Dans un communiqué commun, la ville de Lyon, la Métropole et la Région annoncent que « les conditions ne sont pas encore réunies » pour l’extension du siège d’Interpol.
Interpol, l’organisation de coopération policière internationale attend des engagements financiers de la part des autorités françaises pour finaliser le projet d’extension de son siège à Lyon. Ce projet est en cours de discussion depuis 2015 pour un budget estimé entre 40 et 50 millions. L’institution internationale se sent à l’étroit dans ses locaux de la cité internationale et se pose des questions. Il faut dire qu’Interpol qui comptait 250 agents lors de son installation à Lyon en 1989, en compte désormais 700.
Gérald Darmanin qui s’inquiète d’un départ d’Interpol avait rendu visite à son secrétaire général le 7 octobre dernier, pour le rassurer sur les intentions françaises. Fin octobre, il avait adressé un courrier à Grégory Doucet, le maire de Lyon, en même temps qu’une copie au quotidien régional Le Progrès dans lequel il demandait au maire écologiste de « confirmer … l’engagement de la ville de Lyon » afin de pouvoir programmer une « réunion de bailleur ». Dans ce courrier le ministre de l’Intérieur indiquait que : « l’engagement français à financer le projet d’extension était acquis sur la base d’un tiers pour l’État et de deux tiers pour les collectivités territoriales ». « Face aux difficultés à officialiser l’engagement français, plusieurs pays, en particulier les Émirats Arabes unis, se sont positionnés pour financer et accueillir la direction exécutive des services de police », indiquait Gérald Darmanin dans ce courrier avant d’ajouter : « ce transfert ne laisserait à Lyon (…) qu’une coquille symbolique précédant un départ inéluctable du siège ». Grégory Doucet avait alors déploré la méthode du ministre de l’Intérieur et au mois de novembre, Bruno Bernard et le président de la Région, Laurent Wauqiuez avait déjà répondu à Gérald Darmanin, lui demandant de mettre la main à la poche.
Un communiqué commun
Dans un communiqué commun en date du 1er février, la Ville de Lyon, la Métropole et la région Auvergne-Rhône-Alpres annoncent qu’une visio conférence a eu lieu le lundi 31 janvier entre Gérald Darmanin, Grégory Doucet, Nicolas Daragon, le vice-président de la Région et Bruno Bernard, le président de la Métropole, en présence de Pascal Mailhos, le préfet de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.
« À l’occasion de cet échange, les trois collectivités ont demandé une clarification de la position de l’État sur l’élection du nouveau président d’Interpol visé par plusieurs plaintes pour « torture » et « actes de barbarie » indique le communiqué.
La polémique
Il faut dire que ces désaccords entre l’État et les collectivités concernant le financement de l’extension d’Interpol ont lieu dans un contexte de polémique depuis la nomination du général émirati Ahmed Nasser Al-Raisià à la présidence de l’institution internationale, le 25 novembre dernier. Avant cette officialisation, 35 parlementaires menés par Hubert Julien-Laferrière, député EELV et ex LREM avaient d’ailleurs adressé un courrier à Emmanuel Macron pour lui demander de s’opposer à cette candidature. Cette nomination avait ensuite fait bondir les défenseurs des droits humains. Le maire de Lyon est particulièrement attaché à cette question, comme en témoigne l’évènement piloté par la ville de Lyon en coopération avec les associations de Défense des droits humains lyonnaises lors de la Journée internationale des droits de l’Homme.
Les collectivités rappellent leur attachement à Interpol
Dans ce communiqué, intitulé : « Interpol : pour les collectivités, les conditions de son pas réunies », la région Auvergne-Rhône-Alpes, la métropole de Lyon et la ville de Lyon ont tout de même souhaité rappeler leur attachement à l’implantation du siège d’Interpol.
« Elles regrettent la méthode de travail engagée par l’État sur ce dossier depuis 2015 qui n’a pas permis la présentation d’un dossier précis sur ce projet d’extension. Les collectivités rappellent être prêtes à s’engager sur ce dossier, sur la base d’éléments étayés, chiffrés et conformes aux engagements pris par l’État en 2018, qui doit rester financièrement pilote de ce dossier. Le siège de l’Organisation internationale de police criminelle est installé à Lyon depuis 1989, et ce alors que d’autres antennes ont ouvert à l’international, gage de cohérence de cette implantation sur le territoire français », peut-on lire dans le communiqué.
Créé à Vienne, en Autriche en 1923, le siège d’Interpol avait été transféré à Saint-Cloud en 1923, puis à Paris, avant de s’installer à Lyon, à la faveur de la décentralisation.