Jean-Luc Mélenchon a réuni aux alentours de 10 000 personnes lors de son « meeting pour la paix » qu’il a tenu le dimanche 6 mars à la Croix-Rousse. Auteur d’un discours pacifiste, il est passé à l’offensive au moment d’évoquer le bilan d’Emmanuel Macron.
Lyon et plus particulièrement la Croix-Rousse est devenu « the place to be » pour les candidats de gauche qui apprécient la portée symbolique de la Révolte des canuts et de la Résistance. Christiane Taubira avait annoncé sa candidature à l’élection présidentielle lors de sa déclaration de la Croix-Rousse, qu’elle avait prononcé depuis la montée de la Grande Côte. Yannick Jadot avait présenté son programme le « projet des possibles », lors de son meeting à la salle H7, situé dans le quartier de la Confluence. Jean-Luc Mélenchon a également choisi la colline qui travaille pour organiser son « meeting pour la paix », qui a eu lieu le mercredi 9 mars sur l’esplanade du gros Caillou.
En 2017, il avait déjà tenu son « meeting hologramme » à Lyon et plus précisément à Eurexpo.
Dimanche, Jean-Luc Mélenchon aurait réuni plus de 15 000 fidèles, selon la France Insoumise. Manuel Bompard, son directeur de campagne, parle d’une « véritable marée humaine » sur son compte Twitter. « C’est le plus gros meeting de la campagne présidentielle, tous candidats confondus », affirme-t-il dans un tweet posté dimanche à l’issue de cet évènement. Des chiffres certainement surévalués, même si cette manifestation a sans doute réuni aux alentours de 10 000 insoumis.
Ses soutiens ont préparé le terrain
En guise de préambule, des vidéos ont été diffusés sur un écran géant. L’assistance a pu entendre un message d’Alexey Sakhin, un opposant russe qui a dénoncé une « guerre sanglante ». Le rappeur, Général Valsero, est ensuite venu chauffer la foule qui criait le poing tendu : « Résistance », à la fin de sa performance.
Des personnalités de la France Insoumise se sont également succédé et c’est Mathilde Panot, la présidente de la France Insoumise, qui est revenue sur l’Histoire lyonnaise. « Lyon, ville où Jean-Jaurès a tenu son dernier discours pour la paix avant d’être assassiné cinq jours après par un fasciste. Lyon, ville où Jean-Moulin s’est fait torturer par les nazis, figure du Conseil national de la résistance, sans jamais avoir parlé. Lyon, où continue aujourd’hui le combat contre les groupuscules d’extrême droite », a-t-elle rappelé avant de céder le micro au leader de la France Insoumise.
Un discours sous le signe de la paix
Jean-Luc Mélenchon n’a quasiment jamais repris son souffle lorsqu’il a récité un discours placé sous le signe de la paix, comme le laissaient présager le nom de ce meeting et les rameaux d’olivier distribués à l’entrée. « Stop à la guerre, stop à l’invasion de l’Ukraine, à bat l’armée qui envahit l’Ukraine », a-t-il commencé, répondant ainsi aux accusations de complaisance envers Vladimir Poutine dont il avait fait l’objet.
« Nous portons un message de solidarité avec les Ukrainiens, que ce soit ceux de l’armée régulière ou bien ces braves gens qui montent sur les chars pour les empêcher d’avancer », a-t-il insisté.
Jean-Luc Mélenchon a ensuite lu une lettre que lui aurait adressée les « étudiants, doctorants, professeurs, personnels », de l’Université Lomonossov de Moscou qui réclament la fin des hostilités et qui dénoncent une guerre honteuse. Cela lui a permis de défendre sa position de « Non aligné » qui condamne la guerre en Ukraine, mais qui est également solidaire du peuple russe qui « ne veut pas de cette guerre ».
Le leader de la France Insoumise a aussi adressé un tacle à « ceux qui s’étaient moqués » de lui quand il avait « évoqué le danger que le nucléaire civil peut représenter en cas de guerre ». L’explosion qui a eu lieu dans la centrale de Zaporija est en effet venu confirmer ses craintes.
Les critiques à l’égard du bilan d’Emmanuel Macron
Il s’est montré encore plus offensif, au moment d’évoquer le bilan d’Emmanuel Macron. Dans un documentaire intitulé Média Crash, Médiapart s’inquiète que 90% des médias français soient possédés par 9 milliardaires. Jean Luc Mélenchon dénonce, quant à lui, les : « Cinq milliardaires qui possèdent autant que 27 millions de Français ».
« Les milliardaires ont augmenté de 500 % leurs fortunes en l’espace de 10 ans. Ils ont gagné en une seule année autant que tout ce qu’a dépensé l’État pour combattre la Covid. Si bien que ces gens peuvent être qualifiés de parasite covidaire. Pendant ce temps, il y a 9 millions de pauvres dans un pays plus riche qu’il ne l’a jamais été de toute son histoire. 300 000 de plus, que depuis le début du mandat où parait-il on vit mieux. Douze millions de personnes en situation de précarité énergétique, qui ont froid à la maison. Huit millions de personnes qui ont besoin de l’aide alimentaire pour survivre », a-t-il condamné.
Jean-Luc Mélenchon a ensuite déclamé une tirade, très à gauche, quasi révolutionnaire, faisant référence à 1789. « Le changement qu’il faut opérer est d’une profondeur, d’une intensité comparable, parce qu’il s’agit une nouvelle fois de renverser une société de privilèges, des hiérarchies et des castes sociales qui se comportent comme des parasites, incapables de se corriger, parce qu’un système comme le système capitaliste (…) vit des désastres qu’il provoque », a déclaré le leader de la France Insoumise, qui vient de recevoir le soutien de la Primaire Populaire après le retrait de la candidature de sa championne : Christiane Taubira.
À l’issue de ce meeting, nous avons eu l’occasion de rencontrer Anna Agheb-Porterie qui était candidate à cette initiative citoyenne et l’insoumise Manon Aubry (voir vidéo). Nous avons eu l’occasion de les interroger à propos de ce ralliement que Yannick Jadot qualifie de « gag ».
« Toutes celles et tous ceux qui (…) ont envie de faire gagner les idées contenues dans « l’avenir en commun » (le programme de Mélenchon, NDLR), sont les bienvenues pour participer à la campagne. La Primaire Populaire à fait la difficile expérience des institutions de la 5e république, et ils se sont rendus compte qu’une des choses qu’il fallait changer c’est la façon dont fonctionnent nos institutions (…) Ils prennent acte que le seul qui est aujourd’hui en capacité de gagner à gauche, c’est bien Jean-Luc Mélenchon », nous a répondu Manon Aubry.
Crédité de 12% d’intention de vote, le candidat de la France Insoumise est en effet le candidat de gauche le mieux placé dans les sondages actuellement.