Lors d’un live, l’OMS est revenue sur l’impact de la pandémie de Covid-19 et des crises humanitaires sur la santé mentale.
Vendredi 18 mars, l’OMS a organisé un live consacré à « L’impact de la pandémie de COVID-19 et des crises humanitaires, comme l’Ukraine sur la santé mentale ».
Les conséquences de la Covid 19 sur la santé mentale.
L’Organisation mondiale de la santé avait déjà sorti un rapport sur les conséquences du Covid-19 dans lequel elle a étudié l’impact de la pandémie sur la santé mentale des individus et sur les services de santé. Dans ce rapport, il ressort que les troubles psychiques de la population mondiale ont augmenté de 25% et parfois plus dans les endroits où il y a eu de fortes restrictions. Les personnes faisant partie des groupes à risques comme celles qui avaient déjà des prédispositions ont été les plus touchées.
« Nous travaillons toujours sur les conséquences directes de ce virus sur les troubles psychiques et sur l’organisme », a expliqué Brandon Gray, un expert de l’OMS qui a participé à cette étude.
«Les services ont également été très impactés, car il y a eu des décennies de manque d’investissement. Les gouvernements ne consacraient pas plus de 2% de leur budget de santé à la santé mentale », a-t-il continué.
Les crises humanitaires qui se sont ajoutées à la pandémie, comme la guerre en Ukraine, ont aggravé la situation.
Les réfugiés ukrainiens
« En Pologne, nous avons des personnes qui viennent d’Ukraine. 99% sont des femmes ou des enfants. La santé mentale est une de nos préoccupations majeures. Il y a une énorme mobilisation des Polonais pour leur apporter notre soutien. En termes de santé mentale, il y a trois grands principes : observer, écouter et créer du lien », a indiqué Selma Sevkli, experte de l’OMS qui travaille en Pologne auprès des réfugiés ukrainiens.
« Dans ce genre de situation il y a de forts risques de développer une maladie comme la dépression et il est même possible de développer des troubles plus graves tels que la bipolarité ou la schizophrénie, mais la façon dont les gens réagissent, leur capacité de résilience dépend des individus et de nombreux facteurs sociaux», a expliqué le Dr Fahmy Hanna, expert en santé mentale de l’OMS.
« Les gens se portent mieux quand ils ont un soutien social et c’est la mission principale des soignants qui interviennent dans ce genre de situation. Il faut écouter et créer du lien, cela fait une grande différence », a-t-il ajouté.
« Souvent, les personnes qui sont dans des hôpitaux psychiatriques sont négligées en temps de guerres alors que cela devrait être une priorité », a souligné le Dr Hanna qui a pu constater cela sur les nombreux théâtres d’opérations sur lesquels il s’est déplacé.
Pour aider les réfugiés ukrainiens, l’OMS a envoyé des experts en Pologne, mais aussi en Moldavie et en Moravie. Des experts de l’OMS viennent également au soutien des populations en Afghanistan, en Irak, en Syrie, au Yémen, ou au Soudan du Sud.
Les crises humanitaires dans d’autres parties du globe
« Dans tous ces pays, il faut se coordonner avec les services locaux, mais la plupart du temps ils sont sous-dimensionnés », a noté le Dr Hanna qui revient d’Afghanistan. « 24 millions de personnes souffrent de troubles mentaux en Afghanistan, ce qui correspond à 22,1% de la population. 1,2 % de la population souffre de désordres mentaux lourds et il n’y a que 1000 spécialistes dans tout le pays et la plupart sont situés à Kaboul », a-t-il précisé.
Il a également cité l’exemple de la Syrie « où il n’y avait que deux centres spécialisés pendant la crise ». Grâce aux efforts de l’OMS notamment, « il y en a désormais 150 réparties dans 12 villes du pays ». « Il faut investir dans les services avant les crises pour qu’ils puissent être résilients », a préconisé le Dr Hanna.
Il a aussi parlé du Soudan du Sud, pays dans lequel il a eu l’occasion de se rendre pour prêter main-forte aux deux seuls spécialistes d’un pays grand comme la France avec 12 millions d’habitants.
Lors de ce live, les experts de l’OMS ont insisté sur le manque de moyens consacrés aux établissements de soins mentaux et sur l’importance du lien humain dans la prise en charge des personnes qui souffrent de troubles psychiques lors des crises humanitaires.
« Il y a beaucoup de raisons d’être angoissé par le monde qui nous entoure, mais il y a aussi plein de raisons d’avoir de l’espoir, car tous les jours nous voyons de la résilience, des gens qui s’en sortent, des petits moments de bonheur », a conclu Brandon Gray.
Un discours optimiste que les réfugiés et les personnes atteintes de troubles psychiques ont bien besoin d’entendre.