A l’occasion de la célébration du « 20ème anniversaire du Bureau de l’OMS à Lyon », nous avons rencontré Nedret Emiroglu, directeur du département de renforcement de la préparation des pays au sein du programme d’urgences sanitaires de l’OMS.
Le bureau de l’OMS à Lyon compte parmi ses partenaires : le gouvernement français, la Métropole de Lyon et la Fondation Mérieux. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces partenariats ?
Le Bureau de l’OMS à Lyon n’est pas seulement le résultat d’une collaboration entre le gouvernement français et l’OMS. C’est un partenariat avec les instituts nationaux de toute la France, mais aussi avec la Métropole de Lyon et les acteurs de santé lyonnais. Le gouvernement français et la Métropole nous apportent un soutien financier, mais ce n’est plus le cas de la Fondation Mérieux. Elle nous a soutenu financièrement au début, lors de la création de l’Office à Lyon, mais maintenant il s’agit plus d’une collaboration et d’un partenariat technique. La Fondation avec ses experts et son expertise nous apporte un soutien précieux, et nous travaillons également avec de nombreux autres instituts et structures de l’écosystème lyonnais. La ville de Lyon est une référence dans le domaine de la santé, c’est pourquoi elle a été choisie pour accueillir ce bureau. Le bureau de l’OMS à Lyon joue un rôle majeur dans le renforcement de la mise en œuvre du RSI (Règlement sanitaire international) et le développement des capacités de base nécessaires.
Pouvez-vous nous en dire plus sur le Règlement sanitaire international ?
ll s’agit d’un instrument juridique de droit international, qui est juridiquement contraignant et qui a été approuvé par 196 États membres de l’OMS. Il s’agit d’un instrument dont l’objectif est de prévenir la propagation internationale des maladies et des menaces pour la santé, de s’en protéger, de la contrôler et d’y apporter une réponse de santé publique. Lors de la dernière Assemblée mondiale de la santé, les 196 États membres se sont engagés à renforcer leur capacité à mieux détecter et gérer les urgences sanitaires au sens large, dans les situations de pandémie, comme le Covid 19, mais aussi à renforcer leur capacité de préparation afin d’être prêts à répondre aux urgences de manière rapide et efficace. S’il existe une menace susceptible de se propager, ils s’engagent également à la signaler à l’OMS, dans les meilleurs délais.
Lors de la conférence, le professeur Salomon et Stéphanie Seydoux, l’ambassadrice pour la santé mondiale, ont indiqué que la France soutiendrait la réforme de l’OMS et la mise en place de mesures sanitaires renforcées au niveau international. Quelles seront ces mesures ?
La France est un pays qui a toujours soutenu l’OMS et ses efforts de réforme et nous lui en sommes reconnaissants. En mai dernier, lors de la 74e session de l’Assemblée mondiale de la santé, qui est l’organe directeur de l’OMS, il a été décidé de créer un groupe de travail sur le renforcement de la préparation et de la réponse de l’OMS aux urgences sanitaires. Dans ce groupe de travail, il y a six représentants des États membres de l’OMS, dont un Français : Le mois dernier, le 29 novembre, une session spéciale de l’Assemblée mondiale de la santé de l’OMS s’est tenue pour discuter de la manière de renforcer la préparation et la réponse aux urgences sanitaires mondiales et a décidé de créer un organe intergouvernemental, de définir les mécanismes de gouvernance, de financement et les systèmes, outils et structures nécessaires. Les pays discutent de cette question en même temps que des efforts visant à renforcer la mise en œuvre du RSI.
Où en sommes-nous avec cette pandémie de Covid 19 ?
Si vous m’aviez posé cette question il y a 4 ou 6 semaines, je vous aurais dit que la situation n’était pas si mauvaise. Maintenant, il y a eu un changement spectaculaire et la vague de pandémie recommence à augmenter, surtout en Europe. Il n’y a pas assez de respect pour la santé publique et les mesures sociales comme la distanciation physique, le port du masque, l’hygiène des mains, l’évitement des espaces bondés, etc. Je comprends que les gens soient fatigués après tout ce temps, qu’il y ait un sentiment de protection avec la vaccination. Plus le virus circule et plus il mute, plus il est probable qu’il y ait un nouveau variant préoccupant. Il y a un suivi de toutes ces mutations pour prévenir l’arrivée de ce type de variant. M. Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS, a déclaré : « Nous ne devons pas seulement nous protéger nous-mêmes, nous devons protéger les autres ». Nous avons besoin de solidarité et aussi d’équité dans la distribution des vaccins, des traitements et des tests.
Cependant, nous pouvons constater que les pays les plus riches ont monopolisé les vaccins. Que pensez-vous de cela ?
C’est effectivement un problème. L’initiative COVAX a été mise en place et au 6 décembre 2021, elle avait déjà redistribué 610 millions de vaccins dans 144 pays, mais ce n’est pas suffisant. Les pays qui ont le plus de moyens ont initié des accords directs avec les compagnies pharmaceutiques qui affectent l’approvisionnement mondial afin de fournir suffisamment de doses pour tous les groupes à haut risque. La France soutient le programme COVAX et a déjà fait don de nombreuses doses. La France donne beaucoup, mais les besoins sont énormes.