal judiciaire de Libourne en Gironde au micro de France 3.
La mobilisation inédite de ce mercredi intervient trois semaines après une tribune écrite par neuf magistrats à la suite du suicide de leur collègue à Béthune. Un texte massivement relayé signé par plus de 7.500 professionnels.
Une souffrance largement partagée par la famille de la justice qui dénonce une justice trop rapide au détriment de la qualité et au détriment de l’écoute des justiciables et de leur santé. Ils dénoncent une quantité de dossiers qui s’accumulent auxquels s’ajoutent des heures supplémentaires à ne plus en finir et des délais de jugement souvent supérieur à trois ans.
Les avocats mobilisés
« Aujourd’hui, on nous explique que l’on peut faire mieux avec moins de personnel. Ce n’est juste pas possible. C’est pour cela qu’on vient aujourd’hui en soutien de ce mouvement pour l’institution judiciaire. Des personnes sont en grande souffrance, et malheureusement un magistrat s’est suicidé. Ce n’est pas admissible que nous ayons un tel niveau de souffrance dans l’Institution judiciaire et que l’on meure dans le cadre de son métier » s’alarme Pierre Guillon, Bâtonnier du Tribunal de Lorient.
Les organisations syndicales appellent à un report massif des audiences. Environ 70 rassemblements sont prévus devant les cours d’appel de tout le pays.