Cela a débuté par des débats tumultueux pour finir en séance suspendue. L’examen du projet de loi transformant le passe sanitaire en passe vaccinal a été interrompu par les députés lundi 3 janvier au soir après qu’une majorité d’élus ont voté à main levée contre la poursuite des débats après minuit.
Cette décision rarissime a suscité une joie cacophonique parmi les députés de l’opposition, en particulier sur les bancs LR tandis que la majorité interpellait la présidente de la séance, Annie Genevard, à l’image du président des députés LREM, Christophe Castaner et du ministre de la Santé, Olivier Véran. Le ministre avait préalablement demandé l’accord de l’hémicycle de l’Assemblée nationale pour poursuivre les débats après l’heure normale de clôture.
Clash entre Olivier Véran et Jean-Luc Mélenchon
« Nous attendons un plan général et pas des mesures contre ceux qui mangent du pop-corn debout. Nous sommes exaspérés par cette manière de tout faire au dernier moment, dans la cohue et la précipitation. Vous avez semé un chaos indescriptible par votre imprévoyance… 60 pages de consignes aux enseignants la veille de la rentrée » s’agace Jean-Luc Mélenchon. « Nous étions contre le pass sanitaire, nous voici contre le pass vaccinal parce qu’il est 100% inefficace. 91% de la population éligible est vaccinée et vous en faites un titre de gloire », a poursuivi Jean-Luc Mélenchon. « Admettons, mais à quoi ça sert, si aussitôt il y a 500.000 contaminations par jour ? »
Pour le ministre de la santé c’est une tout autre réponse que doit encaisser le chef de file de la France Insoumise : « J’ai le regret de vous dire que par le passé, vous vous êtes tellement trompé qu’il est difficile aujourd’hui de vous prêter la même attention quand vous vous exprimez. » pour venir rajouter ensuite « Vous avez comparé le vaccin ARNm à des surgelés vendus dans des supermarchés, vous avez parlé de ce machin Pfizer que jamais vous ne recevriez – je crois que vous avez reçu votre 3e dose de Pfizer monsieur le député. » ce qui leur confère de ne pas avoir les mêmes idées sur la façon de gérer la crise sanitaire. Le leader de La France insoumise a formulé plusieurs critiques sur les méthodes du gouvernement à gérer l’épidémie de la Covid-19. Quant à Oliver Véran, il n’a pas hésité à le dézinguer à plusieurs reprises face à ces propos.
Le vote du texte a été reporté
L’examen du texte doit reprendre mardi soir à la conférence des présidents de groupes parlementaires du Palais-Bourbon. Le gouvernement veut croire que l’objectif d’une entrée en vigueur du passe le 15 janvier pourra quand même être tenu. Mais ces maladresses entre les députés ont perturbé les plans de l’exécutif, qui espérait l’adoption du projet de loi mardi matin par les députés et son passage devant les Sénateurs mercredi.
Castex sort de ses gonds aux questions au gouvernement
Lors des Questions au gouvernement de ce mardi 4 janvier, la tension reste tendue à l’assemblée au lendemain de l’altercation verbale sur le projet de loi instaurant le pass sanitaire. Suite à la question de la députée et présidente du groupe « socialistes et apparentés », Valérie Rabault, demande de ne pas appliquer le pass vaccinal pour les mineurs de 12 à 15 ans, le Premier ministre est littéralement sorti de ses gonds après s’être adressé à une partie de l’hémicycle.
Castex accuse les députés « d’irresponsabilité » face aux nouveaux variants et à l’aggravation de la crise sanitaire. Il prétend que « certains s’ingénient à faire des coups politiques pour freiner le débat » en poursuivant son discours tout en défendant l’État des professions de santé : « que pensent nos soignants engagés qui eux ne s’arrêtent pas à minuit » a-t-il répondu au ton véhément à l’opposition pour ensuite terminer par « c’est purement irresponsable. »
Il regrette que les députés LR n’aient pas eu le même sens des responsabilités avec 32 votes contre le pass vaccinal et termine par « il faut remettre de la sérénité et de l’ordre. »