Jeudi 20 janvier, une conférence de presse a été organisée au siège du Parti socialiste du Rhône pour lancer le comité de soutien départemental d’Anne Hidalgo qui a présenté son programme.
Alors que les polémiques se sont multipliées autour de la Primaire Populaire et que celle-ci est devenue une initiative citoyenne, les soutiens d’Anne Hidalgo à Lyon se mobilisent autour de la candidate officielle du PS. Le samedi 15 janvier, Christiane Taubira avait annoncé sa candidature depuis la Croix-Rousse, éclipsant la visite d’Anne Hidalgo à Vaulx-en-Velin. Jeudi 20 janvier, une conférence de presse a été organisée au siège du parti socialiste du Rhône, pour lancer le comité de soutien départemental à Anne Hidalgo. Christiane Constant, première secrétaire de la fédération PS du Rhône, Alexia Descours, responsable de Génération Hidalgo, Fabrice Matteucci, responsable de la fédération PS du Rhône et Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin, membre du comité de campagne d’Anne Hidalgo en tant que porte-parole et référente nationale Territoires et Politique de la Ville, étaient présent(e)s pour soutenir la candidate et détailler son programme.
« Le PS est le seul parti à gauche à avoir des fédérations dans tous les départements. Nous avons souhaité organiser des conférences de presse dans les fédérations pour informer au niveau national sur le projet d’Anne Hidalgo. Nous sommes les seuls à gauche, à avoir des élus dans toutes les communes, dans toutes les grandes villes, dans tous les départements, et dans les régions. Nous sommes présidents d’une 30aine de départements, présidents de 5 régions en France. Nous sommes le premier parti à gauche, un parti incarné, avec des racines profondes, des racines historiques», a commencé Christiane Constant.
« Il faut que les débats sortent de l’immigration et de Zemmour. Avec les sondages, il est difficile de garder confiance, mais il faut se dire que les gens vont se réveiller et que l’électeur voudra parler santé, éducation. Il n’y a aucune raison de manquer de confiance malgré les difficultés actuelles », a tenu à dire Thierry Philipp, l’ancien adjoint au maire de Lyon, vice-président de la Métropole et maire du 3e arrondissement lors d’un message vidéo à défaut de pouvoir être présent.
Un programme élaboré par «les grandes voix du Parti socialiste»
Suivant les recommandations de Thierry Philipp exhortant à parler des préoccupations des Français, les membres du comité de soutien à Anne-Hidalgo sont revenus sur le programme de la candidate à l’élection présidentielle. Un programme qui repose sur 70 propositions concrètes pour faire face au défi écologique, au défi social et au défi économique. Parmi ces propositions on retrouve par exemple : une augmentation du SMIC de + 15% (1460 euros soit 200 euros de plus par mois), la retraite à 62 ans, avec un minimum de 1200 euros et prise en compte de la pénibilité, un milliard d’euros pour la lutte contres les violences faites aux femmes, la création d’un ministère du climat, de la biodiversité et de l’écologie, dont le ou la ministre serait le numéro 2 du gouvernement, un impôt sur la fortune climatique avec une augmentation des impôts de succession des très hauts patrimoines et une augmentation de la fiscalité des multinationales, le passage dès que possible à 100% d’énergies renouvelables, un prêt à taux 0 pour la voiture électrique ou l’individualisation de l’AAH (Allocation Adulte Handicapé). On retrouve également des mesures pour la jeunesse avec, par exemple le droit de vote accordé aux plus de 16 ans, ou un minimum jeunesse des 18 ans.
« Anne Hidalgo propose un minimum jeunesse dès 18 ans comme c’est déjà le cas dans 23 pays de l’Union européenne. Elle propose aussi une dotation d’un capital de 5000 euros pour commencer sa vie, que ce soit pour un projet personnel ou professionnel. Elle propose également d’autres mesures pour l’université, notamment de supprimer Parcoursup pour que l’université devienne plus humaine et plus juste vis a à vis des étudiants. On est fière de porter toutes ces mesures qui concernent véritablement la jeunesse, mais aussi pour un programme qui nous concerne pour demain, comme lutter contre les inégalités écologiques, sociales et environnementales » a détaillé Alexia Descours, responsable de Génération Anne Hidalgo, comité de soutien de la jeunesse à la candidate socialiste.
Hélène Geoffroy, maire de Vaux-en-Velin et membre du comité de campagne qu’Anne Hidalgo a dévoilé lors d’une conférence de presse organisée le mardi 18 janvier, est ensuite revenue sur la composition de ce comité. « Il reflète le parti socialiste, avec Jean Jouzel, climatologue, Laurent Joffrin, journaliste, Bernard Cazneuve ou Martine Aubry. Les voix fortes, historiques de la gauche de gouvernement qui ont participé à la construction d’un programme qui va dire la solidité, la crédibilité d’Anne Hidalgo. Ça va être un moment de vérité. Projet contre projet, chaque candidat pourra dire quels sont les projets qu’ils portent pour la France », a-t-elle déclaré.
