À l’occasion de la visioconférence sur la reconnaissance faciale organisée par la Mission Ecoter, le 1er février, nous avons posé quelques questions à Alain Melka, le Directeur général des services de cette association qui accompagne les collectivités et les entreprises sur les questions du numérique.
Alain Melka, vous êtes Directeur général des Services de la Mission Ecoter, qu’elle est son origine ?
Ça a été une volonté, il y a une vingtaine d’années, des membres fondateurs de la mission Ecoter, en constatant l’arrivée des nouvelles technologies, telle la révolution industrielle de la fin du 19e siècle. À cet effet, il a été décidé de mettre en place cette mission qui devait accompagner pendant 2 ans les collectivités et les entreprises à passer ce cap. Or l’essence même des nouvelles technologies étant d’être en perpétuelle évolution, il était logique de poursuivre cette Mission en accompagnant les collectivités et les entreprises via des colloques, des guides, des rencontres et des formations…
Quand j’ai rejoint, avec Quentin Meullemiestre, aux cotés d’Olivier Julienne et de Natalie Herrouin, la Mission Ecoter, il y a 4 ans, notre objectif premier a été de contribuer à la nouvelle dynamique de l’association et de la rendre encore plus visible dans les territoires, en nous associant à de grands événements notamment le Salon International de l’Agriculture, les Assises européennes de la transition énergétique et le Sommet International de l’Innovation en Villes médianes à Nevers chez Denis Thuriot, Maire et Président de l’Agglo. Je tiens à préciser que nous avons été les tout premiers co-organisateurs du SIIVIM. Par ailleurs, nous organisons avec notre membre fondateur et partenaire privilégié la Caisse des Dépôts/Banque des Territoires, des événements dont les problématiques sont liées aux collectivités locales et territoriales.
Très rapidement après le premier confinement dû à l’épidémie de covid-19, nous avons innové en réalisant nos colloques en visioconférence. Nous avons pu le faire grâce au partenariat et au soutien de la production technique Les Émotionneurs. Il est très intéressant de noter que la visioconférence, avec ces moyens techniques, nous permet de toucher une grande partie des élus, agents et cadres d’entreprises du territoire national et notamment les outre-mer !
Comment vous est venue cette idée de visioconférence sur la reconnaissance faciale ?
Cette idée de visioconférence a germé à la suite d’une tribune écrite par notre Président, Christian Estrosi, tribune qui a suscité beaucoup de réactions. Ainsi, à la Mission Ecoter nous trouvons qu’il est essentiel d’ouvrir le débat sur toutes les problématiques liées aux nouvelles technologies comme la reconnaissance faciale. L’idée première était de poser le débat, en réunissant différents acteurs, experts, autour de cet épineux sujet. À cet effet, comme vous avez pu le constater, la CNIL a répondu favorablement à notre invitation, ce qui de mon point de vue a éclairé et enrichi le débat. Cette visioconférence nous a permis d’avoir une belle résonnance qui nous permettra d’y revenir en cours d’année. Enfin, un point où toutes les parties semblent être d’accord est celui du cadre qui permettra de garantir la liberté individuelle et collective de nos concitoyens. Mais surtout, laissons la reconnaissance faciale, expérimentations comprises, aux professionnels !
Qu’est-ce que vous laissez entendre par cela ? Vous êtes plutôt partisan de laisser l’organisation de ce genre d’expérimentation à des entreprises comme Atos ?
Je pense en effet qu’il faut que cela soit pris en mains par de vrais professionnels tels Atos ou d’autres d’entreprises expertes en la matière. À titre personnel, j’enseigne la Cybersécurité dans une prestigieuse Université à Genève d’où l’importance qui est mienne sur la sensibilisation et la formation sur ce sujet. Au niveau des collectivités, on est parfois confronté à différents problèmes quand il s’agit de la formation de nos élus et surtout quand cela concerne la cybersécurité. Pour certains élus, ces problématiques leur semblent assez lointaines. C’est un peu comme une maladie ou un accident de voiture, ça n’arrive pas qu’aux autres !
Vous parliez du débat sur la vidéo surveillance. Selon vous, le débat sur la reconnaissance faciale est-il comparable ?
Concernant la vidéosurveillance, nous avons eu des débats passionnants et passionnés, ce qui a permis des échanges constructifs, quelle que soit la couleur politique des différents acteurs. Quand il s’agit de notre propre sécurité, je pense qu’il faut avancer en dehors de tous clivages partisans. Mon Président délégué, Bertrand Ringot, Maire PS de Gravelines a équipé sa commune de plus d’une centaine de caméras de vidéosurveillance alors que sa ville compte 12.000 habitants.
Autre point, peu abordé, par manque de temps lors de la visioconférence l’organisation des JO à Paris, en 2024. Je me demande si le CIO ne va pas nous imposer l’utilisation de la reconnaissance faciale sur certains points. Pour l’instant, la France, selon moi pour des raisons de calendrier, et malgré les différentes expérimentations, est pour le moins réticente.
Quelle est la représentation des instances de la Mission Ecoter ?
Il existe depuis toujours une véritable alternance politique au sein même des instances de notre association. Nous avons dans nos instances différentes sensibilités représentées, à l’instar de Denis Thuriot (Maire de Nevers, LREM. NDLR), Jean Rottner (Président de la Région Grand Est, Les Républicains, NDLR), Philippe Laurent (Maire de Sceaux, UDI, NDLR), Florence Brutus (Vice-Présidente de la Région Occitanie, PRG)…
Nous avons eu par le passé à la présidence : Nicolas Sarkozy, Ségolène Royale, Jean-Pierre Raffarin, Gilles Quinquenel, Jean-Paul Huchon… J’aimerais préciser que la Mission Ecoter est une association qui vit par les adhésions des collectivités et des entreprises membres ainsi que par notre activité de formations d’élus, d’agents territoriaux et de cadres d’entreprises. Enfin, nous accompagnons certaines collectivités, comme nous l’avons fait à Niort, afin de bâtir la ville intelligente, en mettant à disposition des experts, des outils… pour que les élus puissent travailler en ce sens.