CENTURION est un programme qui vise à élaborer la tenue du combattant de 2030. À Écully, près de Lyon, Techterea, le pôle de compétitivité de la filière textile française, accompagne la Direction Générale de l’Armement dans ce projet.
La Direction Générale de l’Armement (DGA) a lancé au mois de décembre 2019 le programme CENTURION (Cadre d’Études de Nouvelles Technologies et nouveaux Usages pour une Rapide Intégration au CombattaNt) afin d’élaborer le futur équipement du combattant débarqué à l’horizon 2030. Il s’agit d’un dispositif de contractualisation piloté par la DGA avec l’aide de Safran et Thalès, deux Grandes Entreprises françaises du secteur de la Défense. La DGA cherche à animer un écosystème industriel national et elle s’est dotée pour cela d’un site Internet : centurion-combattant.fr. CENTURION accompagne et finance déjà 19 projets réunissant 24 entreprises et laboratoires de recherche.
Concernant la partie protection souple de cette future tenue, la DGA, s’est tout naturellement rapprochée de Techtera, pôle de compétitivité de la filière textile française situé à Écully.
Techtera et l’Armée se sont rapprochés au début de la pandémie pour élaborer les masques grands publics
« Au début de la pandémie de Covid, lors de la pénurie de masques, nous avions été approchés par l’État et nous avions contribué à l’élaboration des masques grand public, car l’État voulait s’assurer qu’ils aient une filtration suffisante. La DGA avait fait des tests de pénétration, Techtera a collecté ces données et nous avons travaillé sur une base de données de matières. Cela nous a rapprochés », nous explique Stéphane Bone, chargé de projets Innovation de Techtera.
« Dans le cadre du programme CENTURION, la DGA nous a sollicités pour nous occuper de l’aspect textile qui est plus particulier qu’il n’y parait », ajoute-t-il.
Le 5 janvier dernier, Techtera a lancé un appel à compétences concernant la protection souple, ouvert à l’ensemble de la filière textile française en vue d’applications dans la balistique, l’anti-perforation et la protection contre les explosions et les éclats.
« L’enjeu de cette protection est de protéger le soldat, mais il doit également pouvoir rester mobile », a précisé Stéphane Bone aux acteurs intéressés par cet appel, lors d’un webinaire organisé dans la matinée du 14 janvier 2022.
« La DGA a une véritable volonté de s’ouvrir au secteur privé. Nous avons un rôle d’interface entre les entreprises et l’armée », conclut le chargé de projets Innovation de Techtera.
Des fibres à base de soie d’araignée
D’après un article du site forcesopérations.com, la DGA semble également intéressée par les recherches de Techtera qui travaille sur l’application militaire prometteuse de fibres à base de soie d’araignée. Avec Safran, le pôle régional étudie en effet, les capacités d’approvisionnement de la filière française en la matière et réalise une caractérisation des propriétés mécaniques de telles fibres.
Les recherches de Techetera sont basées sur le biomimétisme, une technique qui ne date pas d’hier, puisqu’elle était chère à Léonard de Vinci, qui disait apprendre de la nature pour y trouver notre futur. Dès le XVe siècle, le génie s’inspira des chauves-souris pour tenter de concrétiser le rêve d’Icard, concept bio-inspiré qui deviendra réalité en 1890, lorsque Clément Ader, ingénieur français, pionnier de l’aviation fera décoller pour la première fois un engin motorisé plus lourd que l’air.
D’autres entreprises de la région Auvergne-Rhône-Alpes collaborent avec la DGA sur le projet CENTURION. L’entreprise iséroise Pixalis travaille par exemple avec Thales, sur les outils de vision nocturne qui équiperont la tenue du combattant français en 2030, tandis que le Laboratoire de Conception et d’Intégration des Systèmes (LCIS) de Grenoble planche sur l’antenne du futur casque.