Un juge fédéral américain a décrété que l’appellation gruyère était devenue un terme générique, puisque les États-Unis en produisent depuis les années 1980, et que la majorité du gruyère importé provient d’Allemagne et des Pays-Bas.
Cette décision peut avoir des effets néfastes dans les Alpes : le gruyère ne peut pas être inscrit au registre des marques pour le réserver aux produits originaires de Suisse et de France. Une énorme déception pour tous les producteurs de gruyère français et suisses qui tentent de conserver cette appellation.
Le juge Thomas Selby Ellis révèle dans une décision d’une trentaine de pages que des producteurs américains fabriquent du gruyère, dans l’État du Wisconsin, depuis les années 1980. Le rapport indique également que la production de plus de la moitié du gruyère importé aux États-Unis entre 2010 et 2020 était produite en Allemagne et aux Pays-Bas.
« Des décennies d’importations, de production et de ventes de fromages appelés “gruyère”, mais produits en dehors de la région de la Gruyère en France et en Suisse, ont érodé le sens du terme et l’ont rendu générique », écrit-il. Même les dictionnaires ne mentionnent pas l’origine géographique de ce « fromage de lait de vache, à pâte cuite formant des trous » bien qu’il soit apparu dès le XIIe siècle dans les Alpes précise le magistrat.
Bras de fer avec les producteurs français et suisses
Les professionnels du fromage au lait cru de vache comptent faire appel. Ils sont en désaccord avec cette nouvelle décision. L’interprofession du Gruyère représentant les acteurs du secteur en Suisse, et le Syndicat interprofessionnel du Gruyère ont fait part lundi de leurs intentions de faire appel de cette décision. Pour ces fabricants, le gruyère, qui bénéficie d’appellations d’origine protégée dans les deux pays, « est produit avec soin à partir d’ingrédients locaux et naturels, en utilisant des méthodes traditionnelles qui assurent une liaison entre la région d’origine et la qualité du produit final ».
« Du fromage fait dans le Wisconsin ne peut pas reproduire le goût unique du vrai gruyère fait en Suisse ou en France », ont-ils souligné dans leur plainte originelle.