Dans un tweet publié le 25 février, le président ukrainien indique qu’Emmanuel Macron lui aurait affirmé au cours d’un appel téléphonique que des sanctions à l’égard de Vladimir Poutine et l’exclusion de la Russie du réseau SWIFT venaient d’être « approuvés ». Cette mesure n’a pas encore été officialisée, mais elle semble imminente.
La suspension de la Russie du réseau interbancaire SWIFT (qui permet de réaliser des transferts d’argent ou des opérations de devises NDLR) est sans doute la sanction économique que redoute le plus la population russe à l’heure actuelle.
Avec l’escalade du conflit en Ukraine, de plus en plus de pays sont favorables à cette mesure, même si les européens restent divisés sur la question. L’exclusion de la Russie du réseau SWIFT pourrait en effet mettre à mal toute l’économie mondiale. Un spécialiste des énergies qui préfère garder l’anonymat nous indiquait hier, que cette mesure aurait des conséquences catastrophiques pour ce marché, même s’il était plutôt optimiste sur d’autres sujets comme les réserves de gaz dont disposent les européens ou les alternatives possibles au gaz russe que représente des pays comme le Quatar.
L’Allemagne, qui est dépendante de la Russie en matière d’énergies, n’était pas favorable à cette sanction, mais avec l’intensification du conflit en Ukraine, elle commence, elle aussi, à se poser des questions.
La France semble avoir carrément changé son fusil d’épaule. Vendredi matin, Bruno Lemaire déclarait que cette mesure était « la toute dernière option », avant de revoir sa position quelques heures plus tard.
« Certains États membres ont fait part de réserves, la France ne fait pas partie de ces États (…) Il faut qu’il y ait un consensus européen », a déclaré le ministre de l’Économie et des Finances. Un consensus qui pourrait avoir été trouvé.
Dans un tweet posté en français, le 25 février peu avant minuit, Volodymyr Zelensky, le président ukrainien qui milite pour que la Russie soit suspendue du SWIFT a indiqué qu’il venait d’avoir Emmanuel Macron au téléphone.
« Emmanuel Macron vient de m’appeler. C’est un véritable ami de l’Ukraine. La France est avec nous dans les moments les plus difficiles. Le débranchement de SWIFT et des sanctions personnelles contre Poutine viennent d’être approuvés. Ainsi que le soutien en équipement de défense. Merci la France », indiquait-il.
Le président ukrainien qui est très actif sur les réseaux sociaux, indique quasiment en temps réel les conversations qu’il a avec les dirigeants du monde entier, mais il a peut-être parlé un peu vite.
L’Élysée a confirmé ce matin au journal le Parisien : « qu’Emmanuel Macron a bien fait part de son soutien, car cette mesure n’est pas encore adoptée. Nous sommes favorables et travaillons avec les Allemands et les Italiens en ce sens ».
Dans un tweet publié le 26 février à 10h30, Volodymyr Zelensky a d’ailleurs annoncé que Mario Draghi, le chef du gouvernement italien soutenait également l’exclusion de la Russie du SWIFT.
Cette mesure ne pourra être adoptée qu’avec l’accord des 27 états membres, mais la France qui préside le Conseil de l’Union européenne semble désormais pousser en faveur de son adoption et de nombreux pays semblent prêt à franchir le pas.
Selon le site de l’association nationale Rosswift, la Russie serait au sein du réseau SWIFT le deuxième pays après les États-Unis en nombre d’utilisateurs avec quelque 300 banques et institutions membres. Sa suspension pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l’économie russe, mais également sur l’économie mondiale, même si la Russie dispose de solutions alternatives comme le SPSF, un système de messagerie alternatif.
Les Occidentaux avaient décidé de sanctions graduelles contre la Russie. L’exclusion du système interbancaire SWIFT était considérée comme une solution de dernier recours. Ils n’avaient pas voulu non plus s’en prendre directement à Vladimir Poutine, même s’ils avaient ciblé de hauts dignitaires russes.
Depuis que la Russie a lancé son opération militaire en Ukraine, l’Union européenne a décidé de mettre Vladimir Poutine sur la liste des personnes sanctionnées et Londres a annoncé le gel de ses avoirs britanniques.
Il ne serait donc pas étonnant que les pays européens décident d’exclure la Russie du réseau SWIFT, même si cette décision pourrait avoir des conséquences désastreuses.
« Toutes les options sont sur la table. Il reste que quand on a une arme nucléaire financière entre les mains, on réfléchit avant de l’utiliser », disait Bruno Lemaire lors d’une conférence de presse le 25 février.
Les tweets de Volodymyr Zelensky semblent indiquer que l’officialisation de cette sanction est imminente.