La Commission nationale du débat public qui était en charge de la concertation sur le projet de téléphérique entre Francheville et Lyon a rendu son rapport le mardi 15 mars.
Dans le cadre du projet de téléphérique qui pourrait relier Francheville à Lyon, le Sytral a lancé une concertation qui a eu lieu du 15 novembre au 15 février. Les habitants de la métropole de Lyon étaient invités à donner leur avis sur la plateforme franchevillelyon-sytral.fr.
Les garants de la Commission nationale du débat public, qui ont encadré cette concertation, ont rendu leur rapport ce mardi 15 mars.
Un climat tendu
Ils sont revenus sur l’ambiance électrique dans laquelle la concertation a été lancée. « Dès l’amont de la concertation préalable, à compter des premières communications dans la presse en décembre 2020, les tensions autour du projet par câble entre Francheville et Lyon étaient notables, dans un contexte médiatique et politique propice à la polarisation du débat », indiquent les deux garants de cette enquête, Jean-Luc Campagne et Claire Morand.
Le rapport précise que le projet s’est heurté dès le début à « une forte opposition d’élus et habitants du territoire inquiets de ses impacts ».
« Ce climat tendu avant même la concertation se trouvait par ailleurs amplifié par la diffusion d’informations par les médias, informations qui pour nombre d’acteurs manquaient de clarté et de stabilité, créant ainsi un sentiment d’insécurité autour du projet », soulignent les rapporteurs.
Le contexte ne s’est pas amélioré par la suite. Le rapport indique que les « trois mois de concertation préalable, qui correspondent à la durée réglementaire maximale, se sont déroulés dans un climat tendu avec de nombreux questionnements sur la prise en compte de la concertation dans le processus de décision ».
Les préoccupations des habitants
Lors de cette concertation, des habitants ont trouvé qu’il « manquait des éléments de compréhension de critères ayant conduit à retenir l’hypothèse du projet ». Certains ont exprimé leurs craintes « que la concertation préalable ne soit pas ouverte à l’opportunité du projet », d’autres se sont inquiétés qu’aucune « alternative ne soit considérée » en cas d’abandon du projet.
Le déroulement de la concertation
Dans ce contexte difficile les rapporteurs affirment que la concertation préalable a été pensée de manière à « retisser un lien de confiance », qu’elle « a été véritablement ouverte sur la question de l’opportunité et qu’elle a offert la possibilité d’une expression large sur les besoins de mobilité, l’opportunité du projet et les possibilités d’alternatives », mais qu’au « stade de l’étude de faisabilité, toutes les questions techniques n’ont pu être résolues, ce qui a créé un sentiment de frustration et de méfiance ».
Ils notent également que « la mise à disposition des études, très attendue, a été bienvenue, mais est intervenue un peu tardivement dans le processus », même si « la participation d’experts aux réunions publiques et au stand du 22 janvier à contribuer à l’éclairage sur ces questions techniques ».
Les rapporteurs insistent sur la « mobilisation importante et une volonté forte du public de s’impliquer tout au long du processus, permettant de nombreux échanges d’arguments et de propositions d’alternatives construites ».
Les difficultés rencontrées par la concertation
Parmi les difficultés rencontrées, les garants de cette étude citent « la teneur politique de certains échanges qui a interféré régulièrement sur la dimension constructive de la concertation » et le « contexte de la pandémie » qui « a sensiblement compliqué la mise en œuvre de la concertation préalable (…) Les temps collectifs, notamment les réunions publiques » s’étant « finalement déroulées en visioconférences ».
Une concertation qui n’a pas fait avancer le projet
Jean-Luc Campagne et Claire Morand constatent que le débat n’a que rarement porté sur les fuseaux proposés. « De ce fait, la concertation n’a pas fait évoluer le projet, elle a surtout permis de poser les points de désaccord, les craintes, les besoins d’information », indiquent-ils.
Les préconisations
« Il nous parait indispensable qu’une restitution prenne la forme d’une réunion publique », écrivent les rapporteurs avant de préconiser : « l’évaluation du besoin de mobilité à l’horizon 2030 et l’estimation des fréquentations pour le projet de transport par câble ; les modes de transports ou infrastructures permettant l’intermodalité et l’utilisation du TPC ; les éléments d’analyse des solutions alternatives non retenues comme solutions de substitutions au projet de transport par câble et l’argumentaire à l’appui du projet ; les différents impacts du projet, son insertion dans le territoire et la réalité de son utilisation à partir de visuels ».
« Il faudra indiquer aux participants comment leurs problèmes de mobilité vont être pris en compte dans les suites qui seront données et poursuivre le dialogue avec le territoire », ajoutent-ils.
Le rapport prévient que « le responsable du projet publiera sous deux mois sa réponse à ce bilan ». Le Sytral a prévu de rendre sa décision courant mai.
Dans ce contexte, la tendance était plutôt à l’abandon du téléphérique, mais Bruno Bernard, le président de la Métropole et du SYTRAL a affirmé début mars sur le plateau de BFMTV, qu’il était « trop tôt pour dire que le projet est enterré ».