Ce jeudi 31 mars, différentes associations et collectifs ont manifesté contre la fin de la trêve hivernale. Les propriétaires peuvent de nouveau expulser les locataires. Une grande partie de ces derniers se retrouvent à la rue. Pour les manifestants, cette situation peut changer avec l’aide du préfet, de la Métropole et des mairies.
130 000. C’est le nombre de personnes qui sont en procédure d’expulsion. Depuis aujourd’hui, 30 000 d’entre elles risquent d’être expulsées. Des chiffres alarmants pour la CALLE (Coordination d’Actions pour le Logement Lyon et Environs). Cette association met en avant les solutions qui sont mises entre les mains des politiques pour éviter que des Lyonnais se retrouvent à la rue. « Premièrement, il y a l’ordonnance de 1945 {…} elle permet au préfet de réquisitionner des bâtiments vides. {…} La Métropole pourrait demander un transfert de compétences ; donc, c’est possible qu’elle demande la compétence de réquisitionner.{…} Il existe une troisième possibilité, c’est par un arrêté municipal qui serait pris par le ou la maire. »
Malgré ces possibilités, pour la CALLE, les institutions politiques ne font que se renvoyer la balle : « C’est une stratégie politique et non une impossibilité réelle de mettre à disposition ou de réquisitionner des bâtiments vides. »
Ce constat est partagé par le 2MSG (Migrations, Minorités Sexuelles et de Genre). « Notre objectif, c’est d’assurer à nos membres qu’ils ne se retrouvent pas à la rue. {…} L’interpellation ce soir, c’est de dire comment la préfecture et la Métropole expliquent qu’un droit inconditionnel est soumis à condition. »
« Nous nous retrouvons aujourd’hui dans l’impossibilité de soigner correctement ces personnes »
Cette manifestation était aussi l’occasion de partager le ressenti des personnes sans domicile fixe. Ces témoignages étaient écrits sur des pancartes pendues à un fil. L’occasion pour les passants de comprendre ce qu’ils vivent. Jean-Yves (70 ans) écrit : « Je dors dans mon logement, mais il est insalubre. J’avais des rats et des cafards. Ils doivent venir le réparer depuis 1 an. Pour l’avoir, ça a été long, j’ai attendu 2 ans. À 25 ans je me suis retrouvé en colocation avec un handicapé sous Tutelle. À un moment, ils m’ont dit de partir. C’est là que j’ai fait ma demande de logement social, ça a mis 2 ans. Ceux qui dorment dehors ont des problèmes de santé. »
Ces problèmes d’insalubrités, Nicolas Damanet, membre de Médecins du monde veut les mettre en avant lors de cette manifestation. « Nous nous retrouvons aujourd’hui dans l’impossibilité de soigner correctement ces personnes ; notre responsabilité de professionnels de santé et de bénévoles à Médecins du monde nous oblige à demander à la Métropole et à la préfecture de Lyon des principes d’inconditionnalité et de continuité de l’hébergement pour toutes et tous, comme c’est perdu par la loi. »