« Il s’agit d’un programme budgétisé, ce n’est pas un programme hors sol, mais un programme travaillé par l’ex-ministre du Budget, Mr Eckert et d’autres comme Valérie Rabault, présidente du groupe socialiste à l’Assemblée nationale (qui a été la première femme rapporteure générale du budget à l’Assemblée nationale, NDLR). Un programme à 50 milliards de dépenses pour 50 milliards de recettes » a ajouté Christianne Constant.
Fabrice Matteucci, responsable de la fédération PS du Rhône a quant à lui parlé d’un : « programme volontaire, tourné vers l’avenir. Un projet de transformation social avec l’idée de réimplanter dans nos modes de fonctionnement, dans nos pratiques, la question de la sécurité, mais dans un sens social. Anne Hidalgo ne s’est pas éloignée de ces questions de sécurité. C’est un enjeu pour nous, mais avec un positionnement axé sur l’humain. Un projet qui s’appuie sur les enjeux de prévention, d’anticipation, de rencontre, de proximité. Dans cette campagne, il y a des enjeux traditionnels de campagne, d’aller à la rencontre des électeurs, mais aussi de questionner nos compatriotes sur les enjeux futurs de cette société dans laquelle on est et que l’on construit. On suit les sondages, mais on ne s’arrête pas dessus. Nous avons la volonté de pouvoir rassembler le plus de monde derrière la candidature d’Anne Hidalgo, de réunir la gauche, non pas de la diviser, mais de la réunir ».
Une union qui a du mal à se concrétiser
Cette union a toutefois du mal à se concrétiser. Rappelons qu’Anne Hidalgo avait été la première à lancer l’idée d’une candidature unique de la gauche, mais elle avait dû rebrousser chemin devant les refus de Dominique Jadot, Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou, de participer à une primaire. François Hollande a fini d’enterrer cette idée en déclarant : « L’idée d’une candidature d’union n’a de sens que s’il y a un programme commun ». Depuis Christiane Taubira, qui a annoncé : « Je reconnais les règles de la primaire populaire et j’en reconnaitrai le résultat », joue la carte de la Primaire Populaire qui est devenue une initiative citoyenne. Arnaud Montebourg a adressé un courrier au peuple de gauche, alertant sur les dangers de la division alors que l’extrême droite qui réunit 30% des électeurs est selon lui, « aux portes du pouvoir » et il a joint le geste à la parole en renonçant à présenter sa candidature.
Les soutiens d’Anne Hidalgo comptent sur un programme solide et l’appareil du parti socialiste, qui reste une formidable machine, ancrée dans l’Histoire et les territoires, pour insuffler une dynamique et imposer la candidate à l’élection présidentielle, même si elle peine pour l’instant à dépasser les 4% dans les sondages et que son meeting du samedi 22 janvier a eu du mal à déplacer les foules.
Anne Hidalgo était bien consciente qu’une gauche unie avait peut-être les moyens de faire face à Emmanuel Macron et aux 30 % d’électeurs séduits par l’extrême droite, mais désormais son objectif est de réunir les socialistes. « Je ne tiendrai aucun compte du résultat de cette primaire. J’ai tourné la page, j’avance », a depuis déclaré Anne Hidalgo, le 21 janvier à Franceinfo, se disant choquée par les méthodes de cette initiative populaire. Une nouvelle polémique a en effet vu le jour autour de cette primaire. Dans une courte séquence, l’un de ses fondateurs Samuel Grzybowski a affirmé que l’objectif de cette consultation citoyenne est d’empêcher Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélecnhon et Yannick Jadot d’avoir leurs 500 signatures. « Normalement la Primaire c’était censé être quelque chose de frais, de positif, c’est totalement disqualifiant », a commenté Anne Hidalgo avant d’ajouter : « Ils peuvent retirer mon nom ». Anne Hidalgo a également indiqué que la candidature de Christiane Taubira créait « de la confusion ». Leurs deux noms figureront tout de même sur la liste soumise aux électeurs de cette consultation populaire à laquelle 73% du peuple de gauche serait favorable et qui comptait 467 000 participants inscrits au soir du dimanche 23 janvier, soit plus que les primaires EELV (120 000 participants) et LR (140 000 participants) réunies.
« Nous n’accepterons pas le résultat, mais on ne va pas dire à nos militants de ne pas aller voter, on n’est pas plus débiles que les autres. On voit que Mélenchon et Jadot sont en train de faire entrer des adhérents pour influencer le résultat et se présenter en vainqueurs, même si personne ne l’acceptera au final » a déclaré Olivier Faure, le patron du Parti socialiste à Libération, à propos de la Primaire Populaire. La direction du PS semble vouloir laisser les fédérations et les militants se déterminer par rapport à cette consultation populaire. Selon le Canard enchainé, la fédé PS de Seine-et-Marne a envoyé un mail à ses militants pour les inciter à s’inscrire et à participer à ce vote. Lundi, on apprenait que Corinne Narassiguin, la n°2 du PS allait participer à cette initiative populaire.