Mardi 4 janvier a eu lieu une conférence de presse dans le cadre du lancement de la nouvelle Plateforme nationale de calcul quantique qui s’annonce comme le fleuron de la stratégie quantique de la France voulu par le président Macron.
Le 21 janvier 2021, Emmanuel Macron lançait la stratégie nationale sur les technologies quantiques qui définissait le quantique comme un enjeu majeur pour la souveraineté et la supériorité stratégique de la France. Elle a pour objectif de créer 16 000 emplois d’ici 2030.
Moins d’un an, plus tard, le 4 janvier 2022, a eu lieu une conférence de presse à l’Institut d’optique situé dans le pôle scientifique et technologique de Paris-Saclay dans le cadre du lancement de la nouvelle Plateforme nationale de calcul quantique hybride. Ce jour-là, étaient réunis une grande partie de la communauté de chercheurs et spécialistes du quantique, en présence de Guillaume Boudy, secrétaire général pour l’investissement, et avec les interventions par visioconférence de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Cédric O, secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques et Florence Parly, ministre des Armées.
Cette Plateforme hébergera des ordinateurs quantiques qui seront mis à disposition d’une communauté de chercheurs et spécialistes. L’objectif étant qu’ils s’approprient la technologie du calcul quantique. Celle-ci s’appuie sur des propriétés de la matière qui n’existent qu’à l’échelle de l’infiniment petit. A pleine maturité, elle permettrait d’effectuer certains calculs jusqu’à 1 milliard de fois plus vite qu’une technologie de calcul classique, y compris avec les technologies de supercalculateurs actuels, ce qui ouvre la voie à la résolution d’une série de problèmes actuellement non solubles dans un temps humain. Cela permettrait d’effectuer certains calculs jusqu’à 1 milliard de fois plus vite qu’une technologie de calcul classique.
« Donner toutes ses chances à notre pays d’être un acteur majeur de demain», Frédérique Vidal
«Il y a un an, le président a lancé une stratégie nationale ambitieuse pour développer les technologies du quantique. Ce plan national prévoit des actions en faveur de la Recherche, de l’Industrie et de la Formation. Financé par les programmes d’investissement d’avenir et le plan France Relance a hauteur de 1,8 milliard d’euros. Un an à peine après cette annonce, nous voici réunis pour lancer cette plateforme qui associera des supercalculateurs et des accélérateurs quantiques. C’est un Budget de plus de 72 millions d’euros que l’État engagera au titre de l’acquisition et de la mise à disposition de dispositifs de calcul quantique, mais aussi au titre de la diffusion des usages du calcul quantique, des travaux de Recherche et Développement industriels ou académiques avec un effet levier pour un cofinancement de 100 millions d’euros supplémentaires par les industriels, l’Europe et les collectivités » a expliqué Frédérique Vidal.
« Au-delà des financements et des prouesses techniques qui ne manqueront pas, cette plateforme est aussi un message que nous envoyons à notre jeunesse. Ce gouvernement se veut porteur d’une vision pour l’avenir, la vision d’une France et d’une Europe, confiante dans la science, confiante dans la technologie pour améliorer nos vies, et résoudre les grands enjeux de notre temps. Le plan France 2030, lancé il y a quelques semaines par le président de la République, incarne cet optimisme et veut donner toutes ses chances à notre pays d’être un acteur majeur de demain » a continué la ministre.
« Un projet ambitieux», Cédric O
«C’est un projet ambitieux compte tenu des sujets et des conséquences économiques que cela peut avoir, mais également en matière de progrès sociétaux, de progrès environnementaux, de progrès de la médecine, d’optimisation, de développement. On sait à quel point le calcul quantique en hybridation avec le calcul traditionnel et les supercalculateurs peut bouleverser notre monde » a continué Cédric O, le secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques.
« Un certain nombre de technologies sont en compétition et les acteurs peuvent faire des choix différents. Aujourd’hui, dans un domaine où aucune technologie ne s’est imposée définitivement comme la technologie de référence, il importe de pouvoir hybrider ces technologies et c’est le choix qui a été fait par la plateforme quantique » a ajouté le secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des communications électroniques.
« Cette plateforme doit être une plateforme pour l’écosystème français et européen et nous appelons l’ensemble des startups françaises et européennes à en tirer parti et a s’inscrire dans la dynamique de cette plateforme. Nous voulons qu’elle soit un vrai levier en matière de développement technologique et de développement économique. Nous avons en France un certain nombre de pépites. Je pense à Quandela, à Pascal, à Alice et Bob et nous voulons faire en sorte que cette plateforme puisse servir au développement de ces Startups», a insisté ce proche d’Emmanuel Macron.
« Il y a, depuis près de 5 ans maintenant, une volonté de la France d’être au rendez-vous des multiples défis technologiques qui se posent à nos économies, à nos sociétés, à nos nations également compte tenu des impératifs et des enjeux de souveraineté qui sont attachés à ces questions et je pense que Florence Parly y reviendra » a conclue Cédric O avant de passer la main à la ministre des Armées.
« Une filière quantique souveraine » Florence Parly
« Nous plaçons beaucoup d’espoirs dans ces technologies de calcul quantique. En théorie, elles devraient permettre de réaliser des calculs aujourd’hui inaccessibles pour des processeurs classiques. Pour le ministère des Armées, cette capacité de calcul phénoménale serait un véritable atout pour prolonger les travaux extrêmement sensibles menés dans le domaine de la dissuasion par la Direction des Applications Militaires du Commissariat à l’Énergie Atomique, mais aussi dans les combats de demain. Elle pourrait traiter en un temps record des milliards de données, par exemple à des fins de renseignement. Elle permettrait d’améliorer l’efficacité de nos systèmes composés de milliers de véhicules ou de satellites, en optimisant l’ensemble des trajectoires tout en tenant compte de leurs dynamiques individuelles », précise Florence Parly.
« Cette plateforme sera un laboratoire au profit de notre pays tout entier. Car nous sommes fiers de participer avec le lancement de cette plateforme à la construction d’une filière quantique souveraine » continue la ministre avant d’ajouter : « Multiplier les utilisateurs et les usages de cette plateforme nous rendra plus forts. Aussi, la souveraineté n’étant pas synonyme de protectionnisme ou d’isolationnisme, nous sommes fiers que des chercheurs internationaux, d’Europe ou d’outre-atlantique rejoignent cette communauté du quantique ».
Cette Plateforme nationale de Calcul quantique qui sera hébergée au Très Grand Centre de Calcul implanté au CEA DAM (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies renouvelables et Direction des Applications Militaires) est hybride à plus d’un titre puisqu’elle pourra attirer des startups de la société civile, mais également les acteurs industriels de la Défense. Pas étonnant quand on sait à quel point le gouvernement d’Emmanuel Macron considère le quantique comme un secteur stratégique. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Edouard Philippe a été nommé au conseil d’administration d’Atos, le géant français du numérique, leader européen du cloud, de la cybersécurité et du supercalcul qui s’oriente de plus en plus vers les technologies quantiques